[Film] Doppelgänger, de Kiyoshi Kurosawa (2003)


Michio Hayashi travaille pour la recherche médicale. Dix ans auparavant, il a conçu une machine novatrice qui permet à la compagnie qui l’emploie de faire de gros profits. Ses employeurs ont de grandes espérances avec son nouveau projet, une chaise roulante intelligente qui fait corps avec son malade. Soumis à cette forte pression, Michio Hayashi traverse une crise difficile à gérer. Un jour, lors d’une expérimentation, il fait la connaissance de son « doppelganger », un double qui, d’après les croyances locales, annoncerait une mort prochaine…


Avis de Yume :
Après une introduction étrange digne de Kairo ou Cure, Kurosawa réussit d’emblée à donner le ton du film grâce au générique. Sur une musique stressante, le portrait de Koji Yakusho se dédouble pour finalement s’afficher en deux portraits aux expressions totalement opposées mais tout aussi inquiétantes l’une que l’autre. De cette façon l’ambiance du film est posée, mais aussi sa narration.

Kurosawa retravaille ici avec son acteur fétiche Koji Yakusho. Et comme à l’accoutumée, le résultat de cette parfaite entente, et complicité, explose à l’écran. Car l’impact du film, son coté stressant et bizarre, est sans nul doute dû à la prestation, ou même plutôt à la double prestation de Koji Yakusho. Interprétant un même personnage, mais sous deux personnalités différentes, il se révèle tout aussi à l’aise dans la douceur que la violence explosive, avec assez de subtilité pour que les deux faces de la personnalité se confonde légèrement, jusqu’à par moment brouiller les pistes et amener le spectateur à ne plus savoir quelle face de la personnalité est à l’écran. Cette histoire de double personnalité, face étrange du film comme les aime Kurosawa, n’est pourtant pas clairement expliquée. A-t-on affaire à un vrai double, comme cela est suggéré de temps en temps par les interactions physiques. Ou bien est-ce un dédoublement schizophrénique, une image mentale du héros, comme le reste du film le laisse penser (assimilation et acceptation du personnage de sa face noire etc …). Le mystère reste entier à la vision du film, mais n’est finalement pas essentiel au film, chacun y trouvant son compte.

Sur le plan purement technique, Kurosawa a magistralement résolu le problème majeur du film : avoir deux Koji Yakusho à l’image en même temps. Pour cela, pas besoin d’effets spéciaux coûteux, hors de portée du budget du film, mais plutôt place à un retour ingénieux aux effets à l’ancienne : doublure corps quand un des personnages ne montre pas son visage, effets de profondeurs des champs avec superposition de plans, et même couper l’écran en deux ou trois parties et ainsi intégrer dans chaque des plans filmés séparément. Le résultat est proprement bluffant. Mais non content de nous servir un personnage à deux personnalités opposées, Kurosawa ose sans aucun préavis faire basculer son film de manière inattendue dans une seconde partie, sorte de doppelganger de la première, complètement décalée. La noirceur du ton laisse donc la place à un road movie burlesque étonnant et détonnant.

LES PLUS LES MOINS
♥ Très bonne ambiance
♥ Koji Yakusho
♥ Les effets spéciaux
⊗ Parfois déroutant
Doppleganger reste donc un film parfaitement dans la lignée des réalisations récentes de Kurosawa : étrange, fascinant, inquiétant par moment, déroutant aussi (plus encore que les films précédents). A voir, ne serait-ce que pour l’interprétation sublime de Koji Yakusho.



Titre : Doppelgänger / ドッペルゲンガー
Année : 2003
Durée : 1h47
Origine : Japon
Genre : Drame burlesque schizophrène
Réalisateur : Kiyoshi Kurosawa
Scénario : Kiyoshi Kurosawa, Ken Furusawa

Acteurs : Koji Yakusho, Hiromi Nagasaku, Yusuke Santamaria, Masahiro Toda, Hitomi Sato, Akira Emoto

 Dopperugengâ (2003) on IMDb


5 1 vote
Article Rating

Auteur : yume

Un bon film doit comporter : sailor fuku, frange, grosses joues, tentacules, latex, culotte humide, et dépression. A partir de là, il n'hésite pas à mettre un 10/10. Membre fondateurs de deux clubs majeurs de la blogosphere fandom cinema asitique : « Le cinema coréen c’est nul » World Wide Association Corp (loi 1901) et le CADY (Club Anti Donnie Yen).
S’abonner
Notifier de
guest

0 Commentaires
Inline Feedbacks
View all comments