[Avis] Torrid Wave, de Meg Lam

Titre : Torrid Wave / 熱浪
Année : 1982
Durée : 1h25 (version censurée)
Origine : Hong Kong
Genre : Drame
Réalisateur : Meg Lam

Acteurs : Meg Lam, Chau Wan, Ngaai Dik, Ray Lui, Kent Cheng, Ida Chan, Chang Kuo Chu, Yip Ha Lei, Law Ho Kai, Lau Yat Fan, Leung Suet Mei, Hui Ying Ying, Seung Goon Yuk, Chan Lap Ban, Lo Yuen,  Ho Pak Kwong.

Synopsis : Deux jeunes escort girls vivant pleinement leur féminité, entretiennent une relation homosexuelle complètement assumée sans se soucier du regard du monde qui les entoure. Mais l’environnement dans lequel elles évoluent aura vite fait de troubler cette relation.

Avis de Supavince:
A sans cesse rechercher de la nouveauté et de la rareté dans les tréfonds du cinéma de Hong Kong, on arrive à dénicher des films tombés dans l’oubli, dont on ignorait totalement l’existence et qui dénotent du mainstream. Torrid Wave se classe à juste titre parmi ces films et porte un regard différent sur la société hongkongaise de l’époque.

 

Le film n’hésite pas mettre au centre du récit le sujet de l’homosexualité, pas forcément évident à traiter de façon aussi libre et sans complexe au début des années 80, et dans une société hongkongaise assez machiste à l’époque. De ce fait, la réalisatrice Meg Lam (qui s’est aussi octroyée l’un des rôles principaux) a peut-être délibérément choisi de se pencher sur ce thème à travers l’histoire de deux femmes, certainement plus facile que de le traiter avec deux hommes. On peut d’ailleurs constater l’évolution des mentalités à Hong Kong lorsque près de 30 ans plus tard le même sujet est repris, et cette fois-ci avec des hommes dans Amphétamine de Lawrence Ah Mon et Scud.

 

Les deux escort girls (Meg Lam et Chau Wa), femmes modernes, vivent pourtant une relation décomplexée, sans faire fi des regards et réactions du monde qui les entoure. Mais cette relation va s’avérer fragile et va lentement s’effriter. Leur histoire se veut presque inadaptée à leur époque et les rencontres qu’elles vont faire l’une et l’autre vont briser petit à petit leur couple. Un homme, entre autre, viendra s’immiscer dans la vie du couple, en la personne d’Ngaai Dik qui joue le rôle d’un homme draguant ouvertement l’une d’entre elles et jettera son dévolu sur Chau Wa. A partir de là, l’équilibre qu’elles avaient va se retrouver chamboulé. Elles seront confrontées à d’autres successions d’évènements qui arriveront en cascade, comme pour faire comprendre que leur relation est finalement impossible et non conforme au monde dans lequel elles vivent. Elles sont en quelques sortes obligées de suivre le dictat de la norme imposée par la société, et subissent ces épreuves comme une sorte de rappel à l’ordre face à cet amour compliqué.

 

Torrid Wave se démarque dans le paysage cinématographique hongkongais, du fait du thème abordé, mais le problème c’est qu’il n’est pas exempt de défauts. Meg Lam réalise ici son seul et unique film, et cela ne me surprend pas plus que ça, tellement le film est irrégulier dans son rythme, la mise en scène parfois hachée et l’impression d’un montéage fait limite avec les pieds. Bon, la version VHS censurée (lors des scènes de fesses) que j’ai eu l’occasion de voir, avec son lot de coupes franches n’aident peut-être pas non plus à porter un bon jugement, mais il n’en demeure pas moins un manque de maîtrise à œuvrer derrière la caméra.

 

Cependant Meg Lam s’en sort bien face à celle-ci et a su se faire accompagner de quelques acteurs en vogue au début des années 80 comme Ngaai Dik, Kent Cheng ou encore Ray Lui dans le rôle de l’ami protecteur. Et enfin Hong Kong ne serait pas Hong Kong sans nous surprendre d’une manière ou d’une autre. Torrid Wave est à la fois une comédie dotée de son bon petit moment d’exploitation bien barré où Kent Cheng, dans la peau d’un chauffeur de Taxi frustré du kiki et ayant un gros problème avec les femmes (tu m’étonnes!), va partir en totale roue libre à jouer le pervers-séquestreur. Un gros pétage de plomb dont lui seul a le secret.

 

Au final, Torrid Wave n’est pas dénué d’intérêt. Tantôt original et élégant (l’intro), tantôt bancal et kitsch, on se laisse malgré tout porter par ce rythme étrange, mais avec une grosse sucrerie sous forme de pétage de plomb lors de la scène finale qui affirme à nouveau le côté «what the fuck» du ciné HK qui ne cesse de nous interloquer par ses retournements de situations plus que surprenants en passant du coq à l’âne.
En gros, un film réservé aux aficionados qui n’hésitent pas à sortir des sentiers battus, et également pour les complétistes comme on dit…

Note : 5,5/10

 

 

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Auteur : Supavince

Épris d’une faim insatiable de découvrir de nouvelles choses, toujours en quête de raretés en tout genre et de films injustement oubliés. Hong Kong reste son espace de jeux préféré, mais il n'est pas contre quelques polars coréens bien nerveux ou encore apprécier un masseur aveugle occire ses adversaires à l’aide de son sabre dissimulé dans sa cane…
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