[Avis / Sortie Ciné] Portrait de femmes chinoises

Titre : Portrait de femmes chinoises
Année : 2008
Durée : 1h40
Origine : Chine
Genre : Comédie dramatique
Réalisatrice : Yin Luchuan

Acteurs : Yan Bingyan, Lu Yulai, Zhang Yi

Synopsis : La jeune Daping et son compagnon Chen Jin vivent au coeur d’une grande ville du Sud de la Chine. Forcés l’un et l’autre de quitter la campagne, la solitude les a réunis et les conditions de vie difficiles ont crée des liens forts entre eux. Lrosque surgit la belle Haili, que Chen Jin a connu dans son passé, c’est toute leur vie qui bascule. Elle entraine alors Chen Jin dans une combine, sous le regard impuissant de Daping.
Sortie Cinéma : 5 Aout 2009

Avis de Slimdods : Tourné à Quangzhou dans le sud de la Chine, Portrait de femmes chinoises (aka Knitting, aka Niu Lang Zhi Nu, titre chinois renvoyant à une légende narrant l’amour entre un ange venu du ciel « Niu Lang » et un paysan « Shi Nu ») est un film qui témoigne d’une Chine qui galère, d’une Chine poussiéreuse à la chaleur étouffante. La réalisatrice à décider de nous présenter cette Chine par le biais de trois personnages bien distincts : Daping (Zhang Yi dont c’est son premier film), fille discrète et semblant introvertie, Chen Jin (Lu Yulai, un faux frère de Nicholas Tse), compagnon de Daping et homme à tout faire et Haili (Yan Bingyan Meilleur actrice au 26ème Golden Rooster Award pour Teeth of love), belle poupée asiatique et ancienne connaissance de Chen Jin. Tout le film repose sur ces trois personnes qui sont, pour faire simple, les variables d’une équation que la réalisatrice Yin Lichuan s’amusera à modifier tout au long des 100 minutes de son second film (le premier étant The Park, à ne pas confondre avec le machin d’Andrew Lau).

Car le film, en plus de nous montrer une Chine socialement déséquilibrée (et qui penche beaucoup vers le pied de l’échelle d’ailleurs), nous propose de suivre pour le meilleur mais aussi et surtout pour le pire les relations entres nos trois tourtereaux. Chacun ont au moins un point en commun : le manque d’argent. Mais leurs caractères antagonistes va bien sûr faire naître quelques rivalités malvenues, de la jalousie et autres complications relationnelles qui ne va pas les aider dans la vie de tous les jours. La réalisatrice évite la question sexuelle entre les deux femmes et l’homme (ce qui est une bonne chose d’ailleurs) et préfère détailler l’évolution de ces derniers dans leurs vies quotidiennes, leurs dîners parfois tendus, dans leurs galères pour trouver de l’argent … On se sent vite concerné par leurs histoires d’autant que la réalisatrice, donc femme à temps plein, insère une certaine sensibilité par l’intermédiaire de détails bien vus concernant la rancune entre les deux femmes, comme certains regards qui parlent beaucoup plus que la parole par exemple, ce qui rend le film un peu plus léger sur le fond et bien plus original dans son traitement.

L’excellence du casting est un atout sérieux au film. La justesse de l’interprétation qui transpire la sincérité tout du long fait ressortir une certaine authenticité qui n’ira pas jusqu’à prendre aux tripes (ce que le film n’a aucunement la prétention de faire d’ailleurs), mais qui saura sensibiliser. Les symboles sont assez nombreux, entre Daping qui n’arrive à s’extérioriser qu’en écrivant sur les murs, qui arrive à s’échapper de ce carcan étouffant qu’en faisant un peu de couture et une Haili qui fait absolument tout pour vivre sa vie de femme urbaine en reniant son origine rurale, on sent que la réalisatrice veut montrer les différents caractères des personnes qui ont osé l’exode rural pour mieux vivre, trouver du travail, se battre contre la misère …

Se battre pour survivre, c’est une chose, mais vivre en communauté, c’est tout autre. La réalisatrice, au lieu de nous montrer les faits marquants de l’évolution de chacun (voir la naissance d’un bébé par exemple), préfère nous montrer l’évolution du trio comme d’un tout. Les faits marquants sont donc ceux par lesquelles les relations entre Daping, Haili et Chen Jin évolueront … d’où une narration étrange, agréable mais un peu bancal. On a donc le droit à quelques tranches de vie en pleine intimité avec une caméra assez statique qui s’attarde un peu trop sur certains faits anodins, d’où quelques passages longs à la limite de l’ennui. Le film ne prêtant pas être fun par le sujet qu’il aborde, l’humour y pointe tout de même le bout de son nez à de très rares reprises, histoire de faire retomber une tension palpable.

Intéressant de bout en bout, Portrait de femmes chinoises est un film lent mais addictif et qui fera surtout réfléchir les spectateurs sur le problème de la précarité. La vrai misère se cache là où la société n’apparaît pas, là où on est réellement seul et livré à soi-même, et la réalisatrice arrive à nous sensibiliser grâce ces quelques portraits esquissés. Un film agréable et utile, ça court pas les rues …

Note : 7/10

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Auteur : slimdods

Rejeton Hkmaniak-O-dépressif, je suis le vrai « Bouffe tout » de la famille : du polar urbain sérieux à la comédie kitsh, du Kaiju-eiga au Wu Xia Pian volant, aucun genre n’est épargné par ma faim. D’ailleurs, j’ai un faible pour l’anticonformisme assumé et mon Tsui Hark d’époque me manque énormément. Heureusement que mon Baby Godzilla est réconfortant !
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