Makoto, un lycéen délinquant, arrive à Tokyo pour se venger d’un événement de sa jeunesse. Mais une jeune fille de riche, Ai, tombe immédiatement amoureuse de lui. Elle va tout faire pour que Makoto rejoigne son école. Les choses se compliquent, car Iwashimizu, un autre élève, est amoureux de Ai, et Gamuko, membre d’un gang, tombe amoureuse de Makoto également.
Avis de Rick :
Miike, avant, on se jetait sur ses œuvres pour voir ses délires, souvent nombreux et imprévisibles. Mais depuis quelques années, on y va plutôt à reculons, entre des films ineptes (Yatterman, Ninja Kids), des gros produits commerciaux sans âmes (les Crows Zero), de très bons remakes (13 Assassins), des plaisirs coupables (Zebraman 2 de mon côté) ou les copiés collés (Hara-Kiri). Ainsi, à chaque film, on commence la projection par la peur. En 2012, deux gros projets commerciaux, deux adaptations. D’un côté, Ace Attorney d’après le jeu vidéo Phoenix Right, et de l’autre ce Ai To Makoto d’après un manga. Miike est en terrain connu, puisqu’en terme d’adaptation de manga, de comédies musicales, de romances ou de films de bastons, il a déjà donné. Malheureusement, ce ne sont pas toujours les genres dans lesquels il a brillé. En terme de baston, on pensera aux Crows Zero, et en terme de romance, au pas très fameux Andromedia. Ai To Makoto, de son titre international For Love’s Sake faisait donc peur. Et pourtant, le début surprend et on plonge sans problème dans son univers. Pour note, je ne connais absolument pas le manga dont il est inspiré, et donc je ne chercherais pas à comparer les deux supports.
For Love’s Sake nous propose donc de suivre les aventures de Makoto, un jeune délinquant qui porte une cicatrice sur le front, qui aime bien la baston, et qui peut chanter de temps en temps. Le début nous met dans le bain, puisqu’après une courte scène animée et une présentation de l’endroit et l’époque dans laquelle se déroule l’histoire, on nous présente directement, en chanson, avec danse et tout, les deux personnages principaux, le tout saupoudré de quelques bastons assez violentes. La mise en scène et la photographie nous rappellent immédiatement l’univers de Miike, avec pas mal de tics de mise en scène que l’on a déjà pu apprécier par le passé, des couleurs chaudes, un montage assez speed. Miike soigne son visuel, tout en ne refaisant pas les erreurs qu’il avait commises sur Yatterman et Ninja Kids. Si le film bénéficie de couleurs chaudes, les couleurs ne viennent pas nous agresser la rétine sur les 2h14 du film, et visuellement, le film est très agréable à suivre. Encore mieux, l’histoire, pourtant banale (diverses romances autour de deux personnages), se suit plutôt simplement, et Miike s’amuse à mixer les genres et les effets de styles d’une scène à l’autre. Baston, comédie potache, comédie musicale, romance mielleuse, drame parfois plus sombre, tout ça passe à la moulinette, et dans un premier temps, c’est un vrai plaisir. Certes simple, mais plaisir quand même.
Ai, un vrai pot de colle
L’aspect comédie musicale est d’ailleurs sans doute le plus réussi du métrage. Les chansons sont excellentes, certes souvent pleines de bons sentiments, mais parfois totalement crétines, et accompagnées de chorégraphies qui contribuent au délire et à la bonne humeur. Les chansons, le rythme, l’arrivée de Makoto dans l’école de surdoués, puis dans l’école « pour ratés » sont de grands moments. Les deux acteurs principaux sont parfaits dans leurs rôles (Tsumabuki Satoshi, vu dans Smuggler et Villain, et Takei Emi, aperçue dans The Cherry Orchard), et sont accompagnés de quelques acteurs convaincants, comme Saito Takumi (13 Assassins, Ace Attorney, Vampire Girl VS Frankenstein Girl) dans le rôle de Iwashimizu ou encore Ando Sakuro (A Crowd of Three et surtout Love Exposure) dans le rôle de Gamuko. Bref, tout aurait été pour le mieux, mais on se rend rapidement compte que le métrage ne va pas garder ce même rythme de croisière sur l’ensemble de sa durée, assez conséquente.
Chantons un peu!
Passé la moitié de son histoire, le film va se calmer totalement au niveau musical, relégué en arrière plan et souvent moins inspiré, pour se concentrer sur la romance, moins captivante, et surtout sur la baston. Ainsi, on a parfois l’impression, dans sa seconde partie, de se retrouver devant un Crows Zero bis dans lesquels les gangs se foutent sur la gueule, non pas pour le contrôler de l’école, mais pour avoir le cœur de Matoko. Pire, on retrouvera un peu le même schéma que dans Crows Zéro 2 (une école, des étages, le boss de fin sur le toit). Heureusement que le film conserve son humour pour faire passer la pilule, même si au final, on est beaucoup moins envouté par sa seconde partie, jusqu’à un final dont Miike à la secret, se foutant ouvertement de la gueule des comédies romantiques de studios, en faisant quelque peu l’opposé de ce qu’on aurait du lui demander. Miike dit non aux happy ending, et fait son film, en respectant et parfois détournant le cahier de charge. Au moins, il parvient à le rendre plus divertissant et buvable que certains de ces derniers films, même s’il est loin d’être parfait. Ça aurait pu être bien pire.
Ai To Makoto est un film plaisant, mais déséquilibré et un poil trop long. Sa première partie amuse et captive, sa seconde un peu moins, c’est dommage.
Titre : For Love’s Sake – Ai To Makoto – 愛と誠
Année : 2012
Durée : 2h14
Origine : Japon
Genre : Comédie musicale (avec romance et baston inside)
Réalisateur : Miike Takashi
Acteurs : Takei Emi, Tsumabuki Satoshi, Andô Sakura, Hioto Yô, Ichimura Masachika et Ihara Tsuyoshi