[JV] City Shrouded in Shadow (2017, PS4)

Le joueur doit réussir à fuir la ville alors que des monstres géants débarquent et réduisent la ville d’Ichi City en cendres.


Avis de Rick :
Kyoei Toshi, de son nom international City Shrouded in Shadow malgré son absence de sortie internationale, c’est un titre qui me tenait à coeur, et surtout un titre que je n’aurais jamais raté, malgré la barrière de la langue. Car oui, il faut avouer que jouer à un jeu intégralement en Japonais, surtout quand pas mal de dialogues et d’informations sont uniquement écrites et non parlées, c’est parfois difficile (oui, j’avais fais Yakuza 5 et Yakuza 0 en Japonais intégral, ainsi que quelques autres jeux). Mais City Shrouded in Shadow, c’était le premier jeu du tout nouveau studio Granzella. Un studio prometteur, puisque créé par d’anciens développeurs de chez Irem Software en 2011 suite à l’annulation de leur dernier jeu suite au tragique tremblement de terre de 2011 au Japon. Et pour le cour d’histoire, Irem Software, c’est un studio que j’apprécie particulièrement, pour nous avoir livré la saga des Disaster Report. Le premier opus, datant de l’ère Playstation 2 (renommé en France SOS The Final Escape), était pour moi un grand moment, malgré son côté trop ambitieux pour la machine (ah les baisses de framerates et la maniabilité parfois approximative). Mais fuir une ville détruite par un tremblement de terre, c’était cool, malgré le fait que les versions occidentales aient eu la bonne idée de rendre les personnages blonds pour les faire passer pour des Américains. Puis il y a eu le second opus, rebaptisé par chez nous Raw Danger, mon préféré, où il fallait encore fuir, mais un tsunami ce coup-ci. Gérer l’humidité, le froid, sauvegarder à des radiateurs, oui c’était cool. Si le troisième opus est resté inédit chez nous et disponible uniquement sur PSP, l’annulation du quatrième opus (qui depuis a eu droit à une sortie, et bientôt une sortie US) aura forcé les développeurs à créer leur propre studio, et City Shrouded in Shadow est leur premier jeu. Un jeu avec le même concept qu’avant, à savoir fuir une ville, mais où il ne faut pas fuir un tsunami ou une quelconque autre catastrophe naturelle, mais bel et bien des monstres géants qui se foutent sur la gueule, et nous sommes tout simplement les dommages collatéraux.

Imaginez un peu le concept de Disaster Report, mais avec dans le jeu Ultraman, Godzilla, Mothra, Gamera, un mecha Evangelion, Patlabor et j’en passe. Ça ne vous vend pas du rêve ? Moi si ! Et dès les premiers instants, on retrouve un peu la magie de ces anciens titres de la Playstation 2. Avec les défauts qui vont avec. Au lancement, nous voilà directement dans la ville, de nuit, et nous faisons quelques choix pour mieux « créer » notre personnage. Des choix simples, comme le fait d’être un homme ou une femme, lui donner un nom, une raison d’être là (rentrer du travail, d’un entretien) et la nature de la jolie demoiselle que l’on va rencontrer (amie, petite amie, connaissance). Quelques pas dans la rue et on se rend compte que le jeu fonctionne comme un Disaster Report. On peut courir (mais attention à la barre de stamina), s’accroupir, ramper, ramasser des objets, sauvegarder à des points fixes comme à la bonne époque, faire des achats dans quelques supermarchés. Puis après à peine quelques pas au bout de la rue, le désastre, une explosion, la panique, les PNJ qui courent dans tous les sens, les flics qui sont débordés, et notre première menace qui arrive juste devant nous. Ah ça, le jeu ne perd pas une seconde pour nous mettre dans le bain, contrairement à Raw Danger et son long prologue (que j’adore hein, me prendre pour un serveur dans une grande réception, c’était fun). Là, Ultraman est devant nous, se fight direct. Et pour ceux qui pensent qu’ils ne font que de la figuration en arrière plan, oh détrompez vous, j’aurais testé, en m’approchant… et aurait eu en quelques secondes un beau game over. Oui, se faire écraser par Ultraman, ça fait mal.

Alors dans les faits, au cours d’une dizaine de chapitres, le jeu va nous proposer de survivre. Oui, City Shrouded in Shadow n’est pas un jeu d’action, nous ne pouvons combattre les monstres, et il faudra fuir. Donc, en gros, courir très souvent en trouvant son chemin, et éviter quelques attaques ou débris avec la touche carré. En soit le jeu est plutôt simple. Plusieurs raisons à cela, plus ou moins habiles, plus ou moins glorieuses. Le chemin à suivre est souvent assez linéaire, sauf si vous voulez débloquer les petits secrets et aider la majorité des survivants sur votre route, ce qui est possible. Mais oui, le chemin est tout tracé, on ne dévie que rarement, et les checkpoints sont relativement nombreux, ce qui permet de ne jamais reprendre trop loin en arrière en cas d’échec. L’autre élément rendant le jeu simple, c’est malheureusement le côté assez simpliste de son gameplay. Le chemin est tout tracé, et si des débris, attaques, ou même des yakuza qui sont à nos trousses sont des éléments à prendre en compte, le jeu ne nous propose qu’une touche pour esquiver. Oui, la fameuse touche Carré, la touche à tout faire. Un morceau de plafond qui nous tombe dessus, la queue de Godzilla ou de King Ghidraoh qui va s’abattre au sol, le sol qui s’effondre, un coup de pied retourné de la part de Kiryu…euh je veux dire d’un Yakuza, et la touche magique s’affiche à l’écran. Cela donne finalement un petit côté vieillot au gameplay du jeu, et c’est dommage. Très dommage, car si le jeu a quelques autres défauts, il n’en demeure pas moins sympathique.

Mais oui, de gros défauts, il en a, car outre son gameplay daté, citons la technique, bien datée également. Visuellement, ce n’est pas la folie, et on dirait un jeu de début de génération précédente. Pas honteux si l’on y adhère, mais loin des standards actuels. Personnellement, cet aspect légèrement vieillot ne me dérange pas, mais ce qui dérange plus, c’est le framerate. Il n’est pas rare, lorsqu’il se passe beaucoup de choses à l’écran (longue rue, bâtiments à perte de vue, explosion et monstre géant), que votre Playstation 4 se mette à tousser affreusement et que le framerate tombe à un niveau extrêmement bas, dans les 10fps. Oui, c’est bas, très bas même. Et de mémoire, actuellement, plutôt rare dans les jeux, même si The Sinking City a ce niveau là à quelques graves baisses de framerate, et qu’au niveau du Japon, on pourra citer Drakengard 3, totalement fun mais totalement à la ramasse, même si le jeu est plus ancien déjà. Techniquement ce n’est pas la joie, mais pour les amoureux de la saga Disaster Report, on passe malgré tout un bon moment. Qui n’a pas rêvé de fuir une ville alors que Godzilla se fou sur la gueule avec King Ghidorah en plein centre ville ? Surtout que si le gameplay est daté, le jeu sait aussi parfois se renouveler, proposant quelques fois de courtes phases de fuite en voiture ou en moto. À la maniabilité hyper sensible, mais ça a le don d’être là malgré tout. Le jeu propose en quelque sorte, pour ceux aimant cette culture, un rêve de gosse. Fuir un pont peu stable alors que Mothra combat Battra tout autour de nous (ai-je déjà signalé que Godzilla VS Mothra de 1992 était un de mes Kaiju préféré ?), conduire dans des rues dévastées pendant que Godzilla affronte King Ghidorah, tenter de quitter un immeuble alors que MechaGodzilla nous fait face. Voilà des situations uniques et jouissives au final malgré la simplicité de l’ensemble.

Et malgré sa technique clairement datée, le jeu a néanmoins un point qui joue en sa faveur et lui donne un gros capital sympathie, à savoir son second degré, ou plutôt son auto dérision par moment. Forcément, avec son concept, City Shrouded in Shadow se fait moins sérieux qu’un Disaster Report. Parfois, nos personnages s’arrêtent dans un restaurant pour manger un plat XXL dans des situations amusantes alors que à deux pas de là, dans la rue, ça se bastonne, et les murs tremblent. Sur un bateau au milieu de l’océan, on arrange le coup à un capitaine envers une jolie jeune femme alors qu’un monstre peut apparaître à tout moment. Il y a aussi l’exploration d’un laboratoire alors que des aliens tout kitchs sont après nous. Pire dans les faits, le jeu nous offre parfois de nouveaux costumes, et d’autres peuvent être achetés, et les vêtements féminins peuvent même être portés par notre avatar s’il s’agît d’un homme. Là forcément, jouer avec un homme en robe, c’est tout le sérieux qui fou le camp. On s’amuse du coup à parcourir le jeu, surtout que malgré tout, d’excellentes idées sont là dans les niveaux. Le niveau 2 dans la gare était par exemple très sympa, avec des ennemis plus vivaces et une certaine tension, le niveau 3 sur le pont était également bien sympathique. Le niveau du bateau avec l’apparition attendue de Godzilla était parfait, tandis que certains moments changent le gameplay de manière sympathique, comme ce moment où le joueur se retrouve ligoté alors que MechaGodzilla approche, et qu’il va devoir trouver rapidement comment se libérer, en ne pouvant que ramper au sol.

L’expérience est plaisante, et outre ses soucis techniques qui ne me dérangent finalement pas tant que ça, c’est ailleurs que je reprocherais quelque chose au jeu. Sa durée de vie déjà, bien trop courte, surtout que plus les niveaux avancent, plus ceux-ci se font court. Encore une fois, le chemin est linéaire, et les nombreux choix durant le jeu n’amènent jamais vraiment l’échec (et pour ceux qui ne parlent pas Japonais, le jeu se met en pause pour nous laisser le temps de choisir, ou d’utiliser un traducteur, super ça). Par moment, il ne sera pas rare de boucler un niveau en 10 minutes. Quand on sait qu’il n’y a que 17 niveaux, c’est dommage, surtout que les premiers sont relativement plus longs (ou alors j’étais à fond dans l’exploration). L’autre élément plutôt dommage, c’est clairement qu’avec son casting de monstre royal, City Shrouded in Shadow fait le choix de ne pas mélanger ses licences. Oui, peut-être que ça aurait coûté plus cher en droits, je l’ignore, mais dans les faits, on sait par avance que nous n’aurons qu’un ou deux monstres par niveau, venant du même univers. Jamais Godzilla ne rencontrera Ultraman, Evangelion ne rencontrera pas Mothra et ainsi de suite. Déception oui, mais néanmoins fort sympathique. Il faut savoir à quoi s’attendre en se lançant dans le jeu. Etre familier avec les Disaster Report peut aider, et également ne pas être à la recherche du plus beau jeu de cette génération, sous peine de s’ouvrir les veines. Pour les autres, les amateurs, les curieux, et ceux qui aiment les Kaiju, vous pouvez y aller, c’est de la bonne comme on dit. Très perfectible et fragile, mais bonne quand même.


GRAPHISMES
Bon techniquement, ça vaut ce que ça vaut. Le jeu n’est pas hyper beau, certaines textures bien baveuses, les animations un peu raides et le framerate est souvent en phase terminale. Malgré tout, il y a un certain charme old school.
JOUABILITÉ
On retrouve la formule Disaster Report, on va courir, s’accroupir, courir encore, faire des choix pour sauver ou non des survivants, et résoudre quelques simples énigmes. Parfois, on aura aussi un peu de conduite.
DURÉE DE VIE
17 chapitres durant entre 40 et 10 minutes, pour une aventure qui se boucle finalement entre 10 et 13 heures. Assez court et directif.
BANDE SON
Si certains bruitages sont old school, il faut avouer que fuir une ville où l’on entend des sons de Godzilla ou Mothra que l’on connait bien en fond, ça fait plaisir.
CONCLUSION
City Shrouded in Shadow, c’est comme Disaster Report, en défaut (framerate, techniquement daté, gameplay simpliste) comme en qualité (fun, immersif, bourré d’idées), mais où les tremblements de terre et tsunamis sont remplacés par Godzilla, Mothra, Ultraman et tant d’autres. Court, mais plutôt fun.

note8



Titre : City Shrouded in Shadow – Kyoei Toshi
Année : 2017
Studio : Granzella
Editeur : Bandai Namco Entertainment
Genre : Disaster Report avec des Kaiju

Joué et testé sur : Playstation 4
Existe sur : Playstation 4
Support : un disque


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Auteur : Rick

Grand fan de cinéma depuis son plus jeune âge et également réalisateur à ses heures perdues, Rick aime particulièrement le cinéma qui ose des choses, sort des sentiers battus, et se refuse la facilité. Gros fan de David Lynch, John Carpenter, David Cronenberg, Tsukamoto Shinya, Sono Sion, Nicolas Winding Refn, Denis Villeneuve, Shiraishi Kôji et tant d'autres. Est toujours hanté par la fin de Twin Peaks The Return.
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