[Film] Delinquent Girl Boss : Blossoming Night Dreams, de Yamaguchi Kazuhiko (1970)

Libérée de la maison d’arrêt de Akagi, Kageyama Rika travaille pour un couple de blanchisseurs. Rapidement renvoyée, elle retrouve par hasard Choko, une ex-compagne de prison qui travaille pour Umeko, séduisante tenancière de bar elle-même ancienne détenue. Celle-ci doit faire face à des yakuzas dont le chef Ōba cherche à la faire chanter.


Avis de Rick :
Les années 70 au Japon, c’était quand même quelque chose. Le cinéma d’exploitation explosait, les films de yakuzas sortaient par paquet de 12, les sagas se multipliaient, et de nombreuses figures cultes sont nées, et encore connues aujourd’hui, comme Sasori, La Femme Scorpion, sans doute la saga d’exploitation la plus connue de cette période, grâce à son réalisateur, qui aura su élever les films au-dessus de leur simple concept. Ce qui ne veut aucunement pas dire que les autres sagas alentours étaient mauvaises, loin de là, mais juste, moins marquantes, au style moins marqué et affirmé. Parmi ses sagas, comment ne pas citer par exemple les Terrifying Girls High School, les Stray Cat Rock,, ou la saga qui nous intéresse ici, les Delinquent Girl Boss, mettant en avant l’actrice Oshida Reiko dans le rôle de Rika. Mais là où les différents opus de La Femme Scorpion, du moins pour la saga principale et originale (les quatre premiers films donc), se suivaient, proposant une évolution claire du personnage, mais aussi des thématiques abordées, les Delinquent Girl Boss, bien que se suivant tous par certains aspects, peuvent être tous les quatre vus séparément, dans un ordre aléatoire, tant les films finalement se retrouvent avec une structure similaire, un même début, une même fin, mais chacun développant ses propres personnages secondaires, et mettant en avant un univers quelque peu différent. Pour ce tout premier opus en tout cas, Yamaguchi Kazuhito fait déjà bien les choses, signant un film solide, très plaisant, et mettant en avant la belle Oshida Reiko. Rika donc, comme à chaque opus qui suivra, commence son aventure à Akagi, un centre pour jeunes délinquantes.

Et après la bien classique introduction à base de baston dans les bains pour assurer un bon quota de nudité et un générique chanté typique de son époque, Rika est à l’air libre, et va tenter de se trouver une place dans la vie active malgré son passé. Après un premier job peu concluant où son patron aimerait bien abuser d’elle tandis que sa femme lui met chaque erreur sur le dos car c’est une délinquante, Rika décide qu’elle mérite mieux que ça et s’en va à Shinjuku. Le hasard fait bien les choses, car après une rencontre, la voilà embauchée dans un petit bar, qui par le plus grand des hasards, est justement le bar qui accueille énormément de jeunes femmes sortant d’Akagi, dont la patronne, Umeko, a aussi fait son temps dans l’établissement. Bien évidemment, les bonnes nouvelles ne vont pas durer, avec la présence de deux sœurs, Mari et Bunny, dont la seconde est sur la voie de la drogue et va amener bien des soucis à notre groupe de délinquantes, tandis qu’un clan de yakuza n’est jamais bien loin puisqu’ils mettent le plus de bâtons dans les roues du bar afin de pouvoir le couler, et donc, le racheter. Comme pour chaque opus, cela mènera à une narration très classique, avant que Rika ne tente d’améliorer la situation par la manière douce, que cela échoue, et qu’après un drame particulier, elle et ses amies prennent les armes pour se lancer dans un ultime assaut contre les yakuzas, avant un éternel retour en détention. Toutes les bases de la saga sont déjà là, de Rika aux yakuzas, à la narration formant une éternelle boucle sans fin, et ce jusqu’à la vengeance finale, sans oublier la présence de Tony, le meilleur ami de Rika, qui reviendra dans d’autres opus. Ironiquement, si l’on pourrait rapidement craindre un manque de surprise, et donc un essoufflement, la saga des Delinquent Girl Boss parvient à se renouveler en prenant parfois un angle d’approche différent.

Ce premier opus est sans doute dans le fond le plus classique, ou le plus simpliste (drogue, coups bas des yakuzas, vengeance, fin), mais pose de bonnes bases ainsi qu’un personnage principal fort et attachant, et l’on pourrait presque dire que pour un coup d’essai, il n’a pas à rougir, d’ailleurs, il n’est pas le moins bon de la saga, cela revenant au second opus, Tokyo Drifters. Evidemment, ses défauts sont néanmoins évidents, avec un certain surjeu de la part de certains acteurs, ou des combats loin d’être convaincants, mais loin d’être honteux pour autant, surtout qu’ils s’avèrent la plupart du temps très courts et très sanglant, à l’image de son final. On pourra aussi citer quelques scènes un peu kitch aujourd’hui, utilisant des filtres de couleurs que le giallo n’aurait pas renié. Mais tout cela est souvent contrebalancé par l’énergie de l’entreprise et de son actrice principale, par son rythme qui ne faiblit pas, par une formule que l’on reverra à de multiples reprises, sans oublier une mise en scène assez solide et ayant quelques bonnes idées. Ainsi que par Umeko, finalement le personnage le plus tragique du métrage, terminant le film entre tristesse et satisfaction.

LES PLUS LES MOINS
♥ Un premier opus avec déjà des bases solides
♥ Des idées de mise en scène
♥ Oshima Reiko, mignonne et pleine d’énergie
♥ Umeko, un très bon personnage
⊗ Un premier opus malgré tout classique
⊗ Pas toujours au top dans tous les domaines
note6
Ce premier opus de la saga Delinquent Girl Boss pose de bonnes bases, et se fait déjà assez solide malgré quelques moments approximatifs dans l’action ou les acteurs.


Titre : Delinquent Girl Boss : Blossoming Night Dreams – Zubekô Banchô : Yume wa Yoru Hiraku – ずべ公番長 夢は夜ひらく
Année : 1970
Durée :
1h29
Origine :
Japon
Genre :
Policier
Réalisation :
Yamaguchi Kazuhiko
Scénario :
Miyashita Norio et Yamaguchi Kazuhito
Avec :
Oshida Reiko, Tachibana Masumi, Kagawa Yukie, Fuji Keiko, Tani Hayato, Bôya Saburô, Hidari Bokuzen, Hidari Tonpei, Kaneko Nobuo, Miyazono Junko et Natsu Junko
Zubekô banchô: Yume wa yoru hiraku (1970) on IMDb


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Auteur : Rick

Grand fan de cinéma depuis son plus jeune âge et également réalisateur à ses heures perdues, Rick aime particulièrement le cinéma qui ose des choses, sort des sentiers battus, et se refuse la facilité. Gros fan de David Lynch, John Carpenter, David Cronenberg, Tsukamoto Shinya, Sono Sion, Nicolas Winding Refn, Denis Villeneuve, Shiraishi Kôji et tant d'autres. Est toujours hanté par la fin de Twin Peaks The Return.
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