[Film] Les Crados, de Rod Amateau (1987)


Dodger travaille pour le compte du Capitaine Mancini, un vieil excentrique qui tient une boutique d’antiquités. Au fond de l’échoppe, cachés de la vue de tous, vivent, planqués au fond d’une poubelle, des êtres difformes mais sympathiques : les Crados. Une fois accidentellement libérés par Dodger, ils n’ont de cesse de faire le maximum de bêtises et accessoirement, retrouver leurs autres copains disparus tout en aidant Dodger à conquérir sa belle…


Avis de Cherycok :
Je vous ai expliqué sur ma chronique de Wheels (2014) que j’avais décidé de regarder coup sur coup, dans les films que j’avais en stock, celui qui avait la meilleure note IMDB et celui qui avait la pire note IMDB. Pour la meilleure note, c’est fait. Wheels donc. Il me manquait donc l’autre. L’autre, c’est Les Crados (The Garbage Pail Kids Movie en VO), l’adaptation en film du phénomène mondial de cartes à collectionner. Mais là je vous parle d’un temps que les moins de vingt ans ne peuvent pas connaitre (RIP Charles), et si vous n’êtes pas nés dans les années 70/80 cela ne vous dira sans doute strictement rien. Pascal trou-de-balle, Aldo Supercrado, Lucile Dégobille, Mathieu le Dégueu, René Morvoné, ces cartes à collectionner représentant la plupart du temps un enfant dans une posture peu avantageuse, avec un nom graveleux et sentant bon le mauvais goût s’arrachaient comme des petits pains à cette époque. Et bien ça a été adapté en film, en 1987. Malheureusement. Parce que oui, avec un tel matériau, il allait clairement être compliqué de sortir quelque chose de bon, soyons clair. En fait, ce n’est même pas que le film n’est pas bon, c’est au-delà de ça. Il a la réputation d’être un des pires films ayant jamais été produits, et je peux vous garantir que ce n’est pas usurpé !

Au tout départ, Les Crados devait être mis en boite par John Carl Buechler, spécialiste des effets spéciaux (Hatchet, Re-Animator 2, From Beyond) mais également réalisateur de films tels que Troll, Vendredi 13 Chapitre 7 ou encore Ghoulies 3. Il voulait en faire un film d’horreur où ces charmants bambins aux têtes disproportionnées seraient nés de poupées cassées qui auraient été en contact avec une boue radioactive les transformant en tueurs sanguinaires. Cela ne semble pas avoir plu aux producteurs qui ont préféré cantonner John Carl Buechler aux effets spéciaux. Pour le remplacer à la mise en scène, ils font appel à Rod Amateau (La Clinique en Folie, quelques épisodes de Shérif Fais-Moi Peur) et décident finalement que ça sera un film pour les enfants. Pourquoi pas après tout puisque c’était la cible principale des cartes à collectionner d’origine. La production est lancée et des problèmes de budget sont très rapidement rencontrés (oui, 1 million, ça part vite) au point qu’il n’y avait plus assez d’argent pour finaliser certains maquillages et surtout certaines têtes en animatronics. Le film sort en salles et est un échec cuisant. Il est même nominé dans la catégorie « Pire Film » aux 10ème Stinkers Bad Movies Awards en 1987 anéantissant toute « chance » de voir des suites (qui avaient été annoncées) et mettant, par la même occasion, fin à la carrière du réalisateur.
Quelle bouse… Mais quelle bouse ! Les Crados est un film d’une nullité affligeante. C’est simple, il n’y a strictement rien de bon de la première à la dernière seconde. C’est encore pire que ça à vrai dire, on est dans le néant le plus total. Ce genre de films où, du début à la fin, on se demande comment c’est possible. Comment cette chose a pu voir le jour. J’en ai vu des navets absolus, mais je suis prêt à en réhabiliter certains après avoir vu Les Crados. Parce qu’en plus d’être absolument immonde, il est souvent dérangeant, ce qui le rend encore plus sidérant.

Les relations entre certains personnages « humains » sont très tendancieuses. Pas possible en étant mentalement sain de ne pas trouver très étrange cette relation entre le jeune héros auquel on donne à peine 12, 13, allez, 14 ans, et le vieil homme qui tient la boutique où se trouvent les Crados. Pas possible en étant normalement constitué de ne pas trouver malaisant les scènes impliquant le jeune héros et la demoiselle qu’il convoite et qui semble avoir 10 ans de plus que lui (même si, réellement, ils n’ont qu’un an d’écart dans la vraie vie). Ils ne sont pas non plus aidés par leur jeu cataclysmique. On sent que personne ne croit à ce qu’il fait, et c’est logique quand on voit la gueule des personnages crados avec lesquels ils doivent interagir… Des personnes de petite taille dans des costumes dégueulasses aux têtes immondes. Du fait du manque de temps et de budget, certains costumes ne sont même pas achevés. Certains animatronics sont incomplets et bougent à peine la bouche lorsqu’ils sont censés parler. Quand ils lèvent les bras trop haut, quand ils penchent la tête en arrière, on voit le bras ou le cou de la personne en dessous et on voit même le bout de scotch qui s’est décollé. Un coup d’œil aux captures d’écran de cette chronique, surtout celle avec Ali Gator (wouhou, jeu de mot !), suffit pour s’apercevoir de l’étendue des dégâts. Comment est-ce possible… Pourquoi avoir essayé d’adapter ça en film… Mes yeux saignent…

Mais ça, ce n’est que le début… Le scénario ? Quel scénario ? Il n’y en a pas. Ou alors des micro bribes. En fait, on a plus l’impression d’un enchainement de petites scénettes. Les crados vont au cinéma et emmerdent un peu tout le monde. Les crados vont dans un bar et provoquent une bagarre. Les crados réparent un quad. Les crados vont chercher leurs amis enfermés. Les crados fabriquent des costumes en chantant. Parce que oui, bordel, en plus il y a une chanson ! Mes oreilles saignent… On regarde ce spectacle absolument affligeant les yeux écarquillés. Oui, comment est-ce possible… Parce que tout ce qu’ils font, ils le font en faisant des blagues. Beaucoup de blagues. Trop de blagues. Des blagues puériles, dégueulasses, à base de pets, de rots, de pipi, de morve, de vomi. Avec des running gags déjà pas réussis au premier coup alors imaginez au 6ème ! Il parait que les prouts, ça fait rire les enfants. Mais là, dans le contexte du film, c’est impossible. On essaie même de faire passer plein de messages pour les petits enfants : le respect de la différence, le travail d’équipe, la tolérance, … Mais ça se vautre complètement là aussi. C’est d’une nullité abyssale, c’est consternant, le ratage est total. Il n’y a strictement rien à sauver de cette bobine. Une catastrophe cinématographique. Le cinéma dans ce qu’il a de plus mauvais.

LES PLUS LES MOINS
♥ … ⊗ Le film
Les Crados est un film qui n’usurpe pas sa réputation. On est là dans ce qui se fait de pire depuis que le cinéma existe. Un calvaire. Si jamais un jour vous voulez faire souffrir quelqu’un, montrez lui Les Crados, effet garanti.



Titre : Les Crados / The Garbage Pail Kids Movie
Année : 1987
Durée : 1h37
Origine : U.S.A
Genre : Torture physique et mentale
Réalisateur : Rod Amateau
Scénario : Linda Palmer, Rod Amateau

Acteurs : Mackenzie Austin, Anthony Newley, Katie Barberi, Phil Fondacaro, Ron Maclachlan, J.P. Amateau, Marjory Graue, Debbie Lee Carrington

 The Garbage Pail Kids Movie (1987) on IMDb


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Auteur : Cherycok

Webmaster et homme à tout faire de DarkSideReviews. Fan de cinéma de manière générale, n'ayant que peu d'atomes crochus avec tous ces blockbusters ricains qui inondent les écrans, préférant se pencher sur le ciné US indé et le cinéma mondial. Aime parfois se détendre devant un bon gros nanar WTF ou un film de zombie parce que souvent, ça repose le cerveau.
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