[Film] Gymkata – Le Parcours De La Mort, de Robert Clouse (1985)

Un gymnaste émérite tente de gagner un tournoi en Asie dans l’espoir d’obtenir, pour son gouvernement, un site pour l’établissement d’une base militaire.


Avis de John Roch :
Du lourd. Gymkata – Le Parcours De La Mort, c’est du lourd. Un « so bad it’s good » devenu cultissime aux USA après un petit échec au box-office local (tu m’étonnes !) où il amassera cinq millions de Dollars pour un investissement de quatre millions. Son culte, Gymkata le doit à une génération qui a découvert la chose avec sa VHS et de multiples diffusions à la télé. Un culte si fort que lorsqu‘en 2006, la Warner et Amazon se sont associés à l’occasion d’un vote pour sortir une poignée de films en DVD, Gymkata s’est retrouvé dans le lot et a bénéficié d’un regain d’intérêt lors de sa sortie sur le support l’année suivante. Un culte dont je suis désormais un fidèle adepte tout frais, car bien que je ne sois pas le dernier pour extirper des films des sept cercles de l’enfer cinématographique qui devraient y rester, et ben Gymkata malgré son culte et sa cote nanarde assez élevée, je n’en avais jamais entendu parler. Gymkata c’est du lourd donc, 1h30 de n’importe quoi à absolument tous les niveaux de la première à la dernière image, un film dont je suis ressorti heureux comme un con avec un sourire gros comme ça, mais aussi un peu rincé car à des moments, il y a vraiment beaucoup trop d’infos pour le cerveau humain, empêchant d’en parler d’une manière compréhensible pour le commun des mortels. Du lourd je vous dis ! Mais une fois digéré, me voilà prêt à tenter de vous parler de la chose. Après une petite pause toutefois car Gymkata, il faut trouver par où commencer pour en causer.

Commençons par le commencement : Gymkata est à la base un roman, The Terrible Game, écrit par Dan Tyler Moore. Un bouquin sympa si je me fie aux avis des internautes, dont certains demandent carrément une nouvelle adaptation cinématographique. Dans ce roman publié en 1957, un jeune homme, le meilleur des meilleurs, est choisi pour participer au jeu d’Ott qui se déroule dans un pays imaginaire qui vit encore au moyen âge. Le jeu consiste à passer une série d’épreuves physiques pendant qu’une bande de guerriers sont à la trousse des participants pour les empêcher de gagner le gros lot : un vœu qui se réalisera. Et le vœu du héros recruté par le gouvernement US, Jonathan, c’est l’installation d’une frappe nucléaire dans le pays même situé pile à la frontière de l’URSS, car The Terrible Game se déroule pendant la guerre froide qui fêtait ses dix piges l’année de la parution du livre. Dans le fond, Gymkata, c’est la même chose transposé dans les 80’s, du moins de loin car n’ayant pas lu le livre, je ne saurai me prononcer davantage sur ledit fond, et encore moins sur la forme et c’est pour cela que le roman ne sera plus mentionné à partir de maintenant. Ici, Jonathan est un gymnaste, champion de sa catégorie. C’est lui qui est choisi pour participer au jeu de la mort organisé par le Kahn du Parmistan, pays situé dans l’Hindou Kouch (à ne pas confondre avec l’Hindu Kush, qui vient de là bas d’ailleurs, bien qu’un petit gramme soit recommandé à la consommation avant la vision du film), donc quelque part entre le Pakistan et l’Afghanistan. Sa mission qu’il accepte sans broncher, il faut dire que son père y a perdu la vie, est de remporter la compétition afin que son vœu se réalise, à savoir y installer le système de défense Star Wars. Vous savez, le programme de protection anti-missile de Ronald Reagan.

Sauf que Jonathan, il a beau lieu être ultra athlétique, il va tout de même subir un entraînement pour apprendre à se battre. Tiens, et pourquoi pas lui apprendre le karaté qu’il pourra combiner avec ses talents de gymnaste ? C’est ainsi que le gymkata, terme jamais prononcé d’ailleurs, naît lors d’un entraînement expédié en quatre minutes montre en main où le héros va apprendre à combiner les deux arts auprès de on ne sait qui qui de toute façon ne reviendront plus, et surtout auprès de la princesse du Parmistan pleine de ressources (« sa mère est Indonésienne » nous dit-on pour justifier cela) que notre gymnaste va bien évidement emballer très rapidement. On en est à moins d’un quart d’heure de film que déjà tout les enjeux sont posés, pas le temps de s’ennuyer donc, ni le temps de ne pas prendre le temps de déjà tiquer sur un générique de début qui se résume à un plan fixe sur une barre transversale, un entraînement dont la finalité est que ça y est, Jonathan peut enfin monter les escaliers sur les mains, un kata yeux bandés dont je m’interroge encore sur sa présence, une séquence de drague à base de salto arrière et surtout la débilité du scénario. Non parce-que vu la gueule de l’entraînement, le gouvernement US aurait pu envoyer un simple marine que le résultat serait le même. Mais passons, le métrage démarre vraiment une fois son introduction terminée et expose sa nanardise au grand jour, elle explose même. On est pas encore arrivé au Parmistan que Gymkata part en vrille, pas encore arrivé car le métrage est découpé en deux grosses parties. La première partie du métrage est en fait une sorte de film d’espionnage où Jonathan ne peut se fier à personne, c‘est d’ailleurs sa première leçon mais il est tellement con le bonhomme qu’il tombe dans tout les panneaux possibles et imaginables. La seconde est quant à elle entièrement dédiée au fameux jeu de la mort.

D’un coté ou de l’autre, difficile de ne pas garder son sérieux devant la chose. Déjà le film doit être vu absolument dans une VF absolument magique. Les doubleurs en font des tonnes, rajoutent des dialogues alors que les bouches sont fermées en prenant des accents pas possible (si vous avez des woke progressistes SJW dans votre entourage, ne leur parlez surtout pas de ce film, c’est dire le haut niveau de certains doublages). Pour le reste, que ce soit le scénario, la mise en scène, les personnages, les situations dans lesquelles ils se retrouvent, les scènes d’exposition, les scènes d’action, les acteurs, les figurants, les costumes. Bref tout, tout est un régal pour l’amateur de nanars. Et le plus beau c’est que ça ne s’arrête jamais jusqu’au générique de fin mais le plus fort, c’est que ça va crescendo dans la connerie. Et de la connerie, croyez moi, il y en a à un point où l’on peut se demander si le film n’a pas été victime d’une tentative de sabotage par l’équipe elle même lors du tournage. Ne serait-ce que dans l’ambiance du pays fictif du Parmistan. Que l’État soit encore figé au moyenne âge soit, mais bordel c’est quoi ce kamoulox vestimentaire ? Tout est mélangé : des ninjas, des vilains moustachus qui n’ont pas compris que les années 70 étaient finies depuis un petit temps déjà, des villageois locaux fringués avec ce qu’ils ont trouvé, d’autres qui portent des habits exotiques ou des peaux de bêtes. Rien n’a de sens, on se sent hors du temps c’est clair, et sur ce point l’effet est totalement réussi, mais aussi dans un genre de multiverse aussi malade qu’incohérent où le bon goût a foutu le camp depuis très longtemps. Le scénario, lui aussi il fout le camp. Le film enchaîne intrigue d’espionnage, tentative de coup d’état, mariage forcé, survival, film de tatane et trips étranges, remplis de personnages si dénués de bon sens que ça en devient démentiel tant ils sont cons. Même le jeu de la mort, parce qu’il faut bien y venir, n’a aucun putain de sens ! Il y a des règles, mais elles sont aussi simples que compliquées vu que leurs applications sont aléatoires. Puis franchement ce jeu de la mort, si l’on omet le fait que c’est grosso merdo une Chasse Du Comte Zaroff organisée par un prof d’EPS fêlé, pour peu que l’on soit athlétique c’est loin de l’être, la mort.

Du moins au début, parce que ça se corse tout de même sur la dernière épreuve : le village des damnés. Quand j’écris que ça se corse, ce n’est pas que l’épreuve, mais le métrage lui même qui part complètement en couille à un point rarement atteint. Je n’en dirai cependant pas plus pour, non seulement ne pas gâché la surprise d’une longue scène qui vaut le détour chaque seconde qu’elle dure mais également parce que cette chronique aussi, elle commence à durer et commence à être à l’image du film : bordélique mais que voulez-vous, il y a tant de choses à dire et à décrire sur Gymkata. Revenons à l’essentiel : Gymkata, c’est avant tout un film d’action. Question rythme rien à dire. Ça va très vite et s’en est bourré, d’action. Mais avec Robert Clouse derrière la caméra, difficile de tirer quoique ce soit de positif. Déjà que de base le réalisateur, bien qu’il ait de bons films à son actif, réaliser des scènes d’action ce n’est pas ça (la mise en scène de ses métrages ont pris un sacré coup de vieux, ce qui n’aide pas non plus), alors imaginez ce qu’il se passe quand il en à rien à foutre. Et clairement, il n’en a rien à foutre de ce qu’il filme. Je parlais de sabotage plus haut, ça vaut aussi pour le montage dont on à l’impression que ce sont les prises ratées qui ont été gardées. Deux exemples sont d’une pertinence sans faille : le premier voit un figurant moustachu se vautrer juste avant que l’athlète espion ne fasse une cabriole trop loin de lui pour être une simulation d’un coup qui le mettrait à terre. Le second concerne un autre figurant (décidément, ils en ont bavé) qui se mange un cheval sur le coin de la gueule et se rétame sur le bitume face à une foule qui n’en croit pas ses yeux, nous non plus. En fait le vrai problème de Robert Clouse, c’est qu’en plus de faire n’importe quoi, il filme l’action en ignorant tout le renouvellement de la grammaire cinématographique des films d’action qui a eu lieu dans les années 80. En résulte des bastons molles, instantanément vieillottes, mal filmées et mal montées, où Clouse se contente de poser la caméra quelque part et de bouffer la pellicule. Je vous rassure, pas de miracle, les scènes d’exposition sont du même acabit.

Impossible de conclure, et après promis je vous fous la paix, sans parler du casting. Passons rapidement sur des figurants aux tronches hallucinantes et hallucinées, composé en majorité d’inconnus au bataillon, la majorité des comédiens font n’importe quoi et cabotinent pendant 1h30 durant, là où d’autres se demandent se qu’ils foutent là. C’est le cas de Richard Norton, pas le plus grand acteur du monde mais qui au pire se sentait tout de même un minimum concerné, dont le regard plein de détresse, de cris et de S.O.S m’a franchement touché. Même en tant que combattant (il est par ailleurs responsable des chorégraphies, à chier, des combats), on sent qu’il n’a qu’une envie : fuir. Mais la vrai star de Gymkata, c’est Kurt Thomas. Gymnaste multi médaillé (dont une médaille d’or au championnat du monde de gymnastique de 1978 obtenue à Strasbourg, yeah !) à l’origine de plusieurs figures qui portent son nom qui a eu une fin de carrière compliquée, Gymkata état censé être un véhicule pour l’emmener sur les terres du cinéma. Pourquoi pas après tout, les sportifs devenus acteurs sont plus nombreux qu’on le pense. Le problème c’est qu’avec son teint de pot en terre cuite, son manque de charisme et son jeu d’acteur qui tient autant la route que le jeu de la mort du métrage, Kurt Thomas n’était clairement pas fait pour être acteur. Pour ce qui est de ses prouesses qui mixent gymnastique et karaté, amenées avec des facilités scénaristique génialement connes (au Parmistan on trouve des barres transversales dans les ruelles et un cheval d’Arçon sur la place du village), elles sont bien réelles mais en l’état, à l’écran le résultat est le même que ce que faisait déjà Jackie Chan depuis plusieurs années, en moins fluide, moins gracieux, moins spectaculaire, moins maitrisé, moins tout en fait. Rien de révolutionnaire dans l’art du Gymkata donc. En revanche pour ce qui est de Gymkata le film, tout est à jeter et rien n’est à garder pour le commun des mortels. Pour les autres, foncez tête baissée. Gymkata est dans son genre un petit bijou dans la catégorie des films si ratés qu’ils en deviennent fascinants de par leur connerie et leur nanardise parfois à peine croyable. Du lourd donc, aussi lourd que cette chronique à la longueur disproportionnée dans laquelle je n’ai même pas décrit 40% de ce qu’il se passe dans cette merveille qu’est Gymkata – Le Parcours De La Mort.

LES PLUS LES MOINS
♥ Un nanar de Compétition
♥ Il se passe toujours quelque chose, que ce soit involontaire ou non
♥ Un rythme du tonnerre
♥ De l’action, tout le temps
♥ La VF, fabuleuse
♥ Le village des damnés, un grand moment
♥ Les figurants aux tronches impayables
♥ Il y a Richard Norton
♥ Les compétences de Kurt Thomas, en tant que gymnaste
⊗ Il faut être regardant sur absolument rien pour apprécier la chose à sa juste valeur
⊗ Parfois, il y a trop d’infos à l’écran pour le cerveau
⊗ La mise en scène molle de chez molle
⊗ Des bastons dégueulasses, mal filmées et mal montées
⊗ Le casting
⊗ Richard Norton qui fait de la peine
⊗ Les compétences de Kurt Thomas en tant qu’acteur
⊗ Le Parmistan, c’est vachement flippant comme pays imaginaire

Note :

Note GRS :

Dans Gymkata – Le Parcours De La Mort, tout est à jeter et rien n’est à garder pour le commun des mortels. Pour les autres, foncez tête baissée. Le film est un petit bijou dans la catégorie des films si ratés qu’ils en deviennent fascinants de par leur connerie et leur nanardise parfois à peine croyable.



Titre : Gymkata – Le Parcours De La Mort / Gymkata
Année : 1985
Durée : 1h30
Origine : U.S.A
Genre : Gymcaca
Réalisateur : Robert Clouse
Scénario : Charles Robert Carner

Acteurs : Kurt Thomas, Richard Norton, Tetchie Agbayani, Edward Michael Bell, John Barrett, Conan Lee, Bob Schott, Buck Kartalian

Gymkata (1985) on IMDb


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Auteur : John Roch

Amateur de cinéma de tous les horizons, de l'Asie aux États-Unis, du plus bourrin au plus intimiste. N'ayant appris de l'alphabet que les lettres B et Z, il a une nette préférence pour l'horreur, le trash et le gore, mais également la baston, les explosions, les monstres géants et les action heroes.
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