[Film] Enfer Mécanique, de Elliot Silverstein (1977)

Est ce un fantôme, un démon ou le diable lui-même? Le shérif Wade Parent est en mission afin d’arrêter une berline noire monstrueuse qui a commencé à terroriser les habitants d’une petite ville du Nouveau-Mexique. Personne ne sait d’où elle vient et surtout qui la conduit. Ce qu’ils savent cependant c’est que cette berline qui provoque la terreur dans le village doit être détruite avant qu’il ne soit trop tard.


Avis de John Roch :
Si il est aujourd’hui disponible en DVD et Blu-ray, en VOD et qu’il est régulièrement diffusé sur des chaînes TV payantes, Enfer Mécanique a longtemps été une rareté. En effet, si vous n’aviez pas vu ce film lors de sa sortie en salle ou que vous ou l’une de vos connaissances ne l’aviez pas enregistré lors de son unique diffusion sur la défunte chaîne La 5 et d’avoir découpé la jaquette dans Télé K7 (merci maman!), peu de chance que vous ayez découvert ce film avant sa première sortie tardive en DVD en 2006. Car Enfer Mécanique en France n’a jamais eu de sortie en VHS. Aux States ce n’est guère mieux puisque The Car, de son titre original, a été édité pour la première fois sur ce support en 1999. A la question pourquoi, malgré des recherches poussées pour en savoir plus, je n’ai aucune réponse à apporter. Il n’y a aucun chiffre sur le box office trouvable pour savoir si le film a fait un four au point que Universal l’ait laisser prendre la poussière sur une étagère. Quand bien même, il paraît surprenant que le studio n’est pas profiter du boom de la VHS pour se refaire une éventuelle santé financière. L’autre option, c’est que Enfer Mécanique soit un métrage si pourrave que ledit studio en avait honte mais là encore, malgré des critiques d’époque pas vraiment tendres, ce n’est pas le cas et bien qu’il n’invente rien, et qu’il tient même du réchauffé, le métrage n’est certes pas une perle à (re)découvrir d’urgence mais reste un chouette B-movie qui fait les choses bien.

L’Enfer Mécanique du titre, c’est une Lincoln Continental Mark III 1971 qui vient foutre le bordel dans un bled perdu au milieu du désert en fonçant sur tout ce qui passe sur son chemin. Voilà pour le scénario. Pour donner un peu de matière à cette histoire de fou du volant, on a quelques protagonistes de prime abords pas inintéressant. On a entre autres Le shérif divorcé qui a repris la relève de son père qui essaie de faire accepter à ses filles sa nouvelle conquête, l’alcoolique repenti qui est a deux doigts de craquer face à la situation, celui qui se désole de voir son premier amour se faire battre par son mari, donc il y a un homme qui bat sa femme aussi, tous joués par des acteurs vus un peu partout à la télévision ou au cinéma (dont un Josh Brolin à la moustache qui renvoi à Tom Selleck pour les fans de séries TV, ou à Harry Reems pour les fans de pornos) . Les personnages sont un minimum écrits, il est cependant dommage que d’une part leurs personnalités soient à peine esquissées, ceci empêchant de s’attacher aux personnages, et que d’autre parts celles-ci ne servent en rien l’intrigue, du moins sur la longueur puisqu’au départ il semble y avoir une certaine logique dans le choix des victimes de la voiture sans que cela ne soit forcement exploité. Ceci dit, c’est toujours mieux que de se retrouver avec de la simple chair à canon pour le véhicule. L’autre lacune du scénario, qui en est une sans vraiment l’être, c’est qu’il lorgne sans s’en cacher du coté de Steven Spielberg. Duel tout d’abord pour le véhicule traversant le désert duquel on ne verra jamais le conducteur mais aussi des Dents De La Mer, la voiture remplaçant Bruce le squale. Remplacez l’aileron du requin par la poussière du désert laissée par le passage de la bagnole, faites quitter des routes les potentielles victimes pour se réfugier sur des falaises au lieu de les faire sortir de l’eau pour rejoindre la terre ferme, et le tour est joué. Enfer Mécanique sent donc un peu le réchauffé, mais se démarque tout de même en apportant assez rapidement un élément fantastique à son scénario, la voiture n’ayant pas de conducteur et est un bolide probablement issu des enfers pour venir tourmenter des âmes en peine.

Le bolide justement, véritable star de Enfer Mécanique. Customisée par George Barris, à qui l’on doit les designs de la batmobile de la série Batman des 60’s et Kitt de K200, la Lincoln Continental Mark III 1971 a sérieusement de la gueule. Son design à la fois menaçant et imposant et son klaxon en font un véritable personnage à part entière. Voiture qui ne fait pas qu’écraser ce qui passe sous ses roues dans des mises à mort super soft, mais qui fait aussi de belles cascades tel ce saut destructeur dans une maison ou ce tonneau mortel pour des flics à sa poursuite. Des poursuites il y en a dans Enfer Mécanique, et de bonnes factures. Il est cependant dommage que celles si aient été accélérées au montage pour donner une impression de vitesse ratée tant l’effet est trop perceptible pour être pris un tant soit peu au sérieux. Reste que tout de même Elliot Silverstein réussi à livrer un film à la mise en scène honorable, en filmant des poursuites de qualités, en cadrant la voiture des enfers sous tout les angles dont certains sont assez originaux, et à livrer quelques moments de suspens bien troussés (l’introduction du métrage, ainsi que celle ou le héros du métrage est coincé dans son garage avec la bagnole sont franchement bien foutues), tout ça dans des décors naturels désertiques de toute beauté. Longtemps invisible et donc oublié pendant un petit bout de temps, Enfer Mécanique est un chouette film fantastique qui n’invente rien, mais fait les choses bien. La voiture maléfique à de la gueule, les scènes l’impliquant aussi, et ses quelques défauts et son manque d’originalité ne gâchent en rien la vision d’un métrage vraiment plaisant à voir et à suivre.

LES PLUS LES MOINS
♥ Des personnages pas inintéressant…
♥ Des poursuites qui ont de la gueule
♥ Techniquement ça tient la route
♥ La voiture: un personnage à part entière au design réussi et qui en impose
♥ Les scènes impliquant la bagnole sont bien foutues
⊗ … mais sous exploités
⊗ Les images accélérées pendant les poursuites
⊗ Un film aux airs de déjà vu

Longtemps invisible et donc un peu oublié pendant un petit bout de temps, Enfer Mécanique est un chouette film fantastique qui n’invente rien, mais fait les choses bien. La voiture maléfique à de la gueule, les scènes l’impliquant aussi, et ses quelques défauts et son manque d’originalité ne gâchent en rien la vision d’un métrage vraiment plaisant à voir.



Titre : Enfer mécanique / The car
Année : 1977
Durée : 1h36
Origine : U.S.A
Genre : tut tut copain
Réalisateur : Elliot Silverstein
Scénario : Dennis Shryack, Michael Butler et Lane Slate

Acteurs : James Brolin, Kathleen Lloyd, R.G. Armstrong, Ronny Cox, John Rubinstein, Roy Jenson, Henry O’Brien, Read Morgan
The Car (1977) on IMDb


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Auteur : John Roch

Amateur de cinéma de tous les horizons, de l'Asie aux États-Unis, du plus bourrin au plus intimiste. N'ayant appris de l'alphabet que les lettres B et Z, il a une nette préférence pour l'horreur, le trash et le gore, mais également la baston, les explosions, les monstres géants et les action heroes.
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