[Film] Ab-Normal Beauty, de Oxyde Pang (2004)


Jiney, une étudiante en arts plastiques, est considérée comme la photographe la plus douée de son école. Un jour, un passant est renversé sous ses yeux par un chauffard. Une pulsion incontrôlable l’envahit et la pousse à photographier le visage ensanglanté de l’homme à l’agonie. Persuadée de tenir là le sujet de sa vie, Jiney va développer une fascination pour la mort qui va fortement altérer sa santé mentale. Petit à petit, elle sent qu’elle perd le contrôle d’elle-même et craint d’en arriver au meurtre. Une issue fatale dont même son amie Jasmine, avec qui elle entretient une relation plutôt ambiguë, risque bien de ne pouvoir la détourner…


Avis de Kwaidan :
Après le très sympathique, mais pourtant mal aimé, THE EYE 2, AB-NORMAL BEAUTY marque le retour des désormais célèbres frères Pang, du moins en tant que producteurs puisque seul Oxide prend les rênes de ce nouvel opus. Cette fois, ils abandonnent le surnaturel pour un thriller psychologique particulièrement glauque et flippant.

AB-NORMAL BEAUTY se divise en 2 actes bien distincts : on commence par un drame psychologique pour ensuite sombrer dans le thriller horrifique pur et dur lorsqu’un serial killer adepte du snuff se met en tête de réveiller la bête qui sommeille en l’héroïne. La première partie décrit donc la terrifiante descente aux enfers de Jiney, une étudiante en art qui se découvre une fascination pour la mort. Le thème n’est pas nouveau puisqu’on le retrouvait déjà dans le COLOR ME BLOOD RED de notre papy Herschell adoré et même un épisode des CONTES DE LA CRYPTE, mais le film parvient à secouer le spectateur par une succession de scènes sacrément malsaines et une évolution très juste du personnage. AB-NORMAL BEAUTY atteint les limites de l’insoutenable lorsque Jiney demande à un marchand d’exécuter des poulets à la chaîne pour arriver à la photo parfaite ou manipule des carcasses de chiens ou d’oiseaux pour leurs faire prendre la pose idéale. Mais la scène la plus choquante restera sans doute le moment où Jiney shoote toute la chute d’une femme depuis le haut d’un building puis se précipite sur le cadavre dès qu’il touche le sol pour ne pas en manquer une miette. Bien que ne sombrant jamais dans le gros gore qui tache, ce film reste donc fortement déconseillé aux âmes les plus sensibles.

La seconde partie lorgne quant à elle du côté du 8 MM de Joel Schumacher. La scène où Jasmine découvre le film snuff rappelle d’ailleurs fortement celle de Nicolas Cage. Si le côté  » whodunit  » de ce deuxième acte n’est pas ce qu’on a fait de mieux dans le genre (il faut vraiment avoir mis son cerveau au placard pour ne pas savoir qui est le tueur), on y trouve suffisamment de tension pour ne pas décrocher une minute. Oxide Pang se laisse aller à des instants de sadisme que n’aurait pas renié Dario Argento lorsqu’une jeune fille se fait défoncer le crâne avec un tube en fer ou que le tueur règle le déclencheur automatique de son appareil photo avant de se précipiter en vue subjective sur sa victime pour lui coller un coup de poing au visage juste au bon moment. Cette séquence accentue considérablement un malaise déjà bien installé en plaçant le spectateur, jusque-là simple voyeur, directement dans la peau du bourreau. Je peux vous assurer qu’il en restera peu dans la salle pour faire encore les malins. Le seul petit regret que l’on aura est que le réalisateur ait parfois tendance à se laisser aller à un montage tellement haché qu’il nuit considérablement à la lisibilité de l’action, en particulier dans les scènes se déroulant dans un endroit très sombre avec une lumière verte. Au-delà des scènes choc, on retiendra surtout de ce AB-NORMAL BEAUTY la magnifique interprétation de la très belle Race des 2R, qui réussit à nous faire ressentir la déchéance de son personnage sans jamais tomber dans une surenchère qui aurait tout gâché. Et pourtant, les occasions de se planter ne manquaient pas. Dans le genre, difficile de faire mieux donc et le regard de Jiney lorsque la bête se réveille vous cloue véritablement sur place.

LES PLUS LES MOINS
♥ Une ambiance réussie
♥ Les scènes chocs
♥ L’interprétation
⊗ Le montage trop haché
AB-NORMAL BEAUTY se révèle un nouvel excellent opus des frères Pang. Un film parfois émouvant (Jasmine tentant de sauver Jiney), bien réalisé et au casting impeccable mais dont la violence risque de rebuter une partie des amateurs des THE EYEs, tout de même moins glauques. Quant aux détracteurs des Pang, on pourra dire ce qu’on veut, ils trouveront de toutes façons toujours de quoi massacrer ce film. Mais bon, les goûts et les couleurs…En tous cas je vous conseille chaudement ce AB-NORMAL BEAUTY, ne serait-ce que pour Race.



Titre : Ab-Normal Beauty / 死亡寫真
Année : 2004
Durée : 1h28
Origine : Hong Kong
Genre : Horreur
Réalisateur : Oxyde Pang
Scénario : Oxyde Pang, Pang Pak-Sing

Acteurs : Race Wong, Rosanne Wong, Anson Leung, Michelle Yim, Ekin Cheng, Cub Chin

 Sei mong se jun (2004) on IMDb


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Auteur : Kwaidan

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