[Film] A Day on the Planet, de Isao Yukisada (2004)


Un groupe d’amis se réunit chez l’un d’entre eux pour fêter son emménagement. Pendant la soirée, ils suivent en direct à la TV l’histoire d’un homme coincé dans un mince espace entre deux immeubles, et celle d’une baleine échouée sur une plage proche.


Avis de Yume :
Passé de l’ombre à la lumière avec un seul film, le sublimissime GO en 2001, Isao Yukisada partage de nombreuses caractéristiques avec celui avec qui il a appris le métier : Shunji Iwai, pour qui il a été assistant directeur de Ghost Soup à April Story en 1998, date à laquelle il décide de se lancer dans la réalisation pour enfin sortir son premier métrage en 2000 : Himawari (avec Kumiko Aso).

S’il est bien un talent que Isao Yukisada partage avec Iwai, c’est bien celui de portraitiste de talent. Les personnages de ses films sont tout simplement humains, et donc crédibles. Cela est d’autant plus visible chez Isao Yukisada depuis qu’il écrit lui-même les scénarios des films qu’il met en scène. Kyo No Dekigoto est d’ailleurs le second long métrage tiré d’un de ses propres scénarios. Une histoire d’une simplicité confondante, simplement basée sur la nuit de jeunes gens confrontés à deux histoires, deux faits divers sortants de l’ordinaire : un homme coincé dans un mince espace séparant deux immeubles, et une baleine échouée sur une plage proche. Deux événements qui tranchent avec le banal de la fête qui a lieu, sans tomber dans l’extraordinaire. Une simple tranche de vie d’une bande de potes. Première préoccupation de l’histoire : les relations entre les protagonistes. Tout d’abord le trio principal composé de Maki, Nakazawa et Kate. Les deux premiers sortant ensemble, tandis que la troisième est la meilleure amie de Nakazawa, rendant un peu jalouse Maki. Un triangle classique, interprété de main de maître par (dans l’ordre cité des personnages) Rena Tanaka, Satoshi Tsumabuki et Ayumi Ito. Trois jeunes acteurs de la nouvelle génération du cinéma japonais. Si Ayumi Ito est déjà une valeur sure depuis Swallowtail Butterfly, Satoshi Tsumabuki, lui, s’affirme de plus en plus comme un espoir de grand talent, promenant sa belle gueule tout le long du film, dans la peau d’un personnage peu bavard, et rêvant de devenir réalisateur. Rena Tanaka quant à elle est de plus en plus surprenante depuis quelques temps, passant de la comédie à un registre plus intimiste avec un certain talent.

Mais loin de se concentrer sur ce trio principal, l’histoire s’attache plutôt tour à tour à chaque protagoniste, leur donnant leur  » moment « , pour mieux les décrire et comprendre leur état d’esprit. Parmi eux, Kawachi (interprété par Toshinobu Matsuo), jeune homme faisant tout pour plaire à tout le monde, quitte à laisser sa copine pour venir à la fête. Un personnage réellement attachant, qui à l’instar de tous les autres verront cette nuit le rendre plus adulte, plus responsable. Car finalement les événements de la nuit vont amener les protagonistes à grandir, franchir une étape supplémentaire vers l’âge adulte. Une transition toute progressive et naturelle, faite d’enchaînements de joies simples et de peines toutes aussi réalistes. Kyo No Dekigoto est à ce sens moins un film qu’une chronique douce-amère, portant un regard tendre sur des jeunes gens en recherche d’eux-mêmes. Bien sur toutes les clés ne sont pas données, cette nuit ne constituant qu’une partie de cette recherche, un simple polaroid de vie mis en scène par un Isao Yukisada qui filme avec une fausse simplicité. En effet derrière le dépouillement général des décors (un appartement quasi vide, une rue, une plage, un toit d’immeuble), chaque plan est travaillé et composé avec une minutie totale, jusqu’à dans la gestion du temps qui s’étire ou se raccourci selon les actions.

LES PLUS LES MOINS
♥ Les personnages
♥ Scénario tout simple
♥ La mise en scène
⊗ …
Kyo No Dekigoto se pose facilement comme une belle réussite. Il n’y a pourtant rien d’extraordinaire dans cette simple nuit, mais c’est justement cette banalité saupoudrée d’une pincée de magie qui en fait un film attachant et humain. Isao Yukisada confirme ici son talent, et c’est donc avec impatience qu’il faut attendre la sortie dvd de son succès de l’été 2004 : Sekai no Chushin de, ai wo sakebu.



Titre : A Day on the Planet / Kyo No Dekigoto / きょうのできごと
Année : 2004
Durée : 1h50
Origine : Japon
Genre : Tranche de vie
Réalisateur : Isao Yukisada
Scénario : Shōichi Masuko, Isao Yukisada

Acteurs : Rena Tanaka, Satoshi Tsumabuki, Ayumi Ito, Shuji Kashiwabara, Chizuru Ikewaki, Taro Yamamoto

 Kyô no dekigoto (2003) on IMDb


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Auteur : yume

Un bon film doit comporter : sailor fuku, frange, grosses joues, tentacules, latex, culotte humide, et dépression. A partir de là, il n'hésite pas à mettre un 10/10. Membre fondateurs de deux clubs majeurs de la blogosphere fandom cinema asitique : « Le cinema coréen c’est nul » World Wide Association Corp (loi 1901) et le CADY (Club Anti Donnie Yen).
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