[Film] The Signal, de Fernando Fragata (2010)


Un matin, le GPS de Jay se détraque, pointant sans relâche vers un mystérieux lac perdu au milieu du désert. Sur un coup de tête, il décide de suivre les indications. A destination, il réalise qu’il n’est pas le seul à avoir été guidé de la sorte : 5 autres personnes ont convergé vers ce lieu au même moment. Pur hasard ou signe du destin ?


Avis de Cherycok :
Après Archenemy, En Cavale, et Final Days, je continue mon exploration des blu-ray achetés chez Noz à 0.99€, 1.99€ ou 2.99€ avec ce coup-ci la production américano-portugaise Backlight, sorti chez nous sous le titre The Signal, qui fût en 2010 le deuxième film portugais le plus vu dans son pays. Ici, il va être question de plusieurs personnages en crise, qui ne se connaissent pas, et dont les trajectoires convergent mystérieusement vers un lac isolé au milieu du désert. Un GPS, des messages et tout un tas de coïncidences vont servir de fil rouge pour un film qui va tenter d’explorer les notions de destins, de culpabilité et de rédemption, malheureusement sans jamais réellement y arriver correctement. Encore un film qui, sur le papier, était plein de promesses, mais qui dans la réalité n’arrive pas à concrétiser l’essai.

Film indépendant au petit budget, The Signal a pourtant de grandes ambitions. Il fait partie de ce genre de films qui tentent de poser des questions plus grandes qu’eux, en mélangeant mystère, hasard, destin et coïncidences, ce qui lui donne un côté mystique. Pour cela, il nous présente trois histoires qui n’ont rien à priori rien à voir les unes avec les autres mais qui vont toutes aboutir au même endroit, un lac perdu au milieu du désert. Il y a tout d’abord cet homme, Jay, au bord du suicide suite à la perte de sa femme, qui va se mettre à suivre son GPS (que lui avait offert sa femme avant de mourir) vers un lieu inconnu en plein désert. Il y a ensuite cette jeune fille qui a trouvé un téléphone qui, chaque jour, lui envoie tous les jours dans sa tête un mot qui a un rapport avec quelque chose qui va lui sauver la vie. Sa mère, incrédule au début, se met à la croire peu à peu et elles vont se lancer dans un road trip, guidés par ces mots. Enfin, il y a ce jeune homme, qui reçoit un appel de sa sœur psychiatre, qui lui dit qu’elle doit se rendre à un endroit bien précis dans le désert pour aider un jeune homme qui prétend voyager dans le temps en se suicidant, dans le but de sauver sa petite amie qui est morte noyée. The Signal va explorer l’idée que ces destins croisés peuvent se sauver mutuellement (moralement ou littéralement) sans même se connaitre, et on sent que le réalisateur Fernando Fragata avait des ambitions aussi grandes que ces étendues désertiques qu’il aime sublimer tout du long. La photographie est d’ailleurs clairement un des atouts du film avec ces superbes paysages filmés en plans larges, que ce soit les étendues désertiques ou le fameux lac vers lequel tous les personnages convergent, avec un réalisateur qui s’attarde parfois de très longues secondes sur ce grand vide, instaurant le temps de quelques scènes un climat contemplatif et presque surnaturel au point que ce décor devient un personnage à part entière. Un côté mystique et même métaphysique se dégage du film, avec cette impression qu’une force supérieure guide tous ces personnages et créé toutes ces coïncidences afin de quelque part les sauver de la crise dans laquelle ils sont. L’idée est bonne mais c’est aussi ce qui plombe un peu le film.

En effet, le scénario dépend uniquement des coïncidences avec tout du long un enchainement de hasards et de signes un peu trop lourds. Qu’un récit use du hasard pour ouvrir une réflexion, ce n’est pas une mauvaise idée en soi, mais ici le scénario s’y abandonne tellement à ces coïncidences que ça gêne réellement à la tension dramatique de l’ensemble. Du début à la fin, les résolutions des scènes viennent de la nécessité mécanique de boucler l’intrigue et cela nuit à la crédibilité de The Signal en lui donnant un aspect réellement artificiel. Il se passe ça parce qu’il faut qu’il se passe ça, même si cela implique que les personnages fassent des actions incohérences pour arriver à ce qu’il se passe telle coïncidence. C’est dommage car les thématiques abordées, que ce soit la rédemption, le mysticisme non religieux (la « croyance » aux objets modernes du film tels que le GPS ou le téléphone), ou les connexions entre des personnes qui ne se connaissent pas, sont des plus intéressantes dans un film du genre, mais en s’attardant trop sur ces hasards heureux, le scénario en oublie de les traiter correctement et de les approfondir suffisamment pour que cela ait un réel impact. The Signal va alterner entre scènes contemplatives, avec ces longs plans sur les paysages, et des moments plus explicatifs, mais le montage n’arrive pas à maintenir la tension dramatique nécessaire au dénouement de ce genre de film. La mise en scène de Fernando Fragata, avec ces images à la lumière très naturelle, donne un aspect assez particulier à The Signal, déroutant au départ, qui pourra clairement rebuter, mais qui emplie le film d’un certain mysticisme qui se retrouve malheureusement désacralisé à cause de ralentis souvent ridicules, mais surtout d’un casting à côté de la plaque qui semble errer dans le cadre. C’est simple, à l’exception de Joaquim de Almeida (Desperado) dont le grand charisme compense le manque de profondeur de son personnage, les acteurs et les personnages tirent le film vers le bas. La plupart des seconds rôles sont caricaturaux, le jeu raté de Michelle Mania, qui semble réciter ses répliques sans savoir comment les jouer, est gênant, et cela finit d’achever un film au départ sincère et ambitieux, mais au final inabouti et même vain.

LES PLUS LES MOINS
♥ Une bande son sympathique…
♥ Des paysages bien mis en valeur.
♥ Le charisme de Joaquim de Almeida
♥ Une bonne idée de départ
⊗ … mais trop envahissante
⊗ Un scénario trop artificiel
⊗ Des seconds rôles caricaturaux
⊗ Des thématiques mal exploitées

Avec son scénario qui s’appuie beaucoup trop sur les coïncidences et son jeu d’acteurs très inégal, The Signal rate le coche malgré une bonne idée de départ et une envie de faire les choses bien. Le résultat est des plus moyens, mais pas inintéressant.

LE SAVIEZ VOUS ?
• Fernando Fragato, le réalisateur du film, est également scénariste, producteur, directeur photo et monteur de the Signal.



Titre : The Signal / Backlight
Année : 2010
Durée : 1h30
Origine : U.S.A / Portugal
Genre : Coïncidences ? Je ne crois pas
Réalisateur : Fernando Fragata
Scénario : Fernando Fragata

Acteurs : Joaquim de Almeida, Michelle Mania, Skyler Day, Scott Bailey, Joey Hagler, Evelina Pereira, Donovan Scott, Ana Cristina de Oliveira, Caitlin Carmichael


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Auteur : Cherycok

Webmaster et homme à tout faire de DarkSideReviews. Fan de cinéma de manière générale, n'ayant que peu d'atomes crochus avec tous ces blockbusters ricains qui inondent les écrans, préférant se pencher sur le ciné US indé et le cinéma mondial. Aime parfois se détendre devant un bon gros nanar WTF ou un film de zombie parce que souvent, ça repose le cerveau.
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