
Dans l’Écosse des années 1790, Tornado, une jeune Japonaise, parcourt les landes avec son père, Fujin, ancien samouraï reconverti en marionnettiste, pour présenter un spectacle de samouraïs itinérant. Lorsque leur chemin croise celui d’un gang mené par le redoutable Sugarman, un affrontement éclate autour d’un trésor volé.
Avis de Cherycok :
John Maclean n’est clairement pas le réalisateur le plus prolifique du monde. Tornado, sorti en 2025, est son deuxième film, le premier datant de 2015, à savoir le western Slow West. Tornado est également un western, mais dès le générique d’introduction qui cite Tarkovsky, on sait qu’on va avoir affaire à un western différent. Nous sommes ici dans quelque chose qu’on pourrait appeler le « western chanbara » dont l’action se déroule dans l’Ecosse du 18ème siècle et dont le mélange des genres est des plus originaux au point qu’il est difficile à catégoriser, à mettre dans des cases bien précises. Sorte de conte de samouraï à l’ambiance western, avec une violence sèche lui donnant des faux-airs de film d’exploitation. Un peu comme si le western avait croisé la route d’Akira Kurosawa et que cela avait été passé à la moulinette grindhouse. Ça m’a beaucoup plu.
Le film commence alors qu’une jeune fille, Tornado, et un jeune garçon sont en train de fuir dans une plaine, suivis de près par des hommes qu’on nous fait rapidement comprendre sans foi ni loi. Nos deux jeunes vont se réfugier dans un manoir isolé des highlands écossais pour échapper à Sugarman et son gang. Pourquoi Tornado essaie-t-elle de leur échapper ? Le film nous l’expliquera par la suite mais, une chose est sûre, c’est que cette entrée en matière nous happe immédiatement et nous met dans l’ambiance. On le sait, la violence va s’abattre sur tous ceux qui vont se mettre en travers du chemin du gang de Sugarman. Nous sommes ici dans un film assez minimaliste avec des dialogues souvent réduits à leur strict minimum, rares, discrets, et des informations sur les personnages qui sont presque inexistantes car seul ce qui est en train de se passer est au final important, avec ce sentiment d’urgence qui va découler de cette traque / vengeance et cette question qu’on se posera tout du long : Est-ce que notre héroïne va s’en sortir et défaire le gang de Sugarman ? Le scénario n’est pas complexe mais l’histoire sait se faire parfois imprévisible, ce qui rend le déroulement du film assez intéressant. Avec 90 minutes au compteur, rien n’est superflu ici, ça va à l’essentiel, tout en prenant le temps malgré tout de bien poser son ambiance, son cadre, son atmosphère envoutante. Le rythme se fait un peu étrange, avec par exemple un enchainement de scènes qui pourra paraitre un peu décousu, ou avec un affrontement final qui arrive peut-être un peu tôt, ce qui fait redescendre un peu trop tôt l’intensité de cette traque / vengeance. Mais cela participe à l’aspect un peu particulier du film. Les influences de John Maclean sont claires mais surtout parfaitement assumées par un réalisateur qui cherche aussi bien à leur rendre hommage qu’à créer son propre univers.
Tornado est tourné de manière saisissante dans de superbes paysages écossais balayés par les vents où les bois inquiétants, les plaines humides, montagnes vierges sont photographiés dans des tons délavés, froids, donnant à l’ensemble un côté parfois poétique, presque onirique même, le temps de quelques plans. Il se dégage une certaine grâce et le passé dans l’art de John Maclean (il a une licence et un master en dessin et peinture) semble y être pour beaucoup. La violence est sèche, brutale, mais aussi et surtout soudaine, ne lui donnant que plus de force. Elle est annoncée dans ce spectacle de marionnettes du premier acte du film où la décapitation de l’une d’elle fait jaillir une gerbe de sang, un peu dans le même état d’esprit que certains films de marionnettes du studio Pili, ou que certains chanbara comme la saga des Baby Cart. Le casting est réellement excellent. Tim Roth n’a strictement plus rien à prouver et arrive en un claquement de doigts à rendre son personnage extrêmement menaçant, balançant ses répliques avec un ton diabolique tout en restant impassible. Mais c’est clairement la jolie Kôki (Touch, Ushikubi Village) qui tire son épingle du jeu, livrant une prestation assez incroyable, parvenant à faire passer n’importe quelle émotion simplement par son regard. On regrettera qu’à part leurs personnages, le reste n’a malheureusement pas bénéficié d’un gros travail. Certes, ce n’est pas qui qui intéresse le réalisateur, qui mise plutôt sur cette traque puis sur la vengeance qui va découler, mais on ne ressent du coup pas grand-chose lorsque certains personnages meurent, quand bien même cela aurait dû être triste.
LES PLUS | LES MOINS |
♥ Visuellement réussi ♥ Bonne mise en scène ♥ Le duo Tim Roth / Kôki ♥ L’ambiance particulière ♥ Le mélange des genres |
⊗ Des personnages secondaires délaissés ⊗ Scénario parfois décousu ⊗ Une fin qui perd en tension |
|
|
S’inspirant de nombreux westerns et chanbaras, Tornado est un film qui a de jolis atouts. Bien qu’imparfait, la mise en scène, la photographie et le duo d’acteurs principaux tirent le film vers le haut et le résultat est des plus intéressants. |
Titre : Tornado
Année : 2025
Durée : 1h30
Origine : Angleterre
Genre : Western chanbara
Réalisateur : John Maclean
Scénario : John Maclean, Kate Leys
Acteurs : Kôki, Nathan Malone, Tim Roth, Rory McCann, Dennis Okwera, Jamie Michie, Douglas Russell, Takehiro Hira, Ian Hanmore, Sammy Hayman, Jack Morris, Jack Lowden