[Film] Hypnosis, de Masayuki Ochiai (1999)


Une vague de suicides laisse la police dans le désarroi le plus total : une jeune sportive courant jusqu’à en mourir, un marié s’étranglant avec sa cravate en pleine cérémonie, un homme se défenestrant alors qu’il fêtait son anniversaire de mariage… Aucune des victimes n’avait de raison d’en arriver là et plus inquiétant encore, toutes ont parlé d’un même « singe vert » avant de commettre l’irréparable. Saga, un psychanalyste travaillant avec l’inspecteur chargé de l’affaire, émet alors l’hypothèse que ces personnes ont agi sous hypnose. L’enquête va les mener vers Jissoji, un hypnotiseur particulièrement vicieux se produisant dans des shows télévisés avec une assistante qu’il ne libère jamais de son emprise et prend plaisir à humilier.


Avis de Kwaidan :
Réalisé par Masayuki Ochiai, à qui l’on doit également ONE SNOWY NIGHT, le segment horrifique de l’excellente anthologie TALES OF THE UNUSUAL, HYPNOSIS est une très bonne surprise.

Le film mélange allégrement les genres, débutant comme un polar pour progressivement plonger dans le fantastique pur et dur. Si l’histoire est par moments légèrement confuse, elle se laisse suivre avec intérêt grâce aux multiples rebondissements disséminés tout au long du film. A ce titre, le final est assez inattendu. Les « suicides » donnent lieu à quelques scènes bien sadiques, parfois même carrément gores (celle de la sportive en particulier), dans la lignée des « accidents » d’un DESTINATION FINALE. Si, à première vue, certaines peuvent prêter à rire, par exemple lorsqu’un homme aide un camionneur à se garer et se fait volontairement écraser, ces morts parviennent quand même à faire froid dans le dos lorsqu’on voit l’attitude des hypnotisés, s’infligeant sans résister les pires souffrances. Bien qu’incomparablement plus axé sur la suggestion, HYPNOSIS utilise à plusieurs reprises une technique dont Lucio Fulci était maître : on vous montre les différents composants qui entrent dans la mise à mort, comme un homme qui se lance contre un mur et un porte manteau, afin de bien vous faire comprendre que le premier va finir par s’empaler sur le second. A partir de là, c’est dans les quelques secondes qui précèdent cette fin atroce que la tension est à son comble. Un procédé toujours aussi efficace… A côté de cela, le film ménage quelques scènes de suspense plutôt bien trouvées lorsque les héros découvrent qu’ils ont été hypnotisés et sont désormais sensibles à un stimulus déclenchant leur attitude suicidaire et des moments plus drôles, comme le jeune flic sensible gerbant systématiquement à la découverte d’un nouveau cadavre.

La réalisation est en dans l’ensemble bonne, avec un visuel soigné. On regrettera parfois quelques petites fautes de goût (certains effets trop appuyés, mais cela reste un avis très subjectif) et des scènes un peu stéréotypées qui auraient pu être évitées (en particulier le long rire démoniaque de Jissoji, que l’on retrouve aujourd’hui dans toutes les parodies du genre) mais rien de bien grave ne vient toutefois ternir le spectacle. Au niveau des personnages, on retiendra surtout le très inquiétant Jissoji. Abusant de ses talents d’hypnotiseur pour assouvir ses plus bas instincts, allant de la torture physique et mentale au viol, ce personnage pervers est une incarnation du mal assez mémorable. Les acteurs sont tous très convaincants et en particulier Miho, qui justifie à elle seule que l’on s’attarde sur ce HYPNOSIS.

Actrice incroyable au charme étrange capable, sans le moindre mot, de faire passer toutes les émotions du monde à travers son regard, Miho Kanno a brillé dans plusieurs films d’horreur avant son rôle bouleversant dans DOLLS. Que ce soit dans EKO EKO AZARAKU, où elle partage la vedette avec Kimika Yoshino, TOMIE, dont elle est la première incarnation cinématographique (et d’ailleurs un des seuls intérêts de ce film) ou HYPNOSIS, impossible de l’oublier, ne serait-ce que pour son rire aussi caractéristique qu’inquiétant. Pour ceux qui n’auraient pas encore vu le chef d’œuvre de Takeshi Kitano (mais qu’est-ce vous attendez ?), ce film est l’occasion de découvrir l’étendue du talent de la demoiselle : l’hypnose ayant fait ressortir plusieurs personnalités chez son personnage, elle a l’occasion de jouer plusieurs rôles totalement différents, de la victime tourmentée à la femme fatale. Quelle que soit la facette de son personnage, elle est toujours d’une grande justesse, tour à tour touchante, charmeuse, ou terrifiante. En un mot: grandiose.

LES PLUS LES MOINS
♥ Bonne mise en scène
♥ Le mélange homogène des genres
♥ Le jeu des acteurs
⊗ Histoire un peu confuse/td>
Bien mené, bien interprété, bien réalisé, HYPNOSIS est un film digne d’intérêt pour les amateurs de fantastique. A ranger à côté de la trilogie EKO EKO AZARAKU et TOMIE : FORBIDDEN FRUIT : autant de petites séries B très efficaces et divertissantes qu’on ne se lasse pas de voir et revoir.



Titre : Hypnosis / Saimin / 催眠
Année : 1999
Durée : 1h50
Origine : Japon
Genre : Fantastique
Réalisateur : Masayuki Ochiai
Scénario : Masayuki Ochiai, Yasushi Fukuda

Acteurs : Goro Inagaki, Miho Kanno, Takeshi Masu, Ken Utsui, Yuki Watanabe, Shigemitsu Ogi

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Auteur : Kwaidan

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