[Film] Blood Father, de Jean-François Richet (2016)


John Link n’a rien d’un tendre : ex-motard, ex-alcoolique, ex-taulard, il a pourtant laissé tomber ses mauvaises habitudes et vit reclus dans sa caravane, loin de toute tentation. C’est l’appel inattendu de sa fille Lydia, 17 ans, qui va lui faire revoir ses plans de se tenir tranquille… Celle-ci débarque chez lui après des années d’absence, poursuivie par des narcotrafiquants suite à un braquage qui a mal tourné. Lorsque les membres du cartel viennent frapper à la porte de John, ils ne s’attendaient pas à cet accueil…


Avis de Cherycok :
Qu’on aime ou qu’on n’aime pas Mel Gibson, il reste malgré tout un acteur culte pour toute une génération de cinéphiles qui ont grandi dans les années 80. La trilogie Mad Max, Tequila Sunrise, Comme un Oiseau sur la Branche, la quadrilogie L’Arme Fatale, Braveheart, Maverick, ou même encore Forever Young, Payback, et bien d’autres. Mais à la sortie de La Passion du Christ en 2004, le bonhomme a divisé les foules. Beaucoup y ont vu un non-respect de certaines réalités historiques, d’autres l’ont accusé d’attiser la haine contre les Juifs, certains ont pris le film comme une publicité à peine déguisée pour la scientologie. Bref, à partir de là, sa côte de popularité a fondu comme neige au soleil et il s’est fait bien plus discret devant la caméra. Plus aucun film entre 2004 et 2010, et un retour timide dans quelques productions plus modestes, ou dans des plus petits rôles. Même s’il avait déjà commencé avec Kill The Gringo (2012), il tente avec Blood Father (2016) de revenir par la petite porte dans le milieu du cinéma d’action. En résulte un film qui divise, mais qui moi m’aura bien diverti.

Jean-François Richet n’est pas le réalisateur le plus prolifique du monde, mais il aura néanmoins su très vite se faire remarquer. On lui doit des films tels Ma 6-T va crack-er (1997), le remake de 2005 du Assault on Precinct 13 (1976) de John Carpenter ou encore le diptyque sur Mesrine L’instinct de Mort / L’Ennemi Public n°1 (2008). Après une pause de plus de 7 ans, il revient avec l’anecdotique Un Moment d’Egarement en 2015, mais surtout le Blood Father qui nous intéresse ici. Nous sommes clairement dans de la série B pleinement assumée, qui va à l’essentiel sans jamais péter plus haut que son cul. Mel Gibson incarne John Link, un ancien motard / tolard alcoolique qui tente de refaire sa vie au fin fond du Texas, dans sa caravane lui servant aussi de salon de tatouage. Il n’a pas revu sa fille depuis des années et lorsque celle-ci refait surface, il se rend vite compte qu’elle est dans un merdier pas possible. Il décide de la cacher mais les cartels la retrouvent bien vite et s’en prennent à John. Il va devoir faire un choix : soit la laisser se démerder toute seule et assumer ses conneries, soit l’aider maintenant qu’il l’a enfin retrouvée, quitte à se mettre en danger et foutre en l’air sa liberté conditionnelle. Mais après l’avoir recherchée tant d’années, en vain, il était inconcevable pour lui de la laisser filer. Sauf que le cartel mexicain, il n’est pas là pour enfiler des perles…

Il est clair qu’on est dans du vu et revu, avec un scénario tenant sur un post-it. Les histoires de vengeance et de rédemption, il en existe plein. Blood Father ne transcende aucunement le genre et c’est dans l’ensemble très convenu : l’amour fou d’un père pour sa fille qui le pousse à un déferlement de violence afin de la protéger, quitte à devoir faire certains sacrifices. Pourtant, il se dégage du film une atmosphère très particulière en partie grâce à une mise en scène simple mais bien maitrisée de Richet. Le soleil lourd, les paysages désertiques, les motos, on a parfois l’impression d’être devant Mad Max. La photographie est très réussie, certains plans sont superbes et mettent bien en valeur les gueules cassées de certains acteurs. Le charisme de Mel Gibson reste intact malgré le coup de vieux, William H. Macy (Magnolia, la série Shameless), Michael Parks (Red State, Kill Bill 2) et Erin Moriarty (Captain Fantastic, la série The Boys) sont toujours aussi excellents. Dommage que le méchant interprété par Diego Luna (Rogue One, Y Tu Mama Tambien) manque clairement de carrure et de charisme…
Alors oui, Blood Father manque clairement de surprises et le déroulement de son scénario est très conventionnel. Mais le film s‘assume comme tel. Richet n’en fait jamais trop et son héros n’est pour une fois pas le cliché de l’ancien marine invincible qui pète la gueule en claquant des doigts. Non, c’est ici un américain lambda, un peu bourrin sur les bords, et au final éminemment attachant, ce qui n’empêche pas le film, lorsqu’il quitte sa partie drame pour virer à l’action, d’être couillu bien comme il faut.

LES PLUS LES MOINS
♥ Un bon casting
♥ Mise en scène plutôt soignée
♥ Un mix drame / action réussi
⊗ Scénario vu et revu
⊗ Diego Luna pas crédible en grand méchant
Même s’il manque parfois d’un peu de rythme, Blood Father est une série B décomplexée qui ne se prend pas la tête. Même si ce film ne signera pas son grand retour à cause d’un trop grand classicisme, Mel Gibson crève une fois de plus l’écran par son charisme (quoi qu’on puisse penser de lui). Un film convenu mais néanmoins efficace.

LE SAVIEZ VOUS ?
• Le film que le personnage d’Erin Moriarty va voir au cinéma est Assaut sur le Central 13 (2005), que Jean-François Richet avait réalisé plus de 10 ans avant.
• Le personnage de Mel Gibson fait allusion lors d’une scène à la célèbre série Desperate Housewives, dont un des personnages, Lynette, est interprété par Felicity Huffman, qui est la femme dans la vraie vie de William H. Macy, qui interprète dans le film le meilleur ami de Mel Gibson.
• Blood Father est adapté du roman du même nom écrit par Peter Craig, qui l’a lui-même transformé en scénario pour son adaptation cinéma. Le film ne reprend que la dernière partie du livre. Sylvester Stallone avait déjà voulu en 2008 adapter ce roman en film.
• La scène de fin, lorsque les personnages de Mel Gibson et Erin Moriarty se retrouvent cachés derrière la voiture pendant qu’ils se font canarder, est un clin d’œil à la première scène de L’Arme Fatale 4 qui reprend le même principe.


Titre : Blood Father
Année : 2016
Durée : 1h28
Origine : France
Genre : Mel is back ?
Réalisateur : Jean-François Richet
Scénario : Peter Craig, Andrea Berloff

Acteurs : Erin Moriarty, Mel Gibson, Diego Luna, Michael Parks, William H. Macy, Miguel Sandoval, Dale Dickey, Richard Cabral, Daniel Moncada

 Blood Father (2016) on IMDb


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Auteur : Cherycok

Webmaster et homme à tout faire de DarkSideReviews. Fan de cinéma de manière générale, n'ayant que peu d'atomes crochus avec tous ces blockbusters ricains qui inondent les écrans, préférant se pencher sur le ciné US indé et le cinéma mondial. Aime parfois se détendre devant un bon gros nanar WTF ou un film de zombie parce que souvent, ça repose le cerveau.
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