[Film] Bang Rajan, Tanit Jitnukul (2000)


Le roi Mangra veut s’emparer de la capitale de la Thaïlande et envoie ses troupes Birmanes vers celle-ci. Les soldats birmans avancent vers la capitale dans une folie meurtrière, semant terreur et carnages sur leur passage. Mais dans le village de BANG RAJAN la révolte gronde et une poignée d’hommes du village va se lever contre les soldats birmans. La rébellion commence…


Avis de Laurent :
Véritable sensation lors du 3ème festival de Deauville en 2001 (prix du meilleur réalisateur), Bangrajan marque une étape supplémentaire dans la reconnaissance du cinéma thaïlandais alors tout juste émergeant. Réalisé par un Tanit Jitnukul en état de grâce, Bangrajan retrace les exploits guerriers des habitants d’un petit village du royaume de Siam qui résista aux nombreux assauts des troupes du grand rival sanguinaire birman. Événements datant de 1765 et figurant dans tous les manuels scolaires thaïlandais, la résistance de Bangrajan et la rébellion de ses habitants sont une fierté nationale et l’occasion était trop belle pour en faire un nouveau film à la gloire de la patrie. Mais pas n’importe quel film. LE film ultime et intense de violence sauvage. Rapidement culte mais très mal distribué à l’heure ou j’écris ces lignes (un VCD et un DVD non sous-titrés) Bangrajan est devenu rapidement un film très convoité et magnifié par un réseau de fans encore sous le choc de ce concentré de barbarie exotique.

La force de Bangrajan, par rapport aux films de guerres habituellement projetés sur nos écrans, est qu’il propose un contexte inédit pour le spectateur qui ne peut pas se rattacher aux repères habituels qui lui font prendre du recul sur les événements. Le spectateur reçoit ces images chocs comme un coup de machette en pleine figure sans pouvoir réagir à chaud sur ce qu’il observe car totalement original à ses yeux. Il reste stupéfait par ce spectacle de chair, de sang, de terre et de sueur. Le choc des images est tel, que l’absence de sous titrage n’est qu’anecdotique et accentue davantage l’exotisme du cadre et plonge encore plus le spectateur dans l’action. Car avant d’être une fresque historique aux moyens énormes pour la Thaïlande et à la figuration exceptionnelle (plus d’un millier de figurants armés), Bangrajan est avant tout un film d’action survitaminé. Le scénario est d’ailleurs anecdotique et se base sur une trame proche des 7 samouraïs de Kurosawa où les villageois menacés vont demander de l’aide à un groupe de mercenaires pour organiser leur défense. Aucun personnage réellement mis en avant, Bangrajan préfère privilégier la force du groupe et cette solidarité est donc renforcée par une multitude de seconds rôles marquants. Chaque personnage est extrêmement typé et reconnaissable physiquement afin de différencier chaque individualité du groupe par son look, ses tatouages, sa coiffure, son arme, sa moustache. C’est une vraie galerie de corps musclés et sensuels en harmonie avec la nature luxuriante de la campagne thaïlandaise, des zones marécageuses à la jungle hostile. Chaque homme, chaque femme et chaque enfant a sa propre histoire qui les rend attachants et renforcera le drame. Car ne vous attendez pas à une oeuvre convenue et à un happy end.

Bangrajan vous rappelle, dans ce cadre paradisiaque, les atrocités de la guerre par un nombre impressionnant de scènes de batailles d’un réalisme insoutenable impliquant absolument tout le monde : principalement les hommes mais aussi femmes, enfants, vieillards … jusqu’aux animaux et surtout … véritable curiosité de ces scènes … des combats à dos de buffle … avec un buffle comme jamais on en avait vu auparavant : des cornes d’au moins 2 mètres d’envergure … Un personnage à part entière. Filmées avec rage, ces scènes n’oublient aucun détail et on observe médusé aux résultats provoqués par une hache sur une jambe ou une massue sur un crâne. Vous l’aurez compris Bangrajan fait très mal. Le film n’est pas exempt de défauts. En particulier sur les baisses de régime dues aux différentes petites histoires personnelles, toutefois cela laisse le temps au spectateur de se laisser transporter dans le quotidien de la vie dans les villages d’autrefois avec un souci de réalisme. Chaque élément culturel est évoqué, du poids de la religion jusqu’au crachat de bétel … L’autre petit bémol, pour certains, concernera la confusion des scènes de batailles et le montage parfois maladroit pour un public habitué aux combats chorégraphiés et millimétrés … mais le contraire aurait été totalement hors-sujet. A noter que sur la quinzaine de films du réalisateur / producteur, Bangrajan en est la plus belle réussite, presque un accident de parcours tellement le reste n’est pas à la hauteur. Tanit Jitnukul enchaîne, depuis ce coup de maître, de nombreuses déceptions avec des réalisations très inégales.

LES PLUS LES MOINS
♥ Des scènes chocs
♥ Le côté grandiose
♥ Les personnages très typés
♥ Mise en scène rageuse
⊗ Quelques baisses de régime
Grande réussite donc au box-office local, et après avoir déchaîné bien des passions, Bangrajan arrive enfin à s’exporter afin de donner enfin une définition au mot barbarie.



Titre : Bang Rajan / Bangrajan / บางระจัน
Année : 2000
Durée : 1h53
Origine : Thaïlande
Genre : Guerre / Révolution
Réalisateur : Tanit Jitnukul
Scénario : Tanit Jitnukul, Kongkiat Khomsiri

Acteurs : Jaran Ngamdee, Winai Kraibutr, Theerayut Pratyabamrung, Bin Bunluerit, Bongkoj Khongmalai, Chumphorn Thepphithak

 Bang Rajan (2000) on IMDb


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Auteur : Laurent

Un des membres les plus anciens de HKmania. N'hésite pas à se délecter aussi bien devant un polar HK nerveux, un film dansant de Bollywood, qu'un vieux bis indonésien des années 80. Aime le cinéma sous toutes ses formes.
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