[Film] The Lady Assassin, de Tony Liu (1983)

Le 4ème prince de la dynastie des Qing se sait menacé pour sa succession. Afin de se replacer dans la course, il s’allie avec des résistants Han en leur promettant de cesser les discriminations. Traitre jusqu’au bout, le nouvel empereur oublie ses promesses et élimine ses anciens alliés..


Avis de John Roch :
Tony Lui fait partie des réalisateurs sur qui la Shaw Brothers, alors en plein déclin au début des années 80, compte pour redorer son blason. De nouveau souffle, il en amène au Wu Xia Pian en dynamitant le genre avec des métrages tels que Bastard Swordsman et sa suite : The Return Of The Bastard Swordman, Holy Flame of the Martial World, Secret Service Of The Imperial Court ou encore ce Lady Assassin. Pourtant, de cette période folle de ce début des années 80, The Lady Assassin semble être son film le plus sérieux en penchant vers le film historique. Le métrage est une sorte d’adaptation de l’arrivée au pouvoir du quatrième fils de l’empereur Kangxi : l’empereur Yongzheng qui, selon la légende aurait falsifié le testament de son père pour monter sur le trône au profit de son quatorzième fils. Une légende réfutée depuis, il a été prouvé que l’empereur Yongzheng a succédé à son père dans les règles de l’art, mais le choix de Tony Liu de se baser sur cette partie de l’histoire de la dynastie Qing n’est peut-être pas anodin. En effet, à cette époque les discutions entre l’Angleterre et la Chine battent leur plein, et l’année suivante sera signée la déclaration commune Sino-britannique sur la question de Hong Kong, qui peut être perçu comme un testament qui entame la rétrocession de Hong Kong à la Chine, mais également perçu comme une trahison pour le peuple Hongkongais qui n’a pas eu son mot à dire sur son propre destin. Mais bien qu’il y ait un fond historique dans The Lady Assassin, Tony Liu va faire ce qu’il sait faire de mieux : aller à 100 à l’heure pour livrer un Wu Xia Pian jouissif, par moments bien allumé et rempli de nombreuses bastons toutes aussi folles les unes que les autres.

Dans The Lady Assassin, tout va vite, le scénario aussi. Après le générique d’ouverture, à peine quinze minutes et déjà trois bastons plus tard, le film a déjà posé tout ses enjeux et a présenté tout ses (nombreux) personnages. Ça va vite, très vite donc. Pourtant The Lady Assassin ne bâcle pas son histoire, on est face à un récit cohérent de bout en bout qui parvient à captiver où se mêlent complots, pactes, alliances politique, amitiés et des personnages travaillés qui sont à la fois protagonistes et antagonistes suivant le développement de l’histoire (le quatorzième prince qui commence à vriller dès qu’il comprend qu’il peut accéder au trône par le biais de l’assassinat de son quatrième frère). Si les scènes d’expositions pourraient aux premiers abords permettre de souffler entre deux scènes d’actions, il n’en est rien car d’une part le récit est dense malgré l’heure et vingt-six minutes que dure le métrage et d’autre part la mise en scène dynamique de Tony Liu ne faiblit jamais et ce même pendant les dialogues. Mais à vouloir aller trop vite, il y a tout de même quelques loupés tel certains personnages pourtant cruciaux à l’histoire qui disparaissent de l’intrigue sans ne jamais y revenir.

Le récit est dense, n’est jamais emmerdant et file à vitesse grand V, tout comme le métrage dans son entièreté. Et en parlant de densité, niveau action, The Lady Assassin se pose là : Il y a une baston toutes les cinq minutes ! On ne souffle jamais devant ce spectacle ultra généreux qui alterne entre un contre un, un contre vingt, deux contre cinquante, à mains nues ou avec des armes diverses et variées… bref toutes les configurations possibles se retrouvent condensées au sein d’un métrage où la caméra virevolte dans tous les sens sans ne jamais perdre de vue des chorégraphies impeccables, qui virent au n’importe quoi jouissif dans sa dernière partie où se croisent un samouraï polymorphe, des ninjas qui se déplacent sous des tapis, des Shurikens géants et des corps coupés dans le sens de la longueur et de la largeur. Le métrage est une succession de scènes d’actions frénétiques et folles caractéristiques de la surenchère de la Shaw Brothers des années 80. Les amateurs de Tony Liu, de films de Kung fu, et de Wu Xia Pian ne pourront que jubiler devant ce film complètement dingue qu’est The Lady Assassin. Un film dans lequel le récit est dense, où le spectacle est total, où l’action est omniprésente, où les figurants volent dans tout les sens, où la caméra vole dans tout les sens aussi. Ajoutez à cela la beauté plastique de l’ensemble tourné dans les superbes décors de la Shaw Brothers, et vous obtenez un immanquable du mythique studio.

LES PLUS LES MOINS
♥ Un rythme de folie
♥ De l’action, tout le temps
♥ Un récit dense et prenant malgré la rapidité du métrage
♥ Des chorégraphies au top
♥ Des moments complètement dingues
♥ La mise en scène frénétique mais jamais bordélique
⊗ Coté scénar, ça va tout de même trop vite.
The Lady Assassin reste dans la veine de ce que Tony Liu a livré pour la Shaw Brothers. A savoir un métrage au rythme de folie et à la mise en scène frénétique ou se succèdent des bastons toutes aussi folles les une que les autres et un scénario certes rushé dans sa dernière partie mais pas inintéressant. Un film représentatif de la Shaw Brothers des années 80 qui mérite le coup d’œil.

The Lady Assassin est sorti chez Spectrum Films en combo Blu-ray avec le film Secret Service of the Imperial Court au prix de 30€. Il est disponible à l’achat ici : Spectrumfilms.fr

En plus du film, on y trouve : Présentation de Arnaud Lanuque, Interview de Poon Kin-kwan par Frédéric Ambroisine, Interviews de Jason Pai Piao, Lawrence Wong, Lau Wing et Yeung Jing Jing, la bande-annonce, le film Secret Service of the Imperial Court et ses bonus.



Titre : The Lady Assassin / Qing gong qi shi luL
Année : 1983
Durée : 1h26
Origine : Hong Kong
Genre : Rapide et furieux
Réalisateur : Tony Liu
Scénario : Chun-Ku Lu

Acteurs : Tony Liu, leanne Lau, Siu Chung Mok, Norman Chu, Jason Piao Pai, Feng Ku, Lau Chan, Chiang-Yu Chang, Chok-Chow Cheung

 Qing gong qi shi lu (1983) on IMDb


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Auteur : John Roch

Amateur de cinéma de tous les horizons, de l'Asie aux États-Unis, du plus bourrin au plus intimiste. N'ayant appris de l'alphabet que les lettres B et Z, il a une nette préférence pour l'horreur, le trash et le gore, mais également la baston, les explosions, les monstres géants et les action heroes.
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