[Film] Jumpin’ Jack Flash, de Penny Marshall (1986)

Une modeste employée de banque, qui entretient une correspondance électronique avec des étrangers, se trouve mêlée à une trouble affaire d’espionnage.


Avis de John Roch :
Dans les années 80, le producteur Joel Silver est surtout connu pour avoir produit des films d’action dont presque tous font partie des plus emblématiques du genre : Die Hard, L’Arme Fatale, Predator et bien évidement l’ultime et définitif Commando. Mais entre deux métrages d’action, le producteur de 48 Heures, Action Jackson et Road House a aussi mis des billets dans des comédies : Comment claquer Un million De Dollars Par Jour ?, Une Créature De Rêve et le film qui nous intéresse ici. Si les deux premiers titres ont à leurs génériques des valeurs sûres de l’époque : Richard Prior et John Candy au casting et Walter Hill à la mise en scène du premier, John Hughes à la réalisation et au scénario du second. Jumpin’ Jack Flash possède lui aussi ses atouts devant et derrière la caméra, mais pas là ou on aurait pu les attendre. A la mise en scène on retrouve Penny Marshall, connue pour son rôle de Laverne dans la série Happy Days qui aura le droit à son propre Spin-off, qui signe ici sa première réalisation. Devant la caméra, c’est Whoopi Goldberg qui hérite du rôle principal, rôle qui diffère complètement de son précédent (et second, après le film d’art et d’essai Citizen) dans La Couleur Pourpre, pour lequel elle fut nominée aux oscars. Joel Silver est connu pour être un producteur qui a le nez creux, et c’est un nouveau pari gagnant, puisque outre un petit succès au box office Ricain (30 millions de recettes pour un budget de 18), sans compter ce qu’a rapporté le métrage dans le monde et à la vidéo, il a également révélé deux talents. Penny Marshall connaîtra par la suite un jolie début carrière en tant que réalisatrice avec Big et L’Éveil, et Whoopi Goldberg montre ici à quel point elle est douée dans le registre de la comédie, annonciateur de la filmographie à succès que l’on connaît.

Jumpin’ Jack Flash est un film bien ancré dans son temps, avec la guerre froide en toile de fond et le duel secret qui oppose la CIA et le KGB. Mais alors que dans le cinéma de l’Amérique de Ronald Reagan, si un agent de l’oncle Sam se retrouve coincé en territoire ennemie ou si l’URSS menace les États-Unis, on envoie Rambo ou Braddock tout faire péter et mettre des pieds dans la gueule de ces enfoirés de Soviets, Jumpin’ Jack Flash lui se sert de ce contexte pour mixer comédie et film d’espionnage pour un résultat plutôt chouette dans laquelle une citoyenne lambda devient malgré elle le seul espoir d’un espion Britannique laissé à l’abandon par ses supérieurs. Il faut dire que Terry a le cœur sur la main, toujours à vouloir aider son prochain, que ce soit ses collègues ou ses clients à qui elle envoie des messages sympas pour donner un peu de fun dans son job d’employé de banque qui consiste à effectuer des transferts depuis son ordinateur. Ordinateur qui se met un beau jour à dérailler et à capter des ondes de L’URSS, le satellite servant à diffuser la télévision de l’ex union soviétique étant le même que celui par lequel passe la banque pour ses transactions. Mais pas que car Terry capte également un message mystérieux d’un inconnu qui lui demande de trouver un code secret caché dans la chanson Jumpin’ Jack Flash des Rolling Stones afin de pouvoir communiquer avec lui. Chose faite, Terry se retrouve embarqué dans une affaire d’espionnage dans laquelle baigne la CIA, le KGB et les services secrets Britanniques (SIS ou MI6, ça on ne le saura jamais). Jumpin’ Jack Flash est un métrage assez plaisant. L’équilibre entre film d’ espionnage et comédie est assez bien dosé. On alterne entre moments comiques et d’autres un peu plus sérieux, parfois les deux en même temps.

Pour ce qui est du coté espionnage, Jumpin’ Jack Flash remplit le cahier des charges avec des personnages dont on ne sait si ils sont fiables ou non, des taupes ou encore des sbires qui tentent de terroriser Terry pour stopper son aventure dans un monde dont elle ignore tout. L’intrigue est suffisamment bien ficelée pour qu’on se laisse prendre au jeu malgré de grosses facilités scénaristiques, ce qui n’est pas forcement gênant en soi puisqu’il s’agit d’une comédie avant tout, mais certaines sont tout de même assez énormes parfois. La comédie justement. Bien que le métrage ne soit pas à se rouler par terre, il contient tout de même son lot de scènes mémorables à l’image de celle ou Terry subit les effets d’un sérum de vérité, ou ce passage dans un poste de police qui vire à l’embrouille avec des dialogues qui valent le détour (« vous croyez que je taille des pipes aux poissons rouges pendant qu’ils font des bulles ? »), entre autres passages comiques qui font rire. Production Joel Silver oblige, Jumpin’ Jack Flash réserve aussi quelques scènes d’action sympa histoire de rythmer d’avantage un métrage de base pas ennuyeux, mais aussi une petite romance. Car si Terry est une personne aimable et aimée par son entourage, c’est aussi une femme en proie à la solitude dès qu’elle rentre chez elle. Elle voit en celui qui se fait appeler Jack non seulement l’occasion de sortir de son train train quotidien, mais aussi le début d’une relation amoureuse pas dénuée de bonne idée (la voix du personnage qui se substitue à la conversation textuelle dès lors que Terry en entend le son au détour d’une visite de l’appartement de l’espion), mais au final un peu vaine. De vain, on pourra aussi mentionner les personnages secondaires. Si certains ont leur importance dans la partie espionnage du métrage, en ce qui concerne le coté comédie, ceux-ci sont inexploité et pour cause : Jumpin’ Jack Flash se repose quasiment entièrement sur les épaules de Whoopi Goldberg pour faire rire. Avec succès, puisque cette dernière déborde d’énergie et montre tout son potentiel comique, mais au détriment de personnages qui auraient mérités plus de temps de présence à l’écran, en première ligne un James Belushi aussi menaçant que drôle. Reste que malgré tout, Jumpin’ Jack Flash est une comédie d’espionnage très sympa et un divertissement tout ce qu’il y a de recommandable.

LES PLUS LES MOINS
♥ Whoopi Goldberg
♥ Une intrigue sympathique qui réussi à tenir en haleine
♥ Une comédie qui contient son lot de moments assez drôle
♥ Un bon équilibre entre film d’espionnage et comédie
♥ De l’action et un peu de romance
♥ Globalement, c’est un bon divertissement jamais ennuyeux
⊗ De grosses facilités scénaristiques
⊗ Un film qui se repose beaucoup trop sur son personnage principale, au détriment d’autres trop peu présents

En plus d’être la première incursion de Whoopi Goldberg dans le domaine de la comédie, Jumpin’ Jack Flash est également une comédie d’espionnage sympathique et un divertissement tout à fait recommandable.



Titre : Jumpin’ Jack Flash
Année : 1986
Durée : 1h45
Origine : USA
Genre : Espion et demi
Réalisateur : Penny Marshall
Scénario : David Franzoni, Charles Shyer et Nancy Meyers

Acteurs : Whoopi Goldberg, Stephen Collins, John Wood, Carol Kane, Annie Potts, Jeroen Krabbé, John Lovitz, James Belushi

Jumpin' Jack Flash (1986) on IMDb


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Auteur : John Roch

Amateur de cinéma de tous les horizons, de l'Asie aux États-Unis, du plus bourrin au plus intimiste. N'ayant appris de l'alphabet que les lettres B et Z, il a une nette préférence pour l'horreur, le trash et le gore, mais également la baston, les explosions, les monstres géants et les action heroes.
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