[Avis] Death and Glory in Changde, de Dong Shen

Titre : Death and Glory in Changde / 常德大血战
Année : 2010
Durée : 1h28
Origine : Chine
Genre : Guerre

Réalisateur : Dong Shen

Acteurs : Ray Lui, Yixuan An, Wenkang Yuan, Mengwei Xie, Lei Fan, Zi Yang

Synopsis : En novembre 1943, à Changde dans la province du Hunan, 8 000 soldats du Kuomintang combattent contre 40 000 soldats japonais afin de préserver la ville de l’occupant.

Avis de Laurent : Lorsque la Chine populaire proposait en 2005 son premier film de guerre moderne estampillé blockbuster avec On the Mountain of Tai Hang (Tai Hang Shan Shang), on en restait pour le moins circonspect. En effet, la réalisation too much assumée et en grande partie réussie était contrebalancée par le côté révisionniste et ultra-patriotique de la chose. L’exercice de style n’était pourtant pas inintéressant puisque ce premier film de Dong Shen mettait en avant les nouveaux moyens dont disposaient les chinois pour ce type de production. Les amateurs de pyrotechnie impressionnante et de figuration illimitée en avaient pour leur argent. Techniquement, proche des standards occidentaux, On the Mountain of Tai Hang révolutionna le cinéma chinois et peut, au minimum, se venter d’avoir ouvert la voie à des films tels que Héros de Guerre (The Assembly) de Feng Xiaogang ou encore de la trilogie Chinese Wars, de Song Yeming, Zhai Junjie et Lan An.

Pour son troisième film, Dong Shen renoue avec ses premières amours. En effet, tout comme pour On the Mountain of Tai Hang, Death and Glory in Changde relate les exploits des soldats chinois face à l’envahisseur japonais. Cette fois-ci, l’action se déroule durant l’année 1943 de la guerre sino-japonaise (1937-1945) dans la province du Hunan (Sud-Ouest de la Chine). 40 000 japonais s’apprêtent alors à attaquer la ville de Changde protégée uniquement par 8 000 soldats du Kuomintang. Malgré la supériorité numérique des japonais, les soldats chinois vont tenir la ville au prix d’un sacrifice humain sans commune mesure.

Vous l’aurez compris, tous les ingrédients sont une nouvelle fois réunis afin de proposer au spectateur chinois une nouvelle super-production qui réécrit l’histoire tragique du pays en y incorporant tous les clichés inhérents au genre. On retrouve donc une batterie de personnages caricaturaux et plein de bons sentiments dégoulinants. Le manichéisme primaire est encore de mise. Le japonais est une nouvelle fois diabolisé par une cruauté mal dégrossie (rappelons tout de même que les japonais ont utilisé les armes chimiques et bactériologiques lors de la bataille de Changde avec l’aide de la tristement célèbre unité 731 – Les amateurs de cinéma extrême comprendrons).

La mise en scène est construite avec une finesse pachydermique et la narration toujours aussi poussive. L’enchaînement des séquences est aussi jouissif que prévisible. Ces mêmes séquences débordent à chaque instant de pathos grossier et attendu. Bref, les allergiques au cinéma chinois pompeux et malhonnête ne manqueront pas d’arguments pour détester un Death and Glory in Changde qui rempli parfaitement son cahier des charges de blockbuster bourrin et patriotique.

Seulement, ce nouveau film de Dong Shen est d’une générosité rare en ce qui concerne le nombre de séquences d’action impressionnantes et immersives. En effet, les scènes de combats son nombreuses et variées. L’amateur de barbaque et de sulfateuse aura du mal à laisser retomber le sourire niais qui dégouline de son visage tant le sentiment de satisfaction est comblé. Dong Shen a su corriger les erreurs de son premier film en soignant davantage sa mise en scène, la lisibilité de ses combats ainsi que l’utilisation d’effets spéciaux modernes (les CGI n’ont jamais été une spécialité chinoise). La démolition de la ville de Changde est cinématographiquement impressionnante et la sensation de prise au piège parfaitement rendue avec ses diverses embuscades et autres snipers planqués dans les décombres.

Le casting est globalement satisfaisant. Pour le plus grand plaisir de l’amateur de cinéma hongkongais, Ray Lui reprend du service (Flashpoint, 2000 A.D., Fatal Termination, Devil Hunters). On retrouve à ses côtés des acteurs connotés mainland ou Taiwan plutôt connus pour leurs apparitions dans divers dramas et autres téléfilms.

Death and Glory in Changde, même s’il ne fait pas dans la dentelle, est au final un divertissement intéressant pour peu que vous ne soyez pas intolérants aux super-productions nationalistes chinoises. Dong Shen progresse sur la forme même s’il peine à sortir du film de commande étiqueté PCC. Il est le répondant maladroit et anti-auteurisant du chef d’œuvre de Lu Chuan qu’est City of Life and Death sorti quelque mois auparavant. Même si les deux films n’ont pas le même niveau de respectabilité, leurs visionnages respectifs devraient mériter le même intérêt.

Note : 5/10

Le trailer :

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Auteur : Laurent

Un des membres les plus anciens de HKmania. N'hésite pas à se délecter aussi bien devant un polar HK nerveux, un film dansant de Bollywood, qu'un vieux bis indonésien des années 80. Aime le cinéma sous toutes ses formes.
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