Maya vit seule avec son père dans une campagne perdue des Philippines. Ce dernier lui apprend à chasser au fusil et à survivre dans ce milieu hostile comme un homme. Un jour, alors qu’elle se promène seule avec son fusil et son chien, elle tue un aigle pour le dîner, sauf que l’aigle en question est une espèce protégée et qu’aux Philippines, on ne rigole pas avec ça. Cette famille va donc se retrouver avec la police sur le dos.
Avis de NasserJones :
Birdshot commence comme un film contemplatif de Terrence Malick avec plein de jolis plans de couchers de soleil, de montagnes majestueuses et de champs baignés dans la lumière du crépuscule. C’est beau, c’est lent, c’est un peu chiant, c’est du cinéma d’auteur quoi. C’est le genre de film qui a tendance à me faire un peu dormir mais où en même temps je me dis: “ah ouais, c’est du vrai cinéma quand même”. Et puis le film se transforme peu à peu en film sur la corruption et les violences policières, de cinéma contemplatif on passe au film social.
On s’enfonce petit à petit dans le thriller à la Sydney Lumet avec un jeune flic idéaliste qui se retrouve confronté à la corruption et qui va se casser les dents contre le système à la manière d’un Serpico, et puis qui va se finir comme un western. C’est ce mélange de genres qui rend le film imprévisible et donc surprenant. Là où dans un vrai film de genre tout est balisé et repose sur des codes bien fixes, ici on ne sait jamais où ça va nous emmener, au risque de dérouter. Je me souviens que quand j’ai commencé à sérieusement m’intéresser au cinéma HK il y a 25 ans de ça, c’est une des choses qui m’avait d’entrée fasciné : le mélange des genres. Si en occident ce mélange n’est pas toujours bien accepté, en Asie c’est quelque chose de très répandu et ici nous avons presque trois films en un.
Alors le film est tellement riche et brasse tellement de thématiques (la corruption et les violences policières, le passage de l’enfance à l’âge adulte, le rapport entre l’homme et la nature) que certaines situations sont trop vite expédiées. Notamment l’évolution psychologique du jeune flic idéaliste qui passe en un claquement de doigt de bon flic droit dans ses bottes à crapule sans cœur. Bien que le film dure quand même 1h56, on sent qu’il aurait fallu au moins une demi heure de plus à Mikhail pour développer ses thèmes, mais l’ensemble s’avère en l’état déjà tellement surprenant, tellement atypique et fascinant qu’on pardonne à ce jeune réalisateur, dont il s’agit ici seulement du deuxième film et qui, au moment de sa réalisation, n’avait que 26 ans, ces quelques défauts.
LES PLUS | LES MOINS |
♥ La photographie et les paysages naturelles magnifiques ♥ Les nombreux thèmes ♥ Le côté atypique et imprévisible du film |
⊗ Un peu lent ⊗ Peut-être trop riche |
Birdshot est une expérience envoutante, un film atypique aux confins de plusieurs genres, brassant de multiples thématiques. |
LE SAVIEZ VOUS ?
• A tout juste 29 ans Mikhail Red a déjà 6 films à son actif. Son dernier film en date sorti en 2020, Block Z, est un film de zombie.
Birdshot est sorti chez Spectrum Films en combo DVD / Blu-ray au prix de 15€. Il est disponible à l’achat ici : Spectrumfilms.fr En plus du film, on y trouve : Interview du réalisateur, Critique par Dirty Tommy et Critique Masquée et Bande-annonce |
Titre : Birdshot
Année : 2016
Durée : 1h56
Origine : Philippines
Genre : Film d’auteur / Thriller / Western
Réalisateur : Mikhail Red
Scénario : Mikhail Red, Rae Red
Acteurs : Mary Joy Apostol, Arnold Reyes, John Arcilla, Ku Aquino, Argo, Dido de la Paz, Elora Españo, Ronnie Quizon, Rolando Inocencio, Suzette Ranillo