[Film] Home of a Villain, de Shing Chi-Chiu (2000)


Kit est un membre respecté d’une triade hongkongaise. Tout lui réussit, il bat le chef d’un gang rival, ses hommes comme ses supérieurs le respectent et les filles publiques admirent sa virilité. Il est également avec une femme depuis dix ans avec qui il s’entend bien. Seule ombre à ce tableau, Kit vient d’apprendre qu’il est à une phase critique d’un cancer. Il ne lui reste que quelque temps à vivre. Décidé à ne pas mourir dans un lit d’hôpital, il part en Thaïlande pour voir, une dernière fois, ses parents avec qui il s’était brouillé. Son frère Yan, ignorant tout de sa maladie, refuse qu’il fasse partie à nouveau de la famille. Kit est pourtant bien décidé à se réconcilier avec eux et à réparer ses fautes passées…


Avis de Vince2dub :
House for a Villain est un produit sympathique qui se consomme rapidement et qui peut être oublié très vite si on n’adhère pas au genre dramatique. Sans être non plus indigeste, le film révèle quelques bons côtés mais il a du mal à trouver son rythme et le spectateur dans l’ensemble accroche que trop rarement. Le premier avantage du film est de ne pas tomber dans le mélodrame complet. Les nombreuses séquences où sont décrits les malheurs de Kit et les disputes entre les personnages sont relativement courtes. Personne ne hurle, ne se débat dans un élan désespéré pour clamer à quel point la vie est injuste. La musique, élément primordial de l’atmosphère, est travaillée dans ce sens. Constamment minimaliste, elle est souvent calme, douce et reste en arrière-plan. Elle évite donc la surenchère pathétique et la seule chose que l’on pourrait lui reprocher, c’est son aspect incroyablement « fauché » (le Bontempi, peut-il faire des miracles ? …).

Le scénario ne tombe pas non plus dans la facilité la plus niaise. L’histoire se concentre sur la relation conflictuelle de la famille et non sur le combat d’un homme contre sa maladie, ce qui déjà la rend plus intéressante. Seuls les symptômes de l’hémorragie interne sont filmés avec un réalisme piquant. Quand Kit saigne du nez pour la première fois, un long plan rapproché le montre qui se regarde dans une glace, se demandant certainement à quel moment sa vie a-t-elle pu déraper. La fin du film est, elle aussi, intéressante. Pour éviter le mélodrame attendu, la mort de Kit, la mise en scène utilise la voix-off de sa compagne pour nous livrer la suite des événements. Cette prise de recul donne un ton plus juste et plus mature à cette fin, même si l’on ne peut échapper aux incontournables flash-back sur le couple de Kit. Puis la caméra recule tout doucement, laissant cette femme plongée dans les souvenirs d’un amour fraîchement perdu.

Il ne faut pas non plus attendre beaucoup du film concernant les scènes d’action. À part la première scène qui parle de sexe, de violence et d’humiliation entre hommes virils – il faut bien capter dès le départ l’attention du spectateur – le reste du film est dénué de scènes d’actions valables. Même si le genre ne s’y prête guère, les chorégraphies sont primaires et Ray Lui est abonné à la ‘’technique des 3 coups de poings’’. C’est-à-dire que systématiquement l’acteur frappe trois fois puis l’action se coupe ou la caméra s’intéresse à autre chose. L’exemple le plus marquant reste celui où la caméra filme Jojo, qui vient d’être sauvée par Kit à l’extérieur d’une boîte de nuit, pendant plus de trente secondes en plan séquence laissant délibérément le combat hors-cadre…

Les effets de sang, régulièrement présents, sont bien rendus et ne servent qu’à accentuer l’aspect dramatique des scènes. Anecdote tristement drôle, alors que Jojo tente de séduire Kit en faisant un strip-tease, celui-ci en train de regarder un passage de Bayside Shakedown à la télé, se met à saigner du nez. Jojo, contente, pense que sa prestation lui a fait de l’effet… Ces deux références consécutives à la culture japonaise sont pour moi les meilleurs moments du film… Les acteurs ne sont pas marquants mais peut être que la faute est plutôt du côté de la direction d’acteurs que de la prestation de ces derniers. Anthony Wong reste quelconque et Law Lai Sha, fraîche et exaltée, a tendance par moments à surjouer et à perdre de sa crédibilité. Ray Lui joue correctement, à la fois imposant dans le rôle du mafieux et touchant dans celui du fils repenti, solitaire et malade, qui recherche l’affection de sa famille. Eddy Ko ne fait qu’une brève apparition ce qui ne laisse guère le temps de l’apprécier.

LES PLUS LES MOINS
♥ Une bande son travaillée…
♥ Ne tombe pas dans le gros mélo
♥ La scène finale
♥ Des moments réussis
⊗ … mais malheureusement kitch
⊗ Le rythme
⊗ Des scènes d’action peu marquantes
⊗ La direction d’acteurs

Dans le genre drame hongkongais, on a vu franchement pire mais on a vu certes mieux. Sans horripiler pour autant, House for a Villain reste un titre qui se laisse voir mais ne vous attendez pas à quelque chose de surprenant ni à avoir le plaisir de sortir un mouchoir pour verser la petite larme de bienséance puisque le film n’en a pas vraiment l’ambition et n’arrive pas non plus à toucher la corde sensible.



Titre : Home of a Villain / Home For a Villain / 古惑夕陽紅
Année : 2000
Durée : 1h28
Origine : Hong Kong
Genre : Triade / Melodrame
Réalisateur : Shing Chi-Chiu
Scénario : Lau Siu-Kwan

Acteurs : Ray Lui, Anthony Wong, Law Lai-Sha, Joe Ma, Eddy Ko, Yu Feng, Emily Kwan, Go Wang, Hui Siu-Hung

Home of a Villain (2000) on IMDb


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Auteur : Vince2dub

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