[Avis] One last dance, de Max Makowski

Titre : One last dance
Année : 2006
Durée : 1h46
Origine : Singapour
Genre : Comédie dramatique
Réalisateur : Max Makowski

Acteurs : Francis Ng, Ti Lung, Vivian Hsu, Harvey Keitel, Joseph Quek…

Synopsis : Le fils unique d’un gangster est kidnappé. Il engage alors un tueur à gage afin d’éliminer un à un les ravisseurs, dont l’identité de chacun est révélée au fur et à mesure par une petite enveloppe rouge, jusqu’au dernier nom…

 

Avis de Jang Gerald : Comment un tel film a pu rester inédit chez nous, et passé totalement inaperçu dans bon nombre de pays malgré d’excellentes critiques ?
En effet le long métrage de Max Makowski est une oeuvre à part entière, unique, ce genre de pelicule marquante, d’abord par sa mixité (un réalisateur américain , une production singapourienne, des acteurs de tout horizon), mais aussi par son ambition.

One last dance
s’ouvre d’une manière détonnante, un générique où la musique prend une place importante (dont les paroles sont signées par le réalisateur, et joliment intéprétées par Pak Hui) , puisque la voix off (celle de Francis Ng) la présente comme sa chanson (qui ne cessera de quitter le film pendant toute sa durée, se résumant presque à l’unique score du film), s’ensuit une scène à l’humour pince sans rire, bien qu’elle augure de funestes destins.

     

D’un postulat plutôt convenu, Max Makowski nous offre un film d’une richesse tant visuelle que thématique, d’où émerge une double construction de l’intrigue, qui au départ peut sembler décousue et laborieuse, mais qui arrive à tenir debout grâce à un puzzle où chaque pièce est habilement placée, un peu comme la (longue!) partie d’échec entre Francis Ng et Ti Lung.
Il est d’ailleurs assez drôle de noter cette relation ambigüe entre le flic et le tueur, se cotoyant comme de vieux amis, tout en marquant une distance bien visible, comme ces enveloppes qu’ils se donnent par intermitence, contenant en fait le tour à jouer pour les besoins de leur partie déchec. Cet éloignement (une sorte de fronière entre le bien et le mal) est également visible lors d’un plan où les deux hommes marchent tranquilement dans la rue, où la caméra opère des plans sérrés sur les visages, mais ne s’attardant pas trop, orchestrant de se fait un plan beaucoup plus éloigné.

     

One last dance pourrait nous faire penser à un roman pulp hérité de Quentin Tarantino, ou à Memento, de par sa narration complexe, mais Max Makwoski se démarque habilement par une patte bien particulière, brassant plusieurs genres à la fois, où la comédie pure (avec bruitages de dessins animés à l’appui !) côtoie la violence la plus sèche (avec gerbe de sang numérique !), mais aussi l’amour et la douceur, incarnés par l’innocence et la fragilité de Vivian Hsu, qui fera tourner la tête de notre cher Francis Ng, excellent en tueur à gage mélancolique dont la vie minutieusement rôdée se voit boulevérsée par une mission qui le dépasse, remettant ainsi en question tout ce qu’il avait alors construit, comme ses principes, son jugement.

     

Avec ce mélange des genres presque farfelu, Max Makowski aurait pu nous livrer une oeuvre des plus indigestes, mais il n’en est rien, la narration excelle, et la mise en scène fait des étincelles, limite insolente avec ces trouvailles innovantes à la pelle (les photos, la télé, les coeurs…effets gratuits mais effets garantis !), accouchant par la même occasion de scènes proprement mémorables, comme celle des deux morceaux de scotchs et du film transparent, ou bien celle du clignement des yeux !

     

One last dance arrive donc à nous faire rire, avec une histoire qui ne s’y prête pourtant pas, d’abord grâce à des personnages haut en couleur, comme KO (excellent Joseph Quek) et son acolyte sourd et muet (mais musclé), Ti Lung en vieux flic malin comme pas possible (les cigarettes…ahaha !), Harvey Keitel en mafieux parlant aussi bien anglais que cantonais (franchement, le Bad lieutenant qui débite des mots en cantonais !), une fillette de onze ans qui n’a pas froid aux yeux…, sans compter des scènes qui nous arrachent littérallement des rires, comme celle où deux personnages se trompent de chambre d’hôtel, ou bien celle des caméras où l’infiltration d’un Metal gear solid n’est pas loin, enfin cela dépend de la personne, chez Francis Ng c’est la classe, mais chez Joseph Quek, c’est autre chose !

     

Le film de Max Makowski propose également quelques savoureux dialogues embrassant de bien belle manière nos sentiments (enfin ceux des protagonistes) envers la mort, l’amour, l’innocence, le respect, la peur, l’amitié…parce que bien au delà d’être un « simple » film policier, One last dance se permet quelques reflexions bien placées.
Une oeuvre audacieuse, originale à plus d’un titre, poignante, drôle, à l’intéractivité constante (même une seconde vision s’impose, histoire de remettre les morceaux dans l’ordre !) et visuellement bluffante.
One last dance est décidément une production peu commune, portée par un casting de luxe, et le fruit d’un travail exemplaire de la part de son metteur en scène, Max Makowski, illustre inconnu, dont l’immense talent n’a pas été reconnu à juste titre au vu de sa (petite) filmographie.
A vous d’essayer de changer la donne en vous plongeant dans ce plaisant tour de passe passe aussi virtuose que divertissant !

Note : 8/10

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Auteur : Jang Gerald

Fan de Jackie Chan depuis son plus jeune âge, mais aussi de John Woo où « action non-stop » prenait pour moi un vrai sens. The Blade de Tsui Hark fut un choc viscéral comme jamais. Rapidement tourné vers l'import, cette véritable passion n’a jamais cessée de s’accroître...
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