 
                Une aventure d’arts martiaux mettant en scène un groupe de loyalistes de la dynastie Song s’opposant à la domination Tatar dans la Chine du XIIIe siècle. Leur objectif est de sauver le Premier ministre Wen d’une prison tatar et de le mettre en sécurité dans le sud de la Chine.
Avis de Cherycok :
Dans ma chronique récente de Heroes of Sung, je vous expliquais comment il était réjouissant de se plonger dans la filmographie immense du studio Shaw Brothers, en particulier sur ces films méconnus mais qui s’avèrent être finalement d’excellentes pioches. Du coup, plutôt que de partir à l’aveuglette et de jouer à « Plouf plouf ça sera toi que je regarderai », j’ai regardé quels autres films avait mis en scène Shen Chiang, le réalisateur de Heroes of Lung. Il s’avère que la même année, en 1971, il a pondu The Rescue avec quasiment la même équipe, à savoir Lo Lieh et Shih Szu dans les rôles titres, de nouveau des gens du clan Yuen aux chorégraphies, épaulés par l’excellent Tang Chia, et lui-même au scénario. Est-ce que cela fonctionne ce coup-ci aussi ? Oh que oui et cette nouvelle variation historique et martiale des thèmes chers au studio Shaw Brothers tels que l’honneur, la loyauté ou encore le sacrifice est une vraie réussite. Shen Chiang n’est peut-être pas le réalisateur le plus connu du studio, mais il n’en demeure pas moins un des plus efficaces !

Lorsqu’on se lance dans the Rescue, on constate très vite que l’histoire sera assez classique et déjà vue dans de nombreux films de la Shaw Brothers. La structure du film est assez simple et habituelle avec un groupe de héros qui va se constituer, qui va devoir s’infiltrer, rencontrer plusieurs épreuves qui vont les mener jusqu’à l’affrontement final. Pour que l’ensemble soit moins linéaire, on va ajouter à cela une touche de trahisons et un soupçon de retournements de situations avec en ligne de mire la fidélité à son pays et l’honneur qui transcendent la peur de la mort. Sous ses airs de films d’aventures et d’action se cache clairement un élan patriotique avec ces gens qui se battent corps et âme pour leur la Chine et sa grandeur. Au centre du récit, on retrouve le personnage de Lo Lieh, figure incontournable du studio qu’on prend toujours plaisir à retrouver. Charismatique, arrivant parfaitement à retranscrire la rage contenue de son personnage, son jeu presque monolithique tranche avec le reste du casting, beaucoup plus théâtral, ce qui en fait clairement le centre d’attraction de chaque scène. A ses côtés, la jolie Shih Szu qui, comme dans Heroes of Sung, a une présence assez impressionnante à l’écran, aussi bien dans les scènes d’exposition que dans les moments d’action. On retiendra également le tout jeune Bolo Yeung qui par con charisme arrive à contrebalancer son jeu parfois encore hasardeux. Bien que les dialogues qu’on leur a donnés soient parfois trop schématiques ou expéditifs, ils incarnent leurs personnages avec une bien belle tenu dans une intrigue intense mais inégale. Compact (1h19 génériques compris), énergique et rythmé, le scénario s’éparpille un peu trop dans sa deuxième moitié avec des vrais faux rebondissements, des trahisons qu’on voit venir et de trop grandes facilités. Cette dispersion affaiblit un peu la montée en tension qui mène au climax mais au final, cela importe peu car le côté pulp complètement assumé du film emporte l’adhésion et fait oublier les quelques défauts de ce scénario qui va un peu trop jusqu’à l’excès pour le plaisir immédiat su spectateur tout en croyant vraiment à ce qu’il raconte.

Ceux qui adorent le look des films de la Shaw Brothers ne seront pas déçu par le visuel enchanteur du film. Les décors sont une fois de plus superbes, avec un très joli jeu de lumières frôlant l’expressionnisme, et chaque plan pourrait être un tableau de maitre tant le souci du détail est présent. Le rouge est parfois la couleur dominante (les rideaux, certains costumes, …), jusque dans la quantité de sang couleur vermillon qui sera déversé, comme c’était typique de le faire dans les films de sabre de la Shaw de cette époque. En ce qui concerne l’action, elle est ici en quantité et de qualité. Aidé du talentueux Tang Chia, le clan Yuen fait à nouveau des merveilles avec, à l’instar de Heroes of Sung, des chorégraphies très aériennes et même si le wire-fu pourra parfois paraitre un peu cheap, c’est aussi ce qui fait le charme de ces productions du début des années 70. Shen Chiang et ses chorégraphes privilégient la visibilité à la nervosité du montage et c’est tant mieux, cela permet au spectateur d’apprécier le talent des artistes martiaux qui vont s’en donner à cœur joie avec toute une panoplie d’armes, de la plus classique, un sabre, à la plus exotique, une hache attachée au bout d’une chaine. Les combats vont s’enchainer et la mise en scène précise et dynamique de Shen Chiang va permettre au spectateur amateur d’arts martiaux d’apprécier le spectacle fun et réjouissant proposé par The Rescue. Certes, le film n’a pas la puissance d’un Chang Cheh ni la maitrise martiale d’un Liu Chia-Liang, mais pourtant The Rescue a un côté assez épique, où drame historique se mélange parfaitement à l’action souvent spectaculaire et innovante pour l’époque, avec une tension qui monte crescendo, par étapes, et un rythme parfaitement maitrisé. Certains diront qu’il faut déjà être acquis à la cause et ne pas être rebuté par le côté old school des productions Shaw Brothers, certes, mais il est quand même assez difficile de bouder son plaisir devant ces 1h19 qui filent à vive allure et qui se dévorent comme un divertissement popcorn qui derrière sa simplicité respire la passion. Oui, The Rescue est un film qui croit en ce qu’il raconte, qui croit que l’honneur n’est pas un mot vain, et ça ne le rend que plus touchant. Et ce ne sont pas les quelques imperfections d’une narration qui s’égare parfois qui vont venir gâcher le tableau. Non mais !

| LES PLUS | LES MOINS | 
| ♥ Un très bon casting ♥ Bien rythmé ♥ Des combats très funs ♥ Sanglant à souhait ♥ Bien mis en scène | ⊗ Une deuxième moitié qui veut en faire trop ⊗ Un wire-fu parfois approximatif | 
| 
 | |
| Sorti la même année que le très bon Heroes of Sung et avec la même équipe devant et derrière la caméra, The Rescue est certes un Shaw Brothers méconnu, mais il n’en demeure pas moins un très bon wu xia pian. Une très jolie découverte. | |

 Titre : The Rescue / 血酒天牢
Titre : The Rescue / 血酒天牢
Année : 1971
Durée : 1h19
Origine : Hong Kong
Genre : Wu xia pian
Réalisateur : Shen Chiang
Scénario : Shen Chiang, Hsu Li-Min
Acteurs : Lo Lieh, Shih Szu, Ku Wen-Chung, Fang Mian, Ling Ling, Bolo Yeung, chan Shen, Kim Ki-Joo, Hong Seong-Joong, Yau Ming, Tang ti, Lee Wan-Chung, Siu Wa

















 





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