[Jeu Vidéo] Darksiders 2 (2012)

“War a déclenché l’apocalypse trop tôt et il doit payer !” Tels sont les dernières paroles du Conseil Ardent, une entité chargée par le Créateur de préserver l’essence même de l’existence. Mais l’équilibre semble rompu, la corruption gagne du terrain et les vrais coupables de l’apocalypse restent impunis. Death,  frêre de War, part en quête de vérité afin de nettoyer l’honneur de War condamné à tort.

Avis de Slimdods :
Excellent Zelda like mélangeant les genres avec un certain brio, le premier DARKSIDERS avait marqué les esprits par son univers artistique chapeauté par Joe « Mad » Madureira. Death est cette fois- ci appelé à la rescousse de War, ce dernier étant tenu coupable de l’apocalypse narré dans le premier DARKSIDERS. Death est par conséquent le second cavalier de l’apocalypse que l’on doit maîtriser, et tout comme son frère War, il porte plutôt bien son nom et se retrouve être une sorte d’Expendables mystique. Death possède un vrai charisme rattrapé par un caractère bien troussé, son cynisme et son humour noir rendant le personnage assez nonchalant, et donc forcément sympathique. De par son nom et ses pouvoirs, il possède le droit de vie ou de mort sur ses interlocuteurs, mais il connaît un certain don pour la diplomatie forcée, et sait ainsi remettre sur le droit chemin nombre de personnage par la parole et si besoin par la fauche de la terreur !

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Death, face à la lumière des ténèbres !

Mais parlons d’abord des défauts qui fâchent. Vigil Games a toujours du mal à créer une mythologie et une narration digne de ce nom sur DARKSIDERS 2. Le premier souffrait déjà de ce défaut, mais vu que le second opus est bien plus ambitieux que son ainé,  ce manque flagrant de maîtrise narrative saute aux yeux. L’envie de bien faire de Vigil Games est palpable, de part la multiplication de PNJ, la présence de nombreuses cinématiques faisant évoluer l’histoire et la typologie même du monde à arpenter qui s’est grandement améliorée. Mais l’histoire devient inintéressante au bout de quelques heures, et les enjeux disparaissent au profit d’une quête dont on a un mal fou à établir un semblant de corrélation avec la quête initiale consistant en la recherche de preuve pour innocenter War. Jeu de dupe entre divinté, automate à ré-automatiser (!), corruption diabolique, anges et damnés, PNJ qui malheureusement sont loin de posséder un background alléchant, ; guerre des clans : l’histoire semble dense, on rencontre beaucoup de monde, mais on n’y comprend pas grand-chose au bout du compte. Puis l’apparition tardive de certains personnages importants n’aide vraiment pas à s’immerger totalement dans l’histoire, ni à comprendre les aboutissants de toute cette foire. Bref, le générique terminé, l’introspection passée, la digestion soldée, je m’interroge encore et encore : et mon petit frère War dans tout ça, je l’ai aidé ou pas ?

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Death sous sa vraie forme apocalyptique !

Agaçant, DARKSIDERS 2 l’est aussi par quelques ajouts douteux, notamment sur l’aspect RPG bien plus ambitieux sur ce second opus. Contrairement à l’arbre de compétence assez bien foutu, l’exemple le plus flagrant est le système de « loot » consistant en la récupération d’objets et d’équipements aléatoires après la mort d’un ennemi ou au fin fond d’un coffre moisi, comme dans un Hack’n Slash des familles en somme (DIABLO par exemple pour le plus connu). Chaque changement d’équipement se traduit par une modification visuelle de Death et par une réévaluation des compétences. Ce système est très plaisant au début pour qui aime jouer à la Barbie, mais sur le moyen terme, on va au plus vite et au meilleur niveau dressing sans réellement se soucier des conséquences … du moment que ça renforce la résistance et la puissance de notre Death ! Ce dernier doit posséder un certain niveau pour porter certaines armes, et vu que Vigil Games semble avoir opté pour une répartition aléatoire des armes en fonction de notre niveau (avec une petite tolérance bien sûr), le système en devient totalement risible, juste cosmétique donc ! Même en difficulté apocalyptique, la bonne gestion des équipements ne rendra pas le périple de Death plus simple. Pour les quelques boss que l’on ne pourra battre lors d’un premier passage, il faudra mieux revenir avec un meilleur niveau, c’est aussi simple que ça. Même ce bon vieux Vulgrim croisé dans le premier DARKSIDERS en perdra son business, car vendant des objets équivalents à ceux que l’on trouve sur le terrain de jeu, le loot aléatoire faisant toujours foi. Vigil Games a donc commis une belle erreur en essayant de faire de son jeu un vrai blockbuster sur le papier tout en voulant, à coup sûr, élargir son public avec ses ajouts multiples à ne plus savoir quoi en faire. Le cahier des charges est clairement trop ambitieux et il en ressort un game design en partie gâché par de bonnes idées sur le papier, mais mal introduites ni maîtrisées une fois incorporées dans le jeu.

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Le Cthulhu viendra nous rendre une petite visite ! Normal dans le monde des morts non ?

Mais DARKSIDERS 2 reste un jeu magique dans lequel j’ai adoré parcourir le monde crée par Vigil Games,  un p***** d’univers fait d’image que ne renierait pas un peintre de la grande époque tellement ça flatte la rétine, le jeu encaissant les inspirations de part et d’autre avec un savoir faire fabuleux !  Joe Mad a encore fait des miracles, et si le premier était déjà une bonne surprise artistique malgré le fait de rester la plupart du temps sur une Terre dévastée par l’apocalypse (Ruine n’en croit toujours pas ses sabots), le second a clairement jouer la carte de la fantaisie de bien belle façon. Au revoir les immeubles en ruine arpentés que l’on croisera au détour d’une petite heure sans intérêt, bonjour les vertes prairies rappelant les endroits paisibles de la Terre du milieu, les donjons jouant du clair / obscur teinté de superbes couleurs pastel, les plaines du monde des morts que l’on chevauche à dos de notre ami Peste, le temple des airs tracté par la puissance de serpents géants jumeaux aux formes agressives, ou encore ce donjon morne et quasi monochrome qui se colorise une fois les eaux libérées, les reflets épousant les formes rocailleuses pour un spectacle magnifique ! Malgré le moteur graphique vieillissant et des textures parfois grossières, j’en ai effectivement pris plein les yeux, les panoramas sont nombreux et fabuleux, la distance d’affichage ne démérite pas, les lieux traversés vastes et bien pensés, les couleurs toujours bien choisies et l’ambiance juste extraordinaire. Les superlatifs parlent pour moi (et j’en ai pas peur si vous avez remarqué), je fus tout bonheur manette en main, et j’ai été réceptif à cette ambiance qui a su me faire voyager dans un autre monde plein de surprise. Un vrai songe apocalyptique en soi !

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Ah le combat contre l’automate géant : un bien beau morceau de bravoure !

En évoquant l’ambiance, cette dernière est renforcée par un score magique de Jesper Kyd, le faiseur des musiques de certains HITMAN (rappelez vous le philharmonique de Budapest sur HITMAN 2 : SILENT ASSASSINS !) ou encore le son apocalypto-borderline de BORDERLANDS. Avec DARKSIDERS 2, Jesper Kyd nous offre un voyage teinté de violence brute et de fantaisie enchanteresse. Certains lieux sont caractérisés par des partitions douces collant bien au folklore avec quelques notes de flûte de pan, de violon et autres sons plus obscurs. Le score sait garder une certaine timidité et retenue afin de mieux se fondre dans l’ambiance, Jesper Kyd ayant compris qu’en faire des tonnes ne servirait à rien de toute manière. Mais les percussions savent montrer les crocs lors des multiples combats afin d’appuyer la position de force de Death : ici, terminé la contemplation et le rêve car la violence et la prestance de Death nous explosent en pleine face, tel une transformation de l’être en son doppelganger ! Que dire de ce thème magistral et frissonnant lors de la bataille contre l’automate géant, passage épique par excellence lorgnant vers le SHADOW OF THE COLOSSUS bien connu chez les Sonyais ! Et tous ces scores nous accompagnant dans les différents donjons et lors des chevauchés à dos de Peste sur les nombreuses plaines ? L’ambiance sait se poser selon les lieux, et ceci en quelques secondes à peine dans un élan de son et d’image en parfaite harmonie. Cette impression d’homogénéité et de parfaite adéquation ne cessera qu’à la fin du générique. Jesper Kyd a clairement tout compris, tout comme ses collègues graphistes. Bravo à la direction artistique générale qui est juste fabuleuse dans tous les sens du terme !

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Death torse nu en plein blizzard nordique … la mort ne connait pas le téton qui pointe !

Mais revenons à nos golems automates. Les dizaines de donjon que l’on dévore possèdent un level design agréable et jamais redondant, les énigmes n’étant pas très difficiles pour les habituer du genre, mais suffisamment bien pensés pour que le joueur y passe quelques courts instants de réflexion ! On peut noter un peu de recyclage au niveau des mécanismes par rapport à DARKSIDERS premier du non, comme les phases à la Portal par exemple. Pas de grosse surprise de ce côté-là par rapport au premier, mais le rythme en bien mieux géré, les donjons étant bien plus agréables, plus courts et surtout jamais redondants en terme d’énigme, d’ambiance et de gros streums à défoncer. Les phases d’escalade sont toujours aussi agréables mais pas de grosse surprise par rapport au premier opus, à part peut être au niveau des mouvements de Death bien plus classe et souple que ceux de War. Le bestiaire quant à lui est assez chouette dans l’ensemble, le design étant toujours aussi détaillé et inspiré, tel ce Cthulhu à la sauce Joe Mad servant de plat de consistance dans le monde des morts, même si le carton rouge n’est pas loin pour le boss de fin assez ridicule et peu imposant. On reste en terrain connu concernant les combats, sauf que Death ne contre pas comme le pouvait son frère, il ne peut qu’esquiver. S’ensuit de nombreuses autres possibilités comme utiliser une arme secondaire pouvant aussi bien être une grosse hache qu’une massue que ne renierait pas les copines de Ryo Saeba. Death sait aussi utiliser de la magie de toute sorte, ma préféré étant celle permettant d’invoquer l’armée de Death, des morts bien collants qui deviennent au fil des compétences de plus en plus forts et qui explosent en mourant (sadique Death, ahaha) ! Petit bémol cependant, la caméra peut parfois s’exciter toute seule lorsque les adversaires deviennent trop nombreux, en ressort une certaine confusion pas toujours agréable à l’écran. Sans atteindre la technicité des NINJA GAIDEN, d’un DEVIL MAY CRY où des must made in Platinium Game, DARKSIDERS 2 s’en sort tout de même avec les honneurs car le dynamisme est bien de mise, à base d’esquive et de combos jouant sur la temporisation du matraquage de bouton : bref, du très bon boulot par Vigil Games qui assure le spectacle jusqu’au bout. Et on n’oubliera pas les finish agréablement mis en scène, notamment lorsque Death se retrouve sous sa véritable forme, sa faux ne résistant à aucun boss géant, que ce soit de la pierre où des tentacules, quitte à décapiter ou démembrer ses adversaires !

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Les serpents jumeaux, tracteurs de leur temple et protecteurs l’un de l’autre !

Pour faire simple, je vois en DARKSIDERS 2 la prolongation logique de la fabuleuse saga des SOUL REAVER de Crystal Dynamics. Et même si la mythologique n’y est pas aussi touchante et réussie, le plaisir de la découverte et de l’exploration tout du long n’a cessé de me poursuivre. Le jeu présente trop de défaut pour que Death prétende avoir sa place à côté de Raziel et de Link, mais si comme moi, vous arrivez à outrepasser les nombreuses tares du jeu pour ne garder que l’essence même délivrée par cet univers passionnant, vous vivrez une aventure épique qui vous marquera pendant longtemps avec son univers passionnant, ses panoramas magiques par milliers, ses combats épiques et ses douces mélodies qui sont encore encrées en moi, et pour longtemps. DARKSIDERS 2 se la joue au feeling, et à mes yeux, il est certes clairement imparfait (voir à la limite de l’impardonnable par moment), mais ce voyage dépaysant fût un plaisir de tous les instants que je ne suis pas prêt d’oublier de sitôt. De nos jours, c’est tellement rare de se laisser envoûter par ce genre d’univers que je ne peux que vous le conseiller, ne serait que pour vous laisser porter par l’imaginaire fabuleux crée par un studio qui manque clairement d’expérience, mais qui savait déjà nous faire rêver et apprécier ces moments contemplatifs avec un Death en guide touristique fort agréable. Oui, j’écris au passé car Vigil Games a fermé ses portes, la fauche de Death est passée par là et c’est bien dommage, DARKSIDERS 2 étant un héritage vraiment fabuleux pour les joueurs qui veulent juste s’évader …

note75

 coeur24


darksiders 2 boiteTitre : Darksiders 2
Année : 2012
Studio : Vigil Games
Editeur : THQ
Genre : Soul Reaver fauché
Multijoueur : Non

Joué et testé sur : Xbox 360
Support : Dvd-Rom


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Auteur : slimdods

Rejeton Hkmaniak-O-dépressif, je suis le vrai « Bouffe tout » de la famille : du polar urbain sérieux à la comédie kitsh, du Kaiju-eiga au Wu Xia Pian volant, aucun genre n’est épargné par ma faim. D’ailleurs, j’ai un faible pour l’anticonformisme assumé et mon Tsui Hark d’époque me manque énormément. Heureusement que mon Baby Godzilla est réconfortant !
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