[Film] Banana Joe, de Steno (1982)

Banana Joe fait vivre tout un village sur une île grâce à son commerce de bananes. Quand un vil industriel vient l’enquiquiner pour monter une usine de bananes, il est contraint d’émigrer en ville à la recherche d’un certificat lui permettant de prouver qu’il peut bien vendre ses bananes.


Avis de Cherycok :
Je ne vais pas vous refaire mon speech sur le fait que Bud Spencer et Terence Hill représente toute une partie de mon enfance, je l’ai déjà fait sur mes dernières critiques du duo. Intéressons plutôt aux origines de ce Banana Joe. Le film est tiré à la base d’une idée de Bud Spencer, qui l’a d’ailleurs co-écrit sous son vrai nom Carlo Pedersoli, et l’acteur a voulu faire passer un message aux spectateurs en faisant une critique du capitalisme industrialisant à outrance en milieu naturel, ainsi que toutes les difficultés administratives auxquelles les braves gens étaient confrontés lorsqu’ils devaient y faire face. Un film du coup un peu plus profond qu’à l’accoutumée, du moins sur le papier puisque le traitement qui lui est donné le destine bien plus aux enfants. Il aura marqué toute une génération de trentenaires, ayant depuis pour lui une très grosse côte de sympathie, et malgré son manque cruel de grosses tatanes dans la gueule, la nostalgie fonctionne encore et toujours, à tel point qu’un grand sourire envahit votre visage lorsque retentit le générique de fin avec le thème du film : vous avez passé un bon moment, avec en bonus un gros bond de 25 ans en arrière !

Même s’il tournait régulièrement avec Terence Hill pour des films devenus cultes, Bud Spencer a toujours continué en parallèle sa carrière solo. Et c’est avec la série des « « Pied-Plat » (Le Cogneur, Inspecteur Bulldozer) réalisé par Steno, réalisateur / scénariste italien très prolifique, qu’il rencontre un certain succès en solitaire. C’est donc tout à fait normal de retrouver ce dernier à la réalisation de Banana Joe après que Bud Spencer lui ait parlé de ce scénario qui lui tenait à cœur.
Que les fans du bonhomme se rassurent, même si Bud Spencer essaie d’amener un peu de profondeur à son film, tous les ingrédients qui ont fait son succès et celui de son compère sont bel et bien présents ici, à commencer par un thème musical qui reste bien en tête, une marque de fabrique. Bud Spencer y incarne toujours un bon gars, plus doué pour faire fonctionner ses muscles que son cerveau. Son personnage de Banana Joe vit sur une île, subvient aux besoins de sa tribu, ne sait ni lire ni écrire, ne sait même pas ce qu’est l’argent, n’a pas de pièce d’identité, n’a jamais ne serait-ce que posé un pied en ville, mais il aime la justice. Un personnage abandonnant temporairement sa jungle à lui pour être confronté à une autre jungle, la jungle urbaine. Un scénario tout simple, à l’image du personnage principal du film, avec donc un côté bien plus enfantin que les films du duo, à l’instar de certains de ses autres films solos tels que Le Shérif et les Extra-Terrestres (1979) ou Faut Pas Pousser (1980), qui le mettaient d’ailleurs en vedette aux côtés d’un jeune garçon. Mais ici, pas de réel sidekick à ses côtés pour compenser l’absence de Terence Hill comme ça pouvait être le cas dans On m’appelle Malabar et son comparse Manitou (joué par Amidou) ou dans Capitaine Malabar dit La Bombe et son ami / coach Jerry (interprété par Jerry Calà). Il y a bien Mario Scarpetta qui amène une autre touche comique de manière régulière mais son temps de présence à l’image est bien trop faible pour vraiment parler de duo ici. Et c’est bien un des seuls réels soucis de Banana Joe, il manque ce comparse aux côtés de Bud pour réellement donner cette touche « buddy movie » qu’on apprécie tant dans les films du duo.

Mais malgré cela, Banana Joe fonctionne, avec son humour bon enfant, ses gags très cartoon (la voiture qui s’envole, les dents qui tombent suite à une grosse claque, …) avec ses bruitages bien exagérés semblant sortir d’un dessin animé. Même les personnages semblent parfois sortis de dessins animés, comme ce grand méchant improbable, ridicule au possible, adepte du jetage par la fenêtre quand il est en danger, sorte d’Aldo Maccione miniature arborant une moustache qu’un portugais des années 80 n’aurait pas reniée et répétant « Une banane par jour, c’est la santé toujours » ; ou encore ce sergent de l’armée semblant fortement apprécier le surjeu de notre Louis de Funès lors d’une scène d’entrainement militaire improbable ressemblant étrangement à celui policier du film du duo Spencer / Hill Deux Supers Flics (1977). D’ailleurs, ce n’est pas le seul « emprunt » à d’autres films de nos deux comparses puisqu’on retrouve par exemple à nouveau une course de véhicules (après celles d’Attention on va s’fâcher), et même les thèmes de Deux Supers Flics et Pair Impair (1978).
Par contre, les amoureux de leurs scènes de bagarre à base de grosses taloches dans la face seront ici déçus. Banana Joe est clairement une comédie matinée d’aventure et la distribution de claques qui claquent est réduite au strict minimum. La première n’intervient qu’à la 49ème minute et est très courte (environ 30 secondes) et le final ne peut même pas être considéré comme une vraie baston puisqu’on assiste à une destruction de casino à grand coups de masse de la part de Bud Spencer, la distribution de torgnioles n’y étant que très légère. C’est dommage car on remarque quelques cascadeurs récurrents et ils sont sous-exploités…

LES PLUS LES MOINS
♥ Bud Spencer
♥ Le coté exotique
♥ L’humour bon enfant
⊗ Très peu de bastons
Banana Joe est un divertissement extrêmement attachant. Pas le meilleur film de Bud Spencer en solo mais un petit plaisir empli de nostalgie qu’on regarde le sourire aux lèvres pour qui aime ce grand Monsieur du cinéma italien.



Titre : Banana Joe
Année : 1982
Durée : 1h32
Origine : Italie / Allemagne
Genre : Comédie / Aventure
Réalisateur : Steno
Scénario : Mario Amendola, Bruno Corbucci, Steno, Bud Spencer

Acteurs : Bud Spencer, Marina Langner, Mario Scarpetta, Gianfranco Barra, Enzo Garinei, Gunther Philipp, Giorgio Bracardi, Carlo Reali

 Banana Joe (1982) on IMDb

















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Auteur : Cherycok

Webmaster et homme à tout faire de DarkSideReviews. Fan de cinéma de manière générale, n'ayant que peu d'atomes crochus avec tous ces blockbusters ricains qui inondent les écrans, préférant se pencher sur le ciné US indé et le cinéma mondial. Aime parfois se détendre devant un bon gros nanar WTF ou un film de zombie parce que souvent, ça repose le cerveau.
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