[Film] La Galaxie de la Terreur, de Bruce D. Clark (1981)

Dans un très lointain futur… Lors d’une mission d’exploration, le vaisseau spatial Rebus disparaît sur Morganthus dans des circonstances mystérieuses. Depuis Xerxes, la planète mère, les autorités envoient une nouvelle expédition pour porter secours aux éventuels survivants. Sur Morganthus, les membres d’élite de son équipage ne retrouvent que des cadavres. Désormais eux-mêmes en danger, ils ne peuvent fuir, car un puissant champ magnétique émanant d’une pyramide les cloue au sol. Ce sont bientôt des créatures dantesques qui les assaillent, terriblement réelles bien qu’elles soient issues de leurs cauchemars…

Avis de Cherycok :
A sa sortie en en 1979, Alien de Ridley Scott a fait l’effet d’une bombe dans le paysage cinématographique et on a vu tout un tas de rip off de seconde et de troisième zone voir le jour. Ce filou de Roger Corman y a vu là le moyen de se faire du pognon facilement et il a mis plusieurs films en chantiers qui allaient surfer sur cette vague. Parmi ceux-là, il y avait La Galaxie de la Terreur, devenu rapidement culte chez les amateurs de cinéma bis des années 80 pour plusieurs raisons. La première, c’est parce que ce film a lancé la carrière de gens comme Robert Englund, qui deviendra par la suite l’antagoniste de la saga Freddy, Tony Randel, futur réalisateur d’Hellraiser 2, et l’acteur Bill Paxton, tous deux ayant travaillés sur les effets spéciaux du film, mais aussi et surtout James Cameron, superviseur des effets spéciaux et des décors qui trois ans plus tard fera un tabac avec Terminator. Et la deuxième, c’est parce que malgré un scénario un peu foireux, La Galaxie de la Terreur est un vrai bon petit film de science-fiction horrifique qui, s’il a bien été inspiré par Alien, va aussi en inspirer plusieurs par la suite, à commencer par James Cameron lui-même pour son Aliens.

Le scénario est ce qu’il est, déjà vu donc, avec un vaisseau et son équipage qui disparaissent, une équipe est envoyé à leur recherche et elle va se retrouver confrontée à une créature très dangereuse. On copie Alien donc, sans jamais chercher à s’en cacher, sauf que nous sommes ici dans de la série B qui n’a pas le temps de trainailler. Alien prenait le temps de poser son ambiance, de faire monter la tension, ne dévoilant sa créature que tard dans le film. La Galaxie de la Terreur ne dure que 1h22 génériques compris, il n’a pas le temps pour ça et balance la sauce rapidement. Pourtant, il arrive quand même à soigner son ambiance et la réalisation plutôt appliqué montre bien que, oui, on veut surfer sur le succès d’Alien, mais on veut aussi faire un vrai bon film, avec des moyens certes limités, mais elle réelle ambition. Même les décors en intérieur, qui font un peu parfois foutoir, renforcent cette ambiance sombre et un peu poisseuse, et les décors extérieurs, qui se la jouent gigantisme extraterrestre de temps à autre, ne sont pas déshonorants pour un film de 1981, à grand renfort de matte painting et de perspectives malines. L’ensemble est réellement fait avec beaucoup de sérieux et tout est fait pour soigner au maximum le visuel et l’ambiance grâce à une grande inventivité visuelle. Certains SFX ont vieilli et les monstres ont bien moins de gueule que l’alien du film de Ridley Scott, mais pourtant il y a ce charme indescriptible de ce genre de petite production bis des années 80. La Galaxie de la Terreur réutilise des plans (ceux avec les vaisseaux spatiaux) du film Les Mercenaires de l’Espace (1980), autre production Corman sur laquelle a également travaillé James Cameron. Ce n’est d’ailleurs pas le seul recyclage puisque les combinaisons de l’équipage ont été modifiées à partir de celles utilisées dans la série Battlestar Galactica (1978) que les producteurs ont achetés pour une bouchée de pain après l’annulation de la série. Oui, quand on n’a que 700000$US de budget, il faut savoir être malin.

Le travail de Cameron et de son équipe sur les effets spéciaux et les décors a tellement impressionné Corman que ce dernier lui confia ensuite la réalisation de son premier film en tant que réalisateur, Piranha II (1982). Cameron travaillera avec plusieurs membres de l’équipe de La Galaxie de la Terreur sur des productions ultérieures. Les frères Robert et Dennis Skotak, respectivement co-concepteur de production et directeur de la photographie VFX, remporteront même l’Oscar des meilleurs effets visuels pour Aliens et Terminator 2 : Le Jugement dernier de Cameron. Sur le film qui nous intéresse aujourd’hui, on leur doit, entre autres, des monstres tentaculaires dégoulinants, une limace géante baveuse, ou encore des effets gores parfois bien craspecs. On pourra penser ce qu’on veut du film mais impossible de nier la réussite des effets pratiques. Il y a même de la nudité dans une scène d’accouplement assez folle entre ladite limace géante dégoulinante de l’espace et une demoiselle qui n’avait pas demandée de subir ce sort. Une scène controversée qui a valu au départ au film la classification X mais qui, après quelques modifications, a permis à La Galaxie de la Terreur d’être rated R. Le film a malgré tout été censuré, voire interdit, dans d’autres pays à cause de cette scène. Pourtant, le réalisateur du film, alors qu’il ne voulait pas de cette scène et que c’est Corman qui l’a tournée lui-même, avoue que c’est sans doute, avec la superbe affiche originale, ce qui a fait le succès commercial de ce qui est son dernier film. Bien que tout est fait pour aligner les scènes chocs, qu’elles soient gores ou érotique, La Galaxie de la Terreur traite essentiellement de la peur et chaque personnage va affronter la matérialisation d’une de ses grandes peurs (d’où le « terreur » du titre). Certes, l’idée n’est jamais réellement approfondie car le film n’en a ni le temps ni les moyens, mais c’est possiblement une des sources d’inspiration du film Event Horizon (1997) de Paul W. Anderson ou encore Pandorum (2009) de Christian Alvart.

Titre : La Galaxie de la Terreur / Galaxy of Terror
Année : 1981
Durée : 1h21
Origine : U.S.A
Genre : Alien bis
Réalisateur : Bruce D. Clark
Scénario : Marc Siegler, Bruce D. Clark, William Stout

Acteurs : Edward Albert, Erin Moran, Robert Englund, Ray Walston, Bernard Behrens, Zalman King, Taafe O’Connell, Sid Haig, Grace Zabriskie, Jack Blessing