[Film] League of Gods, de Koan Hui (2016)

Un roi se transforme en tyran du fait de l’influence maléfique du démon Daji, qui a pris l’apparence de l’une de ses concubines. Une équipe de guerriers va venir affronter ce mal insidieux.


Avis de Cherycok :
Je me méfie toujours des grosses productions chinoises à effets spéciaux depuis quelques étrons que j’ai subis du type Monkey King et consort. Et donc, c’est un peu avec des pincettes que je me suis lancé dans League of Gods qui, après visionnage de la bande annonce, s’annonçait comme un autre bousin t’envoyant à la gueule du fond vert et du CGI à en vomir. Mais bon, le casting me semblait des plus sympathiques, et même s’il s’agit ici de la première réalisation de Koan Hui, ce dernier a travaillé comme assistant réalisateur ou réalisateur de seconde équipe sur des films cultes tels que The Blade, Time and Tide, L’Auberge du Dragon, ou encore la trilogie Swordsman. Rien que ça ! Et au final, ça donne quoi ? Et bien League of Gods est un film qui bouffe à tous les râteliers, l’apothéose de ce que la Chine a de meilleur et de pire (en même temps) à proposer en termes de divertissement à grand spectacle.

En fait, League of Gods est un film assez étrange. On commence en nous présentant un univers sympathique mixant fantasy chinoise et technologie, plutôt joli visuellement malgré un coté très kitch et un peu trop coloré, avec certaines armures qui font un peu toc. Puis s’enchaine une longue séquence, de bien 30 minutes, bourrée d’action, avec un côté très jeu vidéo qui ne plaira sans doute pas à tout le monde mais qui se pose là. On y découvre Tony Leung Ka-Fai (Detective Dee, A Better Tomorrow 3) un peu comme dans La Bataille de la Montagne du Tigre, en grand méchant, et qui semble apprécier ce style de rôle. Puis vient Jet Li qu’on a plaisir à retrouver, dans le rôle du vieux maître barbu aux cheveux hirsutes si typique de ce genre de productions. L’action y est des plus sympathiques, avec de jolies chorégraphies aériennes, quoi que virant dans le nawak le plus absolu. Oui, Louis Koo (The Suspect, Drug War) tout d’armure noire vêtu, chevauchant une panthère géante noire, et poursuivant des ninjas qui font du surf avec leur bouclier sur une évacuation d’eau pour sauver des enfants blancs comme des cachets d’aspirine mais qui, semble-t-il, ont un grand pouvoir, j’avoue que ça a un côté WTF qui pourra en faire marrer plus d’un. Mais c’est rythmé, certes assez dégueulasse parfois tant les SFX ne sont pas toujours bien intégrés, mais ça a le mérite d’être divertissant.
Et puis soudain, on a l’impression que le film pète les plombs, et on se retrouve devant une sorte de film pour enfant, avec une espèce de bébé qui fait des arts martiaux, une créature semblant sortir du film Monstres & Cie, et un humour au ras des pâquerettes. J’en veux pour preuve cette scène improbable, où notre fameux bébé se sert de son pipi comme propulseur pour échapper aux méchants, et qu’il se bat contre eux en lâchant des grosses caisses, bruitages à l’appui, qui font des ondes de choc destructrices. Voilà voilà…

Et puis ca va s’enchainer ainsi jusqu’à la fin : scènes sérieuses, scènes enfantines, voire parfois mixer les deux, dans un bon gros joyeux bordel où vont se mêler pêle-mêle une ville d’iles flottantes (pas le dessert hein), tribu d’hommes poissons semblant sortir d’un mauvais bis italien, yeux d’un vieillard permettant de lire l’avenir, cigogne volante géante façon Green Snake version 2016, lancer de poulpe couard, mille-pattes géant que n’aurait pas renié le bousin Le Choc des Titans version Leterrier, troll gargantuesque, armures en or kitchos tout droit sorties des Chevaliers du Zodiaque, et même un petit passage lorgnant du côté du Space Opera. Un vrai fourre-tout ayant quelque part un côté jouissif pour l’amateur de nawaqueries que je suis, mais qui sincèrement semble plutôt être la répliques chinoise du Gods of Egypt de Alex Proyas. Et cette comparaison n’est pas un compliment…

Et les trucs dégueulasses ne s’arrêtent pas là. Les combats humains / humains ont beau tenir la route, dès qu’ils sont entièrement en images de synthèses, leur qualité est bien plus discutable. Ah oui, parce que League of Gods adopte la formule du 100% fonds verts, et sincèrement plus d’une fois les acteurs semblent perdus au milieu de ce rien dans lequel ils ont dû tourner leurs scènes. Mais lorsqu’en plus des fonds verts, même les protagonistes ne sont plus réels mais entièrement en images de synthèse, et qui plus est pas forcément bien faits, le résultat est franchement en demi-teinte. Même des SFX simples arrivent à être complètement ratés. Et puisil faut accrocher à ce visuel 100% numérique très coloré et qui donnent l’impression d’être une longue cinématique de jeu vidéo de 1h48. Et ilest clair que bon nombre de personnes se surprendront à sourire par moments devant le look ridicule de certains personnages. Entendons nous là, je ne dénigre pas ici la mythologie chinoise, je suis moi-même un grand amateur de péloches asiatiques, mais tout est un peu trop cliquant pour ne pas qu’on y porte un gentil regard moqueur. Néanmoins, certains personnages eux sont bien plus réussis et permettent de contraster un peu avec l’aspect criard du reste.
Mais pourtant, et on ne sait pas trop par quel miracle, l’ensemble fonctionne. Enfin, « fonctionne » est un bien grand mot. Mais on ne s’ennuie pas et le spectacle qui nous est proposé se regarde sans trop de souci dès qu’on réussit à passer la barrière assez compliquée du tout quasi tout numérique. Il est à noter qu’il s’agit ici uniquement de la première partie puisque, lorsque le générique final retentit, la plupart des intrigues ne sont pas encore terminées et les grands méchants de l’histoire sont encore bel et bien là.

LES PLUS LES MOINS
♥ Bien rythmé
♥ Quelques scènes bien barrées
⊗ J’ai failli devenir aveugle, deux fois
⊗ Des SFX parfois bien nazes
League of Gods est le genre de film qu’on se doit de regarder d’un œil amusé, ce genre de blockbuster qui tente d’impressionner par son lot de scènes épiques over the top mais qui s’avère au final parfaitement inoffensif. C’est un peu nul, mais on ne s’ennuie pas. Et quelque part, c’est déjà bien !



Titre : League of Gods / Feng Shen Bang
Année : 2016
Durée : 1h48
Origine : Chine / Hong Kong
Genre : 100% fonds verts
Réalisateur : Koan Hui, Vernie Yeung
Scénario : Cherryyoko, Samson Sun

Acteurs : Fan Bingbing, Tony Leung Ka-Fai, Jet Li, Louis Koo, Huang Xiaoming, Angelababy, Wen Zhang, Jacky Heung

 Feng Shen Bang (2016) on IMDb


























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Auteur : Cherycok

Webmaster et homme à tout faire de DarkSideReviews. Fan de cinéma de manière générale, n'ayant que peu d'atomes crochus avec tous ces blockbusters ricains qui inondent les écrans, préférant se pencher sur le ciné US indé et le cinéma mondial. Aime parfois se détendre devant un bon gros nanar WTF ou un film de zombie parce que souvent, ça repose le cerveau.
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