[Film] Downrange, de Ryûhei Kitamura (2017)


Six étudiants font du covoiturage, jusqu’à ce que leur véhicule se retrouve avec un pneu crevé dans un coin reculé et désertique des Etats-Unis. Sauf que ce pneu crevé n’est pas un accident, quelqu’un leur a tiré dessus et va tenter de les assassiner un par un…


Avis de Cherycok :
Je ne sais pas s’ils se sont passé le mot, mais les films mettant en vedette un sniper commencent à être nombreux depuis quelques temps. American Sniper (2014) de Clint Eastwood, Desierto (2016) de Jonas Cuaron, The Wall (2017) de Doug Liman, et on peut maintenant rajouter à cette liste Downrange du japonais Ryûhei Kitamura qui signe ici son 3ème film américain après Midnight Meat Train (2008) et No One Lives (2012). Avec Downrange, pas de message caché ni de critique sociale comme pour les films cités plus haut, juste un jeu du chat et de la souris qui va virer au carnage. Une série B complètement assumée par son réalisateur qui détourne les codes du slasher pour en faire un huis clos extérieur désertique à l’ambiance étouffante et aux effets gores abondants. Alors oui, Kitamura est un réalisateur qui divise les foules et ce depuis le long métrage qui l’a fait connaitre, Versus L’Ultime Guerrier (2000), mais il reste néanmoins un cinéaste intéressant. Et ce Downrange, à défaut d’être une bobine vraiment mémorable, est une sympathique petite série B dans la lignée de ses films précédents.

Downrange est donc une sorte « d’évolution » (notez les guillemets) du genre slasher et des ingrédients qui le composent : un coin reculé des Etats-Unis, un tueur mutique assoiffé de sang, et un groupe de jeunes dans toute leur splendeur et tous leurs clichés. Accros aux selfies, aux réseaux sociaux, aux #acheutagueux, avec bien entendu le black de service dont on connait d’avance le destin funeste, une spécialiste en armes car élevée par un papa militaire, un beau gosse à la coupe L’Oréal Parce que Je le Vaux Bien, … Et les voilà bientôt bloqués, cachés derrière leur bagnole qui vient de crever, visés par un sniper caché non loin de là et bien décidé à leur faire un deuxième, voire un troisième trou de balle. Pour quelle raison ? On l’ignore, si ce n’est celle de se faire plaisir en explosant des crânes de jeunes adultes décérébrés. Mais là, première surprise, et non des moindre, nos victimes ne sont pas aussi débiles qu’habituellement !
Pas (ou peu) d’idées à la con, pas de « on se sépare, c’est mieux pour notre survie ». Non non, ils réfléchissent ! Le tireur étant fixe, ils vont calculer son angle de vision, ce qui est du coup faisable ou non. Ils vont essayer des techniques diverses et variées pour appeler à l’aide, pour essayer de bloquer son champ de vision, … On est même parfois surpris par leur ingéniosité et leur utilisation de ce qu’ils ont à portée. Seul problème, Ryûhei Kitamura ne cherche jamais à développer ses personnages. Et la seule fois où il tente de le faire (le trauma raconté par le jeune garçon), ça tombe dans le ridicule. Du coup, on ne s’identifie jamais à eux et on se fiche un peu de leur sort…

Et du coup, lorsque leur mort arrive, on peut admirer le goût de Kitamura pour le gore bien craspec. Les effets gores sont nombreux, bien dégueux comme il faut : crâne transpercé, impacts de balles divers et variés, main explosée, cautérisation au marteau chauffé à blanc… Le tout en insistant parfois sur des gros plans à donner envie de vomir aux plus frileux des spectateurs. La violence y est excessive, très graphique, à la limite parfois du cartoonesque et du grotesque. On pourra qualifier certains plans de complètements gratuits, mais ils sont nécessaires pour casser la relative monotonie de ce qu’il se passe à l’écran. Non pas que Downrange soit ennuyeux, ce n’est pas le cas, Mais ce qu’il s’y passe n’est pas très mobile. Pendant 1h30, on a un sniper planqué d’un côté, et des jeunes cachés derrière leur voiture de l’autre. Mais pourtant, la mise en scène de Kitamura arrive à créer du mouvement et ce dernier trouve toujours le moyen de se montrer inventif en tirant profit d’un cadre pourtant réduit à son strict minimum. Il arrive à dynamiser des séquences pourtant très statiques, via des mouvements de caméras parfois improbables, des plans ingénieux. Certes, le résultat est parfois bancal mais si on prend le film dans son ensemble, le rendu a de la gueule.
Certes, l’histoire est très légère et les tentatives de faire monter la pression ne sont pas toujours réussies, la faute en partie à des jeunes acteurs au jeu très approximatif (pour ne pas dire mauvais) et à quelques longueurs ci et là. Mais les moult rebondissements, la très bonne gestion de cet espace malgré tout « clos » (malgré quelques incohérences sur l’angle de tir du sniper), et le côté jusqu’au-boutiste de la bobine font qu’on apprécie le spectacle qui nous est proposé.

LES PLUS LES MOINS
♥ Le gore artisanal
♥ Parfois jouissif
♥ Des personnages intelligents
♥ Mise en scène inventive
⊗ Scénario très léger
⊗ Les acteurs
⊗ Personnages peu développés
Ryûhei Kitamura signe, pour sa troisième aventure américaine, une série B généreuse bien qu’imparfaite. Parfois jouissif, parfois un peu mou, Downrange est un honnête divertissement qui n’hésite pas à verser dans le gore qui tâche.



Titre : Downrange
Année : 2017
Durée : 1h30
Origine : U.S.A
Genre : Headshot !
Réalisateur : Ryûhei Kitamura
Scénario : Ryûhei Kitamura, Joey O’Bryan

Acteurs : Kelly Connaire, Stephanie Pearson, Rod Hernandez, Anthony Kirlew, Alexa Yeames, Jason Tobias, Aion Boyd, Eric Matuschek, Ikumi Yoshimatsu

 Downrange (2017) on IMDb


















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Auteur : Cherycok

Webmaster et homme à tout faire de DarkSideReviews. Fan de cinéma de manière générale, n'ayant que peu d'atomes crochus avec tous ces blockbusters ricains qui inondent les écrans, préférant se pencher sur le ciné US indé et le cinéma mondial. Aime parfois se détendre devant un bon gros nanar WTF ou un film de zombie parce que souvent, ça repose le cerveau.
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