[Film] Breakdown, de Jonathan Mostow (1997)

Jeff et Amy Taylor ont pris la route pour San Diego, où les attend une nouvelle vie. En plein désert, leur voiture tombe en panne. Un poids lourd s’arrête. Le chauffeur Red propose de leur venir en aide. Tandis qu’Amy se charge, avec le secourable camionneur, d’aller quérir une dépanneuse, Jeff s’emploie à réparer le véhicule, qu’il réussit à faire démarrer. Il décide d’aller rejoindre Amy mais, au relais routier, il ne trouve pas trace de son épouse. Devant le silence des autochtones, il reprend le volant et aperçoit le camion de Red. Lorsqu’il interroge ce dernier au sujet de son épouse, Red fait mine de ne pas le connaître. Questionné par la police, il nie avoir jamais rencontré ni Jeff ni sa femme. Jeff comprend qu’il devra agir seul.


Avis de Rick :
Breakdown, voilà bien le film que tout le monde a vu. Pas un chef d’œuvre, non loin de là, mais pourtant, régulièrement, je le vois, dans ma collection, et je ne peux m’empêcher de prendre le dvd et de le revoir. Et oui, certains, quand ils veulent entendre parler de la famille et voir des voitures sur la route qui se crashent, ils se regardent l’intégrale Fast and Furious (hein John), et bien moi, je me refais Breakdown. Oui, c’est plus réaliste, les crashs sont réels, et la vision de la famille est bien différente, mais que voulez vous. Breakdown, c’est un concept simple, raconté de manière simple, et qui vise en premier lieu l’efficacité, la tension, ne veut pas que l’on décroche, et finalement, pendant 1h33 seulement, on est scotché à notre siège, et nos yeux ne dérivent pas de l’écran. L’époque en quelque sorte, 1997, où les gros films étaient encore parfois courts, et ne perdaient pas de temps en bavardages inutiles. Breakdown donc, c’est l’histoire de Jeff et Amy. Enfin, surtout Jeff, joué par notre énorme Kurt Russell (New York 1997, Jack Burton, The Thing, Bone Tomahawk). Un couple normal dirons nous, qui malgré les apparences, avec leur voiture flambant neuve et bien couteuse, est un couple comme on en connaît tous. Au bord de la faillite, traversant le pays pour une vie meilleure ailleurs, où il faudra tout recommencer : nouvelle maison, nouveau travail, nouveaux amis. Seulement comme c’est souvent le cas dans le cinéma Américain, les routes paumées de l’Ouest Américain ne sont pas forcément hospitalières. Et alors que le couple tombe en panne, ils tombent sur Red, un bien gentil camionneur joué par J.T. Walsh (le couple aurait du jeter un œil à sa filmographie pour savoir qu’on ne peut pas lui faire confiance) qui propose de les amener au restaurant le plus proche pour appeler une dépanneuse, se mettre au frais en attendant. Le cauchemar commence, puisqu’Amy partira avec Red, tandis que Jeff lui restera avec la voiture, et comprendra que non, sa voiture n’est pas en panne, un câble a été débranché. Reprenant la route pour rejoindre sa femme au restaurant, c’est l’horreur. Elle n’est pas là, Red n’est jamais venu.

Pas grave, Jeff, confus, reprend la route, et tombera sur Red, qu’il arrête. Un flic passe par là, tout peut alors s’arranger. Seulement Red nie avoir déjà vu Jeff ou même sa femme, son camion est fouillé et vide. Jeff se retrouve seul, personne ne le croit, la police ne bouge pas, et il se rend compte que les disparitions (ou fuites) sont courantes dans le coin. Oui, en soit, l’intrigue de Breakdown n’est pas nouvelle. Ce n’est de toute façon pas ça qui fait sa force. Breakdown, qui a été filmé chronologiquement pour plus de réaliste de la part des acteurs, est un thriller, ou plutôt un film à suspense admirable dans ce qu’il entreprend. La mise en scène de Jonathan Mostow (qui fut repéré par ce film, et réalisera par la suite le sympathique et inutile Terminator 3) est tendue, proche des personnages, et n’en fait jamais trop, le scénario est simple mais n’a aucune longueur, les acteurs sont investis, Kurt Russell y est d’ailleurs magistral, tellement que l’on pourrait presque sentir sa peur et son stress à travers l’écran. Même le score musical de Basil Poledouris est aussi simple qu’efficace. La force de Breakdown, c’est d’aller vite où il doit aller, de nous faire rentrer dans son ambiance et ce malgré quelques facilités scénaristiques. Oui, on est censé être au milieu de nul part, avec des routes de plusieurs dizaines de kilomètres sans la moindre civilisation, et pourtant le hasard fait très souvent les choses, les flics étant souvent là où il faut au bon moment, décidant de faire leur tournée par là. Tout s’enchaine bien, voir trop bien, sans pour autant que cela soit gênant, et ça c’est déjà un tour de force en soit. Pour autant, et ce malgré les facilités, Breakdown reste tendu et réaliste. Pas d’héroïsme, de scènes over the top (bon, à part peut-être un moment bien tardif), de poursuites de 20 minutes en voitures dans le désert, ni même de personnage principal invincible qui se relève toujours. Jeff est un humain, comme vous et moi, qui a souvent peur pour sa vie, échappe parfois à la mort de justesse, et qui se retrouve acculé, avec sa femme kidnappée, avec des demandes folles qu’il ne peut absolument pas remplir, qui devient paranoïaque de tout et de tout le monde.

Ça fonctionne. Et même lorsque le film doit parfois se bouger, comme lors de quelques scènes en voiture, de la scène de l’aire de repos pour routier ou dans le final, il n’en fait jamais trop. La scène où Jeff est caché sur le camion devant être le meilleur exemple de la manière de faire du film. Pas d’effets tape à l’œil, pas d’élément over the top, pas de grandes facilités pour le héros, mais une scène qui prend son temps, qui a été réalisée pour de vrai sans l’aide de CGI ou autre, et qui du coup laisse la tension s’exprimer. Et lorsque le film est sur la route, avec par exemple un personnage poursuivis par un autre véhicule, le film nous rappelle quelque peu le Duel de Spielberg, jusqu’à sa manière de filmer. C’est donc terriblement prenant, terriblement efficace, rythmé et en plus très court. Oui, l’histoire est simple et classique, tout comme les personnages au final, mais le film ajoute quelques éléments, notamment dans son dernier acte, qui vient donner mine de rien pas mal d’épaisseur à l’ensemble, et vient éviter un trop grand manichéisme, et ça, qu’est ce que ça fait plaisir au final. On a un certain regard sur la famille Américaine la plus banale qui soit, mais qui est à l’opposé de la vision classique que les gros films veulent nous faire passer dans le cinéma à grand spectacle depuis tant d’années (Fast and Furious pour ne citer que l’exemple le plus flagrant). Et finalement, arrivé au terme de la vision de Breakdown, j’en sors ravis comme à chaque fois, ayant passé 1h33 cloué à mon canapé, à fond dedans, tendu, et persuadé que quoi qu’on en dise, Breakdown est un des meilleurs films du genre des années 90. Et dans un an ou deux, je n’hésiterais pas à le ressortir pour repasser 1h33 en compagnie de Kurt sur la route.

LES PLUS LES MOINS
♥ Ultra rythmé et sans détour
♥ Une réelle tension qui ne se relâche pas
♥ Casting impeccable
♥ Mise en scène simple mais réaliste
♥ Un fond plutôt intéressant par moment
⊗ Un scénario hyper simple tenant sur un post-it
note8
Breakdown, c’est un scénario simple, des personnages simples, mais un film tendu, hyper rythmé, plutôt réaliste et qui ne nous lâche pas pendant 1h30. Un bel exemple d’efficacité dans le genre.



Titre : Breakdown

Année : 1997
Durée :
1h33
Origine :
U.S.A
Genre :
Suspense
Réalisation : 
Jonathan Mostow
Scénario : 
Jonathan Mostow et Sam Montgomery
Avec :
Kurt Russell, J.T. Walsh, Kathleen Quinlan, M.C. Gainey, Jack Noseworthy, Ritch Brinkley, Moira Harris et Rex Linn

 Breakdown (1997) on IMDb


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Auteur : Rick

Grand fan de cinéma depuis son plus jeune âge et également réalisateur à ses heures perdues, Rick aime particulièrement le cinéma qui ose des choses, sort des sentiers battus, et se refuse la facilité. Gros fan de David Lynch, John Carpenter, David Cronenberg, Tsukamoto Shinya, Sono Sion, Nicolas Winding Refn, Denis Villeneuve, Shiraishi Kôji et tant d'autres. Est toujours hanté par la fin de Twin Peaks The Return.
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