[Film] Gore From Outer Space, de Hirohisa Sasaki (2001)


Désespérée, Satomi se rend au poste de police pour signaler la disparition de sa fille. A partir de là, difficile d’expliquer… Disons qu’une voyante intervient et fait appel à des spectres qui vont mettre l’héroïne sur la piste d’extra-terrestres menés par un politicien violeur et poursuivis par deux agents du FBI. A cela se greffent une sombre histoire d’indiens, une poupée vivante et une histoire d’amour impossible entre un humain et une alien. Pour résumer, on n’y comprend rien mais qu’est-ce que c’est bon !


Avis de Kwaidan :
Un an après CRAZY LIPS, les responsables de ce bordel anthologique remettent le couvert pour un deuxième volet. Une suite ? Pas vraiment, car si l’on retrouve bien des éléments de continuité avec ce dernier, l’histoire est totalement indépendante et certains acteurs vont même jusqu’à incarner de tous nouveaux personnages.

Sur CRAZY LIPS, Hirohisa Sasaki jouait la carte du gros déconneur alors que le scénario de Hiroshi Takahashi accumulait les éléments très sombres, voire franchement malsains. Ici, on a le droit à une inversion des rôles puisque Sasaki s’applique à filmer le plus sérieusement du monde une comédie de science-fiction complètement déjantée. Un pur film de malade au propre comme au figuré car c’est cloué sur son lit d’hôpital que le scénariste,  » harcelé  » par ces gros sadiques que sont le producteur et le réalisateur, a accouché de ce récit partant à ce point dans tous les sens qu’il avoue lui-même ne pas avoir tout compris ! Une genèse délirante qui vient renforcer le côté définitivement culte de cette série. Le premier volet ayant placé la barre à une hauteur vertigineuse, c’est dire si l’on se délectait d’avance des délires que pouvait offrir GFOS. Comme trop souvent, l’attente se solde par une légère déception face à un résultat beaucoup moins délirant. Un comble pour un film écrit dans de telles conditions. Le gros handicap de GFOS vient d’une nouvelle donne totalement incompatible avec l’objectif à atteindre : si son prédécesseur était VERITABLEMENT en roue libre et donc imprévisible, ce dernier souffre de la présence trop évidente d’un  » cahier de charge  » à respecter. Les fans ont adoré le tour de chant ? Ils en auront deux ! La scène de baston générale en a fait halluciner plus d’un ? Il faut impérativement en intégrer une ! Et ainsi de suite… Tout cela donne à l’ensemble un côté bien trop  » calculé  » pour retrouver toute la saveur et la folie de CRAZY LIPS.

Le film est cependant loin d’être raté et nous offre quand même une sacrée dose de n’importe quoi bien jouissif. Parmi les meilleurs moments, on retiendra une grande scène de suspens brusquement interrompue par une envie pressante de l’héroïne ; Hiroshi Abe retrouvant sa fiancée extraterrestre désormais sous la forme de Taro Suwa (!) mais qui n’a rien oublié de leurs jeux érotiques ; des indiens japonais de l’espace ; un hommage chanté à Sasori ou encore Hideo Nakata en alien massacrant un groupe de flics sur des bruitages de jeu électronique. Du très haut niveau donc, mais qui n’est rien en comparaison du sommet que constitue l’événement qui m’a fait me ruer sur ce film. Je parle bien sûr du grand retour de Lucy, ma  » Female Blond Investigator  » adorée. Violée et scalpée dans le précédent film, miss  » KILL THEM ALL !  » avait en plus été victime d’une tentative de meurtre de la part de son propre partenaire. Heureusement, la balle n’a pas atteint sa microscopique cervelle et elle nous revient plus déchaînée que jamais, avec son américain très personnel et une toute nouvelle perruque blonde ! Avec la puissance comique qu’elle a su apporter à ce personnage, Tomomi Kuribayashi est indéniablement l’actrice emblématique de la saga. Impossible d’imaginer ces films sans elle. Mais cela, Hirohisa Sasaki et Hiroshi Takahashi semblent ne pas le remarquer en soutenant dur comme fer que la place revient à Hitomi Miwa et le traitement accordé à Lucy s’en ressent.

Toujours est-il que c’est pourtant Kuribayashi qui parvient une fois de plus à rendre le film indispensable avec une scène de 5 minutes d’anthologie ( » MEN IN BLACK !!!! « ). C’est simple : dès que Lucy apparaît, on rentre dans le grandiose mais, malheureusement, le scénario se débarrasse d’elle beaucoup trop tôt pour laisser le champ libre à son partenaire. Un choix franchement décevant étant donné qu’au contraire de la belle blonde, ce dernier peut difficilement exister en dehors de son duo et ce, malgré tout le talent du génial Hiroshi Abe. Même si Lucy se doit de rester un personnage secondaire, c’est quand même triste de la voir sous exploitée à ce point ….

LES PLUS LES MOINS
♥ Scénario barré
♥ Des moments bien nawak
♥ Tomomi Kuribayashi
⊗ Moins délirant que le 1
⊗ Moins spontané que le 1
Bien que décevant par rapport à son glorieux prédécesseur, GORE FROM OUTER SPACE reste tout de même incontournable si vous aimez les OVNIs cinématographiques, d’autant qu’il continue à aligner les idées les plus barges tout en conservant une réalisation de qualité. A ce titre, la séquence de kung-fu remplaçant le neo-chambara de CRAZY LIPS s’avère tout aussi impressionnante de maîtrise. Vivement le troisième volet qui, je l’espère, redressera la barre et nous permettra de retrouver Lucy dans ses nouvelles enquêtes !



Titre : Gore From Outer Space / Crazy Lips 2 / 血を吸う宇宙
Année : 2001
Durée : 1h30
Origine : Japon
Genre : « What the fuck ? » again
Réalisateur : Hirohisa Sasaki
Scénario : Hiroshi Takahashi

Acteurs : Hiroshi Abe, Sadao Abe, YosiYosi Arakawa, Tomomi Kuribayashi, Kiyoshi Kurosawa, Hitomi Miwa, Aimi Nakamura, Hideo Nakata, Yumi Yoshiyuki

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Auteur : Kwaidan

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