Plusieurs disparitions d’enfants sont signalées dans la petite ville de Derry, dans le Maine. Au même moment, une bande d’adolescents doit affronter un clown maléfique et tueur, du nom de Grippe-sou, qui sévit depuis des siècles. Ils vont connaître leur plus grande terreur…
Avis de Rick :
Afin de ne pas céder au fameux jeu des 7 différences, de la comparaison avec le livre, avec le téléfilm de 1990, puisque d’une part tout le monde l’a déjà fait et d’autre part, ce n’est au final pas intéressant, mettons les choses au clair. Oui, j’ai lu le roman Ça il y a des années, et voilà. Oui, j’ai découvert le téléfilm Ça alors que je n’avais même pas 10 ans, et d’une part, les clowns, et bien je m’en fou, ça ne m’a jamais fait peur (mais je ne comprend pas non plus en quoi c’est censé amuser), et le téléfilm ne m’a donc aucunement traumatisé, et d’un autre côté, et bien il faut avouer qu’au final, quitte à me faire lapider par une horde de fans, il n’est pas bon ce téléfilm. Filmé platement, ultra soft car téléfilm pour la TV, avec des acteurs plutôt convaincant enfants mais catastrophiques dans la seconde partie, un final totalement à côté de la plaque. Puis non, le clown ne fait pas peur, même si Tim Curry est une des réussites du téléfilm (la seule ?). Bref, voilà, Ça, version cinéma, version 2017. Un film tellement attendu comme étant le messie des adaptations de Stephen King (il faut dire que La Tour Sombre est sorti deux mois plus tôt dans l’indifférence totale, et ce n’était pas glorieux) que tout le monde semble s’être emballé devant cette adaptation, la mettant d’office sur un piédestal en oubliant absolument toute objectivité. Ça version 2017 est un bon film, il a plus d’un atout dans sa poche, mais non, ce n’est pas le meilleure adaptation, et surtout non, ce n’est pas le film le plus flippant existant, oh que non, loin de là. Certes la peur, c’est subjectif, personne n’a peur des mêmes choses, mais j’ai plus eu l’impression que Ça réussissait à poser une ambiance horrifique qu’à faire peur. Poser une ambiance, il y arrive d’ailleurs avec brio, et là j’applaudis, mais faire peur, à part nous mettre quelques jumpscares, j’ai l’impression qu’il n’essaye même pas.
Ça, tout le monde connaît l’histoire, pas la peine de revenir là-dessus. Dans une ville paumée du Maine, plusieurs jeunes vont s’allier pour traquer un Clown surnaturel qui utilise leurs peurs pour les emmener dans son antre, car « they float down there » qu’on nous dit depuis plus de 30 ans. Roman, téléfilm, film, le pitch reste le même, tout comme dans les grandes lignes sa narration. On nous présente une bande de jeunes plus ou moins développée suivant le moment où ils apparaissent dans le récit, des jeunes souvent délaissés par leurs parents et le monde adulte en général, et qui vont se serrer les coudes pour s’en sortir, car le pouvoir de l’amitié, tout ça tout ça. Bon il y a aussi à un moment le pouvoir de l’amour mais on y reviendra plus tard. Parlons déjà de ce que le film fait bien, car il fait beaucoup de choses bien. La reconstitution d’époque, la mise en scène, la photographie, tout ça, c’est un sans faute, c’est magnifiquement filmé, c’est gothique presque par moment (l’exploration de la maison abandonnée), certaines idées sont bien vues (la dite maison ressemble vraiment à une maison fantôme où chaque pièce amène une frayeur différente), c’est du vraiment bon boulot, bien pensé, bien cadré, bien photographié, aucun souci. On se croirait vraiment en 1989 dans cette petite ville paumée qui cache de grands secrets. Malgré certaines simplicités, l’écriture des personnages est elle aussi réussie, même si parmi la bande, deux ou trois personnages seront laissés en arrière plan. Et le clown donc, élément de la peur de beaucoup ? Il ne fait, à mes yeux, absolument pas peur, après tout, la plupart de ses apparitions ne sont pas assez longues pour imposer une ambiance lourde de peur, mais je dois saluer l’effort pour le rendre creepy, et surtout saluer sa toute première apparition lors de la scène d’ouverture, assez magistrale au final.
D’ailleurs avec Ça version 2017, on sent bien que nous sommes dans un film de cinéma, et que le cinéma a évolué. On peut faire mal aux enfants, et quand il le faut, le métrage ne s’en prive pas. Plus violent, plus sombre dans son visuel et ses choix, plutôt bien écrit et rythmé, Ça a donc pas mal de bonnes cartes en main. MAIS, car rien n’est parfait, loin de là, il faut également avouer que le film fait quelques choix peu glorieux à certains moments qui viennent lui retirer un peu de sa force. Premier point, sans doute le moins important puisque le film semble plus vouloir jouer sur l’ambiance que la peur, ses jumpscares. Ils ne sont pas si nombreux que ça si on le compare à d’autres métrages récents du genre, mais ils ne fonctionnent pas. Le film fait monter la tension grâce à de très bons artifices, que ce soit dans la mise en scène ou simplement ses idées, mais se plante par la suite avec un jumpscare. La plupart son prévisibles et peu efficaces. Ce qui ne ridiculise pas le film, mais le rend plus dans l’ère du temps on dira. Non, le point le moins réussi du métrage, ce sera son côté « regarde je suis dans les années 80 », qui semble être de plus en plus présent autant au cinéma (les suites tardives, reboot, hommages) que dans les séries (Stranger Things), et qui casse totalement certaines scènes avec l’utilisation de la musique. Mettre des tubes des années 80 en bande son alors que les enfants nettoient une salle de bain pleine de sang après un moment où la tension monte = mauvaise idée. La scène semble déplacée. Et pourtant, j’aime bien The Cure, mais non, pas là !
Dans le même ordre d’idée, la scène où les jeunes se battent avec les adolescents pas gentils à coup de cailloux dans la face… pourquoi y mettre un autre tube des années 80, et des ralentis partout ? Pour lui donner un aspect cool ? Mais Ça, ce n’est pas censé être cool, c’est censé être de l’atmosphère non ? Quelques scènes se greffent ainsi dans le film et ne semblent pas vouloir suivre la ligne directrice générale, et c’est dommage. Quelques moments tombent à l’eau également, comme ce moment où le pouvoir de l’amour gagnera… Cela empêche le film d’être ce qu’il aurait pu être, sans pour autant en faire un mauvais film. Car à l’heure où le cinéma d’horreur est de plus en plus présent et rapporte de plus en plus d’argent, Ça fait au moins des choix parfois judicieux, il développe ses personnages, il se refuse le gore frontal (la mode des torture porn), et si il utilise certains jumpscares, ils ne sont pas non plus le cœur du récit (contrairement à beaucoup de titres récents). Le métrage s’avère efficace, un plaisir pour les yeux, certaines scènes fortes sont présentes, les personnages sont intéressants et les acteurs bons, on s’attache à eux. Le fameux clown est en soit convaincant, plus sombre que par le passé, mais tente par moment d’en faire trop. L’ambiance années 80 fonctionne visuellement (on a même pas mal d’hommages à l’époque en arrière plan, via des posters, des noms, des affiches) mais tente également d’en faire trop au niveau sonore. Du coup, on se retrouve devant un film d’horreur bien supérieur à ce qui nous arrive généralement au cinéma, mais qui ne fait pas peur, et qui essaye toujours d’en faire trop. Réussi, plaisant, mais pas la claque que certains voient, du moins pas pour moi.
LES PLUS | LES MOINS |
♥ Visuellement impeccable ♥ La première scène, extra ♥ Des personnages attachants ♥ Une bonne ambiance |
⊗ Le film ne fait pas peur ⊗ Quelques scènes trop appuyées et discutables |
Ça version 2017 est un bon film. Il installe une bonne ambiance, nous intéresse sur la durée. Mais il ne fait pas peur, du tout, et a recours à des procédés qui ne marchent pas, que ce soit dans ses tentatives de faire peur (les jumpscares) ou de se raccrocher aux années 80 (les scènes avec la musique trop appuyée). |
Année : 2017
Durée : 2h15
Origine : U.S.A. / Canada
Genre : Horreur
Réalisation : Andy Muschietti
Scénario : Chase Palmer, Cary Fukunaga et Garu Dauberman d’après Stephen King
Avec : Jaeden Lieberher, Jeremy Ray Taylor, Sophia Lillis, Finn Wolfhard, Chosen Jacobs, Jack Dylan Grazer, Wyatt Oleff et Bill Skarsgard
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