[Film] Dangerous Flowers, de Poj Arnon (2006)


5 jeunes femmes travaillent pour un dénommé Chai Lai et sont spécialisées dans les missions undercover de tous genres nécessitant charme, compétences et courage. On fait appel à elles pour retrouver une jeune enfant. Sur les traces de cette dernière, les 5 Anges vont se frotter à une organisation criminelle internationale.


Avis de Yume :
Il fallait oser. Il fallait oser aller aussi loin dans la vulgarité, la lourdeur, la niaiserie et l’emprunt éhonté. Il fallait oser et les thaïlandais l’ont fait sans l’ombre d’un remord, assumant de façon flagrante le ridicule effrayant du résultat final. Et c’est bien grâce à ça, cette surenchère assumée, poussée parfois à l’extrême du mauvais goût, que Dangerous Flowers séduit autant qu’il laisse inquiet. Il fallait oser et dans son genre le film n’y va pas par quatre chemins. L’idée directrice est que tout cela soit fun, décérébré, régressif. Et bien le pari est hautement remporté avec les félicitations du jury puisque même les plus écervelées des productions Nu Image n’arrivent pas à la cheville de ce que Dangerous Flowers donne copieusement.

Imaginez une fine équipe de cinq donzelles, plus ou moins généreusement dotées par la nature et pulmonairement athlétiques, qui luttent contre le crime sous la direction d’un chef d’équipe masculin. Le premier qui pense à Charlie’s Angels à raison, même si l’inspiration n’est pas à chercher du côté de la série mais plutôt des deux films cultismes signés McG. D’ailleurs en plus du thème musical, Dangerous Flowers emprunte son intro aérienne au premier film ainsi que quelques délires comme la danse du popotin. Mais loin de s’arrêter à ces simples emprunts à une franchise unique, le film pioche à tout va, créant un feu d’artifice de références dont le flot continu donne le tournis et finalement une certaine envie de vomir. Heureusement tout cela se fait dans une décontraction potache totale, où se mêlent humour lourdingue, tenues légères, situations rocambolesques, retournements de situations improbables, punch lines débordantes de candeur, et poitrines généreuses. Et oui il faut bien vendre le produit.

Si les cinq actrices principales du film n’ont pas le charisme (voire même le talent) du trio américain, il faut avouer que certaines d’entre elles ne peuvent laisser indifférent ou insensible le mâle qui regarde le film une bière à la main. En chef de file les charnelles Supaksorn Chaimongkol (aka Kratae), et Bongkoj Khongmalai (aka Tak) idols tout aussi charmantes qu’actrices pitoyables mais dont le tour de poitrine est à l’image du film : débordant et racoleur. Il est dommage cependant que le réalisateur, Poj Arnon, n’est réussi (ou voulu) qu’à faire des actrices des simples poupées gonflables au lieu de les mettre en valeur. Les autres actrices peuvent en comparaison laisser de marbre, mais le quintet n’est que la partie visible d’une galerie iconoclaste de personnages en tous genres, tous complètement déjantés et souvent de très mauvais goût dont le maintenant indispensable lady boy et la caricature qui accompagne généralement le personnage dans les productions thaïlandaises, mais aussi une improbable méchante à la vulgarité absolue. Mais le fin du fin, cerise délicieusement sucrée sur un gâteau à la crème grasse, reste une gamine karateka au centre de deux des scènes les plus incroyables du film.

Dans un déluge continu de scènes d’actions survoltées montées avec des moufles, chorégraphiées par un adepte de la non-violence et exécutées avec conviction à défaut de professionnalisme, les personnages traversent le film en une succession de tableaux reliés par un mince lien scénaristique. Mais à vrai dire chercher un scénario au film est saugrenu, les auteurs du film eux-mêmes n’y ayant pas réellement pensé. Reste un fun indiscutable, dans lequel les passages nanardesques côtoient les scènes bis, sur fond d’humour thaïlandais, c’est-à-dire pas bien haut. La recette n’est pas nouvelle pour une immense majorité de films récents de Thaïlande, et bien que l’habitude rend plus permissible à une avalanche de blagues scatos et à un festival de grimaces, il faut avouer que la lourdeur outrancière de l’ensemble rend le film bien pénible sur la longueur. Heureusement le réalisateur ose tout, et assume le tout, dont l’inutilité flagrante d’un tel long métrage. Et devant cet étalage de bonne humeur et d’entrain à accoucher d’une œuvre nimportnaweske, il est difficile de ne pas pardonner les grosses imperfections de l’ensemble, à condition bien sûr d’avoir laissé son cerveau se reposer ailleurs.

LES PLUS LES MOINS
♥ Le nawak assumé
♥ Un mauvais goût assumé
♥ Le casting de demoiselles
♥ Du fun et encore du fun
⊗ Le jeu des actrices
Dans le genre débilitant et déplorable mais pourtant incroyablement généreux dans son foutoir, la Thaïlande n’a pas mieux fait. Le pire c’est que la marge de progression semble infinie. On va vraiment finir par l’avoir notre nanar ultime made in Thaïlande.



Titre : Dangerous Flowers / Chai Lai
Année : 2006
Durée : 1h40
Origine : Thaïlande
Genre : Charlie et ses drôles de thaïs
Réalisateur : Poj Arnon
Scénario : Poj Arnon

Acteurs : Petchtai Wongkamlao, Bongkoj Khongmalai, Supaksorn Chaimongkol, Jintara Poonlarp, Kessarin Ektawatkul, Bunyawan Pongsuwan, Krit Sripoomsed

 Chai lai (2006) on IMDb


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Auteur : yume

Un bon film doit comporter : sailor fuku, frange, grosses joues, tentacules, latex, culotte humide, et dépression. A partir de là, il n'hésite pas à mettre un 10/10. Membre fondateurs de deux clubs majeurs de la blogosphere fandom cinema asitique : « Le cinema coréen c’est nul » World Wide Association Corp (loi 1901) et le CADY (Club Anti Donnie Yen).
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