[Film] Frankenstein vs Baragon, de Ishirô Honda (1965)


Durant la seconde guerre mondiale, le cœur de la créature de Frankenstein débarque au Japon. Il est amené dans un laboratoire d’Hiroshima où des scientifiques procèdent à sa transplantation dans un cadavre. Mais, alors que l’opération vient de s’achever, la bombe atomique s’abat sur la ville. Des années plus tard, le monstre est recueilli par un scientifique Américain et son assistante Japonaise. Sous l’effet des radiations, il commence à grandir jusqu’à atteindre la taille d’une maison. Aucune cage ne pouvant plus désormais le retenir, le monstre s’évade et se réfugie dans la forêt. En même temps, Baragon sort de sa cachette souterraine et se livre à des raids destructeurs. Et c’est bien sûr la pauvre créature qui endosse la responsabilité de tout ce bordel. Tout cela ne peut finir que par une explication musclée entre les deux géants.


Avis de Kwaidan :
Amateurs du légendaire monstre de Frankenstein, préparez-vous au choc ! Après les inoubliables adaptations américaines avec Boris Karloff, les anglaises avec, entre autres, Christopher Lee et un nombre incalculable d’autres traitements qu’il vaut parfois mieux oublier, voici ce qui restera sans doute la plus décalée des visions du mythe… FRANKENSTEIN – « Kaiju Style » ! Et oui, il faut croire que l’air du Japon réussit bien au monstre puisqu’il nous fait une fulgurante poussée de croissance jusqu’à atteindre la taille d’une maison. C’est parti pour une date dans l’histoire du Kaiju Eiga !

Si, tout comme GODZILLA, il évoque les ravages de la bombe atomique, FRANKENSTEIN VS. BARAGON est cependant bien loin de la noirceur de ce dernier. Passé une introduction sombre et réussie, ce film se révèle rapidement une énorme friandise sucrée à l’attention des amateurs de grands monstres : un spectacle kitschissime, délirant et monstrueusement savoureux. Le genre de petit plaisir devant lequel vous vous retrouverez rapidement seul si vous le montrez à des amis n’étant pas dans le même trip que vous ! Le film d’Inoshiro Honda se place comme le croisement étonnant entre Frankenstein et King Kong. Un mélange qui fonctionne plutôt bien puisque les deux monstres partagent la même aura tragique : s’ils causent toutes sortes de ravages, difficile de leur en tenir rigueur vu que ceux ne sont que de pauvres créatures apeurées victimes de la folie des hommes. Reste que, quand on y pense bien, le film lorgne quand même beaucoup plus du côté du grand singe que de Mary Shelley, Frankenstein n’étant en fait qu’un Kaiju au design vaguement inspiré de celui du monstre version Boris Karloff qui aura surtout permis un joli coup de marketing. Mais bon, à vrai dire on s’en fout : le titre a de quoi faire saliver n’importe quel fan-(boy/girl) et le spectacle est ultra jouissif alors…

Pour ce qui est des moments d’anthologie, FRANKENSTEIN VS. BARAGON en regorge comme ces deux séquences à se tordre de rire : la rencontre entre Frankenstein et un marcassin en peluche « extrêmement » crédible et l’attaque de la ferme par Baragon, qui se met à bouffer tout ce qui bouge : des poules, la Baronne et surtout un cheval dans la droite lignée du marcassin précédent. Deux sommets auxquels il convient d’ajouter les designs des deux monstres qui poussent la poésie surréaliste dans ses derniers retranchements. Frankenstein restera sans doute le kaiju le plus « kawai » jamais créé. Les gros plans sur sa bobine impayable valent leur pesant de cacahuètes : ce monstre à l’air tellement sympa que sa raison d’être fait presque mal au cœur. En effet, quel que soit le film, Baragon apparaît avant tout dans le seul but de se faire décalquer la tronche par le monstre vedette… A ce titre, on donnera une mention spéciale à GMK qui atteint des sommets vertigineux dans la torture infligée à cette pauvre bête ! Mais revenons à l’essentiel : la fameuse baston annoncée par le titre. Et bien ce n’est pas FREDDY VS. JASON : on nous promet FRANKENSTEIN VS. BARAGON et on nous le donne ! Les deux monstres se foutent méchamment sur la gueule à deux reprises (enfin… c’est surtout Frankenstein qui fout sur la gueule de Baragon) dans le plus pur style KING KONG VS. GODZILLA, avec encore plus de prises de catch ! Deux longs combats qui rentrent dans la légende du « Kaiju Eiga », un concentré de bonheur !

LES PLUS LES MOINS
♥ Une vision décalée du mythe
♥ Très bonne introduction
♥ Kitch (dans le bon sens du terme)
♥ Des moments vraiment funs
⊗ Il faut aimer le kaiju eiga
FRANKENSTEIN VS. BARAGON ne peut en aucun cas rivaliser avec le premier Godzilla, les Gameras de Kaneko ou son GMK mais reste néanmoins un OVNI très sympathique à découvrir pour tous les amateurs de Kaiju Eigas bien délirants.



Titre : Frankenstein vs Baragon / Frankenstein Conquers The World
Année : 1965
Durée : 1h34
Origine : Japon
Genre : Frankie goes to Japan
Réalisateur : Ishirô Honda
Scénario : Reuben Bercovitch, Takeshi Kimura

Acteurs : Tadao Takashima, Nick Adams, Kumi Mizuno, Yoshio Tsuchiya, Koji Furuhata, Jun Tazaki, Susumu Fujita, Takashi Shimura, Nobuo Nakamura

 Frankenstein conquiert le monde (1965) on IMDb


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Auteur : Kwaidan

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