[Film] Birdemic: Shock And Terror, de James Nguyen (2010)

Une horde d’oiseaux mutants descend sur la paisible ville de Half Moon Bay, en Californie. Alors que le nombre de morts augmente, deux citoyens parviennent à riposter, mais survivront-ils?


Avis de John Roch :
Gvnzoihfbuyvhjznkl. Non, je ne fais pas un AVC sur mon clavier, mais après avoir vu Birdemic : Shock and Terror, je ne voyais pas quoi écrire d’autre. Un petit temps de réflexion plus tard, et me voilà prêt à vous parler de ce film bien connu pour être l’une des pires choses jamais tournée. Et je vous conseille de vous en tenir à cette réputation méritée. Car Birdemic, c’est une épreuve psychologique. Birdemic, c’est un test d’endurance. Birdemic, c’est le premier FFNI, soit la première fiente filmique non identifiée. Birdemic, c’est comme recevoir une déjection d’oiseau en plein été dans les cheveux en plein centre-ville, on est bien emmerdé car d’une part on a l’air con, d’autre part l’impossibilité de se nettoyer vous met bien dans la merde. Birdemic c’est pareil, il y a quelque chose de gênant à avoir gâché 1h33 de sa vie, je me suis senti un peu con après le générique de fin en me disant que chaque instant de ma vie pourrait être le dernier, et ce dernier instant aurait pu être ce film. La vie est courte, il faut savoir en profiter…mais pas comme ça. Non je déconne,je l’ai cherché, je l’ai trouvé et je ne regrette rien, Birdemic m’a surtout appris une chose : n’importe qui, et aussi incompétente soit cette personne, peut tourner un film. Il m’a aussi fait réaliser que finalement, les gens qui sont là à parler d’un film en disant qu’ils feraient mieux s’ils avaient pris la caméra, quitte à se retrouver parachuté sur un blockbo à 200 millions sans expérience aucune, n’ont pas forcement tort car dans le cas Birdemic, n’importe qui aurait certainement fait mieux, ou pire je ne sais pas. Mais laissons de côté mon introduction qui n’a aucun sens pour rentrer dans le vif du sujet : Birdemic, un film qu’il est tellement mauvais qu’il n’en devient pas nanardesque, ou peut être que si, car au moment où j’écris ces lignes je suis encore sous le choc et la terreur. De ce fait une chose est sure, c’est que le titre n’est pas mensonger, et pour ça, il aura 0.5/10. Découvrons ensemble si avec un peu de recul, il mérite une note nanar, mais j’en doute.

Birdemic est l’œuvre de James Nguyen, grand admirateur de Alfred Hitchcock qui a grandi en regardant ses films. Nguyen avait déjà deux films à son actif avant Birdemic : la comédie romantique Julie and Jack, et le thriller SF Replica (sorti en 2017 mais tourné en 2005), dans lequel il rendait déjà hommage à Hitchcock en s’inspirant de Vertigo. Quant à la qualité de ses deux premiers métrages, ne comptez pas sur moi pour aller vérifier, tant le film dont il est question ici n’incite pas à la découverte du reste de sa filmographie. Pour Birdemic, James Nguyen rend à nouveau hommage à Hitchcock en livrant sa version des Oiseaux mais pas que, puisque le réalisateur, qui s’autoproclame « Master of Romantic Thrillers », commence son métrage comme une histoire d’amour. Mais avant ça, et avant que les aigles attaquent, il va falloir survivre. Survivre à l’envie de prendre sa télécommande, survivre à l’envie de presser le bouton stop, Vivre pour Survivre, et survivre au générique de début. Et c’est déjà une épreuve, ce générique, il dure quatre minutes. Quatre minutes de balade interminable en voiture, quatre minutes d’images baveuses, quatre minutes dont la musique donne envie de s’arracher les oreilles et de les manger, car la musique est une boucle de 20 secondes répétée pendant quatre putains de minutes. Birdemic est une épreuve mentale, un test d’endurance qui va mettre vos nerfs à rude épreuve tant l’envie de stopper le carnage se fait sentir à tout instant et si vous résistez à ce générique, vous pourrez passer à l’épreuve suivante : l’histoire d’amour. Birdemic a pour héros Rod, un vendeur de produits high tech qui tombe par hasard sur Nathalie, un mannequin qui était dans sa classe au lycée deux rangs devant lui. Si elle ne se souvient pas de lui (normal, ils ne se connaissent pas), lui a un coup de foudre (normal il était secrètement amoureux, mais s’ils ne se connaissaient pas), il va donc inviter sa future conquête à manger, puis à danser, puis à faire du sexe après avoir conclu.

J’ai voulu faire un effort pour me plonger dans cette histoire d’amour, car qui sait ça peut être touchant, même pour une production de 10000 Dollars. Mais non, déjà ça bouffe 40 minutes interminable du métrage, le lobe droit de mon cerveau avait à plusieurs moments pris le contrôle de ma main droite pour prendre la télécommande et stopper le film, mais mon lobe gauche a pris le dessus. Mais non, car plus que le déroulement de ladite histoire d’amour et les piteux dialogues, c’est le jeu d’acteur qui choque et fait que ça ne fonctionne pas. Whitney Moore qui joue Nathalie passe encore, entendez par là que ce n’est pas une bonne actrice mais qu’elle tente de faire ce qu’elle peut, mais son manque de conviction lors des dialogues font que ceux-ci sonnent complètement faux. On a plus l’impression qu’elle écoute son futur boyfriend en mode balek total de ce qu’il raconte qu’avec un ne serait-ce qu’un mini soupçon d’intérêt. De l’autre côté, nous avons Alan Bagh dans le rôle de Rod qui n’est pas un mauvais acteur, non c’est pire que ça. Parce que être mauvais acteur est une chose, mais Alan Bagh lui n’est tout simplement pas à l’aise devant la caméra. Que ce soit quand il récite ses lignes de dialogues ou juste quand il marche le gars prend un air constipé, comme stressé d’être filmé. Vous voyez l’actor’s studio? En Alan Bagh, j’y ai vu l’antithèse parfaite. A ce stade, Birdemic reste une épreuve mentale, un test d’endurance qui va toujours plus mettre vos nerfs à rude épreuve tant l’envie de stopper le carnage se fait sentir à tout instant et si vous résistez à la première partie de ce film, vous pourrez passer à l’épreuve suivante : l’attaque des aigles.

Tout l’intérêt de Birdemic, si l’on excepte son fond et sa technique sur lesquels je reviendrai plus bas, est dans les scènes ou les aigles attaquent. Oui, que des aigles, pas d’autres oiseaux. A la question pourquoi James Nguyen n’a pas appelé son film Eaglemic : Shock and Terror, je n’ai pas la réponse. Mais bref, pardonnez cet écart existentiel pour se concentrer sur les scènes de Shock et de Terror. Et bien… oui ça vaut le coup d’œil, surtout pour les SFX d’un genre intéressant. Ici, les aigles sont des créations dignes du T-rex de Démo One. Souvenez-vous : PlayStation, nostalgie, tout ça… sauf que ça date de 1994. Ici non seulement les aigles sont dégueulasses de laideur, mais bien qu’il s’agisse de modèle 3D, ceux-ci ont été incrusté en 2D sur les images. Et encore c’est quand ils bougent, car immobiles, les aigles ont visiblement été rognés sur paint et ajouté à l’arrache. En mouvement, c’est clairement d’un niveau quasi jamais atteint (quasi, car n’oublions pas The Amazing Bulk). Imaginez des plans ou des aigles en 3D incrustés en 2D sur des plans ou des acteurs, tout du moins ils ont été crédités en tant que tel, qui s’agitent sans aucune indication de la part du réalisateur…oui ça ne s’imagine pas, ça se vit, ce n’est pas croyable mais lancer Birdemic, c’est croire que ce que l’on va voire est difficilement croyable. Il n’empêche que si j’ai cru que Birdemic allait devenir le nanar que j’espérais tant, ça n’a pas fonctionné. Car passé la magie de la découverte dans la première attaque ou les aigles foncent sur des bâtisses en mode Kamikaze, celle improbable ou les héros affrontent la menace avec comme arme des cintres, le reste blase rapidement. Et pourtant des moments improbables le métrage n’en manque pas, comme celle ou les zoziaux lâchent de la fiente apparemment mortelle sur des victimes qui passaient par là, le plan final qui dure trois minutes qui conclue le film dans un dernier passage auquel je n’ai rien compris, ou celle ou une demoiselle part chier un coup et se fait égorger par un aigle juste avant de poser sa crotte. Mourir en chiant, en voilà une thématique intéressante… car oui, si Birdemic est une épreuve mentale du début à la fin, si c’est un test d’endurance qui va faire péter vos nerfs tant l’envie de stopper le carnage se fait sentir à tout instant, si vous résistez au film dans son entièreté, vous pourrez passer à l’épreuve suivante : le fond et la technique. Car oui, il y a un fond. Mais non, il n’y a pas de technique.

James Nguyen est un cinéaste engagé, et son dada c’est l’écologie. Birdemic, c’est le film de chevet de Greta Thunberg, c’est le film qui est un prolongement du film d’Al Gore une Vérité qui Dérange, c’est le film qui a un message à faire passer, c’est le film qui va vous faire culpabiliser de ne pas avoir écouté. Avec Birdemic, James Nguyen nous parle avant tout de réchauffement climatique. Parfois rapidement via les informations que relatent des feux de forêts et des ours blanc qui ne trouve plus à becter, mais aussi parfois avec des monologues interminables censé nous faire prendre conscience qu’à force de jouer aux cowboy avec la nature l’être humain court à sa perte, quitte à mélanger un peu tout et n’importe quoi (pour James Nguyen les grippes aviaires, c’est la faute au réchauffement climatique et à l’exploitation des énergies fossiles). Quant aux aigles, ils sont en fait la réponse de dame nature au réchauffement climatique et n’attaquent que les gens en voiture ou les stations-service. Ce qui est faux, parce que chier en pleine nature, il n’y a pas plus écolo et pourtant les oiseaux n’aiment pas ça. Il est aussi intéressant de noter que si James Nguyen vante les mérites des panneaux solaires et des voitures hybride, l’action du film se passe en grande partie dans un van qui vu sa gueule n’ai pas une auto hybride, et encore moins une électrique. Reste à évoquer, et après promis je vous laisse tranquille, l’aspect technique de Birdemic. C’est une catastrophe à tous les niveaux. Déjà l’image est baveuse, il n’y a aucune mise au point et la plupart des arrières plans sont tout flou. En parlant de plan, il faut s’accrocher avec un montage catastrophique. Aucun, je dis bien AUCUN plan n’est monté, ni raccordé correctement à l’autre. De plus la prise de son en directe, l’éclairage naturelle, l’absence totale de post production en rajoute dans la laideur. Ajoutez à ça une autre absence de taille : la mise en scène. Elle brille, mais pour son absence. James Nguyen ne se fatigue pas, Birdemic c’est 1h45 de plans fixe ma raccordés entre eux, 1h45 de scènes bien trop longue pour ce qu’elles illustrent. Le réalisateur est tout simplement incapable d’insuffler ne serait-ce qu’une once de rythme à son œuvre et ça loupe pas : devant Birdemic, on se fait chier. Vous l’aurez compris : rien ne va dans Birdemic : Shock and Terror. Ni nanar ni navet, ce film va au-delà de tout et n’est ni plus ni moins qu’une aberration, tout simplement. Ce n’est pas une chronique qu’il faut pour pointer tout ce qui ne va pas dans ce métrage des enfers, c’est un dossier ou chaque plan, chaque raccord, chaque ligne de dialogue, tout en fait, doit être vue à vitesse réelle, puis au ralenti, puis image par image. Et dire que c’est un hommage à Alfred Hitchcock, celui-ci ne doit pas se retourner dans sa tombe, il doit y faire des 1080 Backflip.

LES PLUS LES MOINS
♥ Shock and Terror, il y a du vrai là-dedans
♥ Admirer ceux qui voient ça comme un nanar et se poilent devant. Vous en avez de la chance
♥ Ça fait 20 minutes que je cherche à remplir cette case. Quand ça veut pas, ça veut pas.
⊗ Pour le coup, cette case est trop petite. Mais en vrac : la réalisation, le montage, le son, les acteurs, les images, le rythme, les dialogues, les effets spéciaux, le générique de début, le générique de fin, la musique, la forme, le fond, le film…

Non, Birdemic : Shock and Terror n’est pas un nanar. Non, Birdemic : Shock and Terror n’est pas un navet. Birdemic : Shock and Terror est une aberration.



Titre : Birdemic: shock and terror
Année : 2010
Durée : 1h45
Origine : U.S.A
Genre : Aberration
Réalisateur : James Nguyen
Scénario : James Nguyen

Acteurs : Alan Bagh, Whitney Moore, Janae Caster, Colton Osborne, Adam Sessa, Catherine Batcha, Rick Camp, Stephen Gustavson, Images D’Archives de Tippi Hedren
 Birdemic: Shock and Terror(2010) on IMDb


5 1 vote
Article Rating

Auteur : John Roch

Amateur de cinéma de tous les horizons, de l'Asie aux États-Unis, du plus bourrin au plus intimiste. N'ayant appris de l'alphabet que les lettres B et Z, il a une nette préférence pour l'horreur, le trash et le gore, mais également la baston, les explosions, les monstres géants et les action heroes.
S’abonner
Notifier de
guest

3 Commentaires
le plus ancien
le plus récent le plus populaire
Inline Feedbacks
View all comments