[Film] The King, de Han Jae-Rim (2017)

Park Tae-soo, issu d’une famille pauvre, décide de devenir procureur après avoir appris que le pouvoir est la chose la plus importante dans la vie et que ce poste est le plus grand symbole du pouvoir dans les années 1990. Après être entré dans la faculté de droit la plus prestigieuse, il est confronté à la résistance de la démocratie en Corée et atteint enfin son but de devenir procureur mais sa vie n’est pas meilleure que celle d’un homme salarié. Par hasard, il rejoint une clique de puissants procureurs disposant de la richesse et du pouvoir. Il goûte finalement à la vie de la classe supérieure, mais plus il apprécie le plaisir que procure le pouvoir, plus il en voit aussi le côté cruel.


Avis de Cherycok :
De temps en temps, il est bon de revenir aux bases, à ce bon vieux cinéma asiatique qui m’a fait arriver sur la toile avec la toute première mouture de feu HKMania. Bon, mes bases à moi, c’est le cinéma de Hong-Kong, mais ma petite femme a bien accroché au cinéma coréen, et donc de temps en temps, il est de bon augure de se caller et de se lancer une petite bobine en provenance du pays du matin calme. Ce coup-ci, notre choix s’est porté sur The King, dernier film en date du réalisateur peu prolifique Han Jae-Rim (The Face Reader, Show Must Go On), sorte de croisement entre le Loup de Wall Street et Les Affranchis, tous deux de Martin Scorsese, réalisateur que Han Jae-Rim semble beaucoup apprécier. Sur le moment, on ne savait rien du film, on ne savait pas dans quoi on se lançait, la seule information était qu’il durait 2h14, soit une durée adéquate avant de sombrer dans les bras de Morphée. Résultat des courses ? Et bien c’était franchement très sympathique, voire même bon. Je serais même allé jusqu’à très bon s’il n’y avait pas eu cette fin un peu trop « happy ending » venant un peu altérer ce chouette spectacle auquel nous venions d’assister.

Enorme succès au box-office local, record de vues pour une bande-annonce de film coréen avec plus de 7 millions de vues sept jours après sa sortie, lauréat de deux récompenses à la 53ème Cérémonie des Baeksang Arts Awards, The King va nous raconter l’histoire de Park Tae-Soo, petite frappe dont le seul talent des années collège/lycée est de savoir se battre. Lorsque son père, voleur à la petite semaine, se retrouve à genou en train de demander pardon à un procureur qui n’hésite pas à le passer à tabac, Park Tae-Soo prend conscience qu’à cette époque, le pouvoir est aux mains de ce genre de profession. Il décide de se remettre aux études, arrive à entrer dans une faculté prestigieuse et devient rapidement procureur. Mais il se rend compte que, malgré la fierté que cela peut lui procurer, régler des affaires de divorce, de viol ou de petites histoires ne lui amènera ni argent, ni prestige. C’est alors que l’occasion de rejoindre de puissants procureurs, se présente. Ces hautes sphères que craignent les politiques et les gens de la Haute. Ces hautes sphères qui, en un claquement de doigts et la sortie d’une histoire qu’on croyait enterrée, peuvent transformer un important ministre en homme déchu rebus de la société. Ces hautes sphères où règnent le plaisir, l’argent et le pouvoir. Mais ces hautes sphères où votre meilleur allié peut rapidement devenir votre pire ennemi… Où la cruauté n’a d’égale que la perfidie… Où ce que les menaces ne règlent pas est solutionné grâce aux mafias locales et leurs méthodes punitives… Où votre vie peut basculer du jour au lendemain. C’est ce que Park Tae-Soo va rapidement comprendre, parfois à ses dépens…

Sur la forme, The King a sacrément de la gueule. Han Jae-Rim fait preuve d’un sens du cadre à toutes épreuves. La photographie est superbe et les différents effets de style (ralentis stylisés, filtres divers et variés, …) que le réalisateur apporte à son film sont toujours très justes, ce dernier ne tombant jamais dans l’abus presque clipesque auquel pas mal de ses compatriotes succombent. Il en est de même en ce qui concerne la bande son sur laquelle un énorme travail a été effectué, la musique jouant un rôle important dans le film puisqu’elle est même à la base d’une des meilleures scènes, le pétage de plomb façon « Just Dance » sur le gros succès dance « Nan » du groupe coréen Clon. Le casting n’est pas en reste avec un quatuor d’acteurs, composé de Zo In-Sung (A Dirty Carnival, A Frozen Flower), Jung Woo-Sung (The Good the Bad The Weird, Asura : The City of Madness), Bae Sung-Woo (The Phone, Office) et Ryoo Joon-Yeol (One Way Trip, No Tomorrow), aussi excellents les uns que les autres. Mention spéciale à Jung Woo-Sung et son personnage très froid de procureur en chef qui, avec ses lâchages réguliers, est le principal vecteur d’humour du film.
Car oui, il règne durant une grosse partie du film un vent de légèreté et un certain humour, direct ou indirect, et ce malgré des scènes assez dures et un sujet principal qui ne prête pas forcément à rire, à savoir la corruption dans le milieu des procureurs, des politiques, et la puissance des médias qui sont leurs meilleurs alliés/ennemis. Et c’est là où le réalisateur / scénariste Han Jae-Rim est très intelligent. Aucune idée si son histoire est inspirée de faits et personnages réels, mais son apparente décontraction permet de s’attacher immédiatement aux personnages, avec la furieuse envie au fur et à mesure que le film et la pression avancent de découvrir comment tout ça va se terminer.
Et c’est là que le bât blesse. Le message du film a beau être « Le crime ne paie pas », il y avait clairement d’autres façons de terminer le film qu’avec un Happy Ending aussi « happy ». Peut-être d’une manière un peu moins tirée par les cheveux mais allant quand même dans le bon sens. Le film s’est montré très intelligent tout du long et du coup, ce final « facile » dénote quelque peu.

LES PLUS LES MOINS
♥ La mise en scène
♥ La bande son
♥ La montée en puissance
⊗ Le final donc
Sorte de Loup de Wall Street à la sauce coréenne, The King de Han Jae-Rim est un bon film. Visuellement impeccable, interprété par d’excellents acteurs, scénaristiquement très intelligent, les 2h14 passent toutes seules et ne sont entachées que par un final qu’on qualifiera de discutable.



Titre : The King / Deo King / 더 킹
Année : 2017
Durée : 2h14
Origine : Corée du Sud
Genre : Le Loup de Seoul
Réalisateur : Han Jae-Rim
Scénario : Han Jae-Rim

Acteurs : Zo In-Sung, Jung Woo-Sung, Bae Sung-Woo, Ryoo Joon-Yeol, Kim Eui-Sung, Kim A-Joong, Kim Min-Jae, Jung Sung-Mo, Jung Eun-Chae, Park Jung-Min

 Deoking (2017) on IMDb














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Auteur : Cherycok

Webmaster et homme à tout faire de DarkSideReviews. Fan de cinéma de manière générale, n'ayant que peu d'atomes crochus avec tous ces blockbusters ricains qui inondent les écrans, préférant se pencher sur le ciné US indé et le cinéma mondial. Aime parfois se détendre devant un bon gros nanar WTF ou un film de zombie parce que souvent, ça repose le cerveau.
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