[Film] The Blackening, de Tim Story (2022)

Sept amis partent pour le week-end, pour se retrouver piégés dans une cabane avec un tueur qui a une vendetta. Ils doivent opposer leur intelligence de la rue et leur connaissance des films d’horreur au meurtrier pour rester en vie.


Avis de John Roch :
C’est bien connu, dans les slasher movies et les films d’ horreur en général, les blacks y passent tout le temps en premier. Un cliché dont le groupe d’improvisation Afro Américain originaire de Chicago 3Peat s’est approprié pour les besoins de The Blackening, qui a fait exploser leur popularité, qui imagine ce qui se passerait si l’intégralité du casting était noir. Dans ce sketch de quatre minutes diffusé sur Comedy Central, une bande de blacks se fait poursuivre par un serial killer, mais la couleur de peau de ses potentielles victimes le rend dingue pour la simple et bonne raison qu’il ne sait pas qui tuer en premier. Il propose alors au groupe un ultimatum: il les épargne si ils lui livrent le plus black d’entre eux, pas au niveau de la couleur mais de leurs personnalités. Un sketch hilarant qui joue avec les clichés et qui, surtout, n’est pas passé inaperçu. Il est vrai que le pitch de base est une excellente idée, mais de là à étirer ce qui est un segment de 4:22 minutes en un long métrage de 1h37, il n’y a pas plus casse gueule comme idée. Ce qui a de rassurant en lançant The Blackening, c’est que le scénario est signé Dewayne Perkins, auteur du sketch original et par ailleurs seul membre de 3Peat à reprendre son rôle devant la caméra. On déchantera un peu en revanche en voyant que c’est Tim Story qui réalise la chose. Pour rappel, on lui doit les deux 4 Fantastiques des années 2000, New York Taxi, la version Netflixisée de Shaft et le dernier film Tom et Jerry. Mais peu importe qui est derrière la caméra, The Blackening démontre avant tout qu’un court métrage ou un sketch comme il en est question ici, peu importe l’originalité ou le potentiel qui en ressort, devrait le rester malgré quelques exceptions qui confirment la règle. Comme on dit, les plus courtes sont les meilleures, expression qui va bien à The Blackening tant ça crève les yeux que son auteur ne savait pas quoi faire de son concept au-delà de ce qu’il a pu proposer en moins de cinq minutes.

Transformation en long métrage oblige, The Blackening n’échappe pas à la traditionnelle présentation des personnages qui bouffe une bonne demi heure du métrage comme n’importe quel slasher movie avec cette histoire de bande d’amis de fac qui se retrouve des années plus tard pour faire la fête dans une maison perdue au milieu de nul part et se remémorer le bon vieux temps, à la différence qu’ici donc ils sont tous Afro-Américains. Passé cette présentation des protagonistes, The Blackening rentre dans le vif du sujet. Le métrage n’étire pas le sketch sur l’heure restante, mais tente vainement de reprendre et d’étendre son concept de base. Les protagonistes se retrouvent enfermés dans une pièce et trouvent un jeu de société, un genre de Jumanji raciste, au concept simple: tirer une carte et répondre à une question en rapport à la culture Afro-Américaine. Si la réponse est correcte, tout va bien mais si elle n’est pas bonne, elle signe l’arrêt de mort de l’un d’entre eux. Sur le papier, l’idée est pas mal et se trouve même être raccord avec le concept du sketch, le tueur ne faisant pas le choix de sa future victime par lui même, mais se prend les pieds dans le tapis dans l’exécution car c’est en fait le contraire qui se passe puisque le groupe tente en fait de sauver l’une d’entre eux déjà entre les mains de l’assassin. Ceci dit, cela permet de glisser le sketch de base à l’intrigue. Arrive donc la question fatidique: qui est le plus black d’entre eux? Le sketch est à ce moment repris dans son intégralité pour ce qui reste le meilleur moment du film, mais adapté aux personnages et le final est changé parce qu’il faut bien continuer l’histoire et c’est là que The Blackening se foire.

Si l’idée du jeu de société est bonne mais foireuse dans l’exécution, cela ajoutait au moins un concept supplémentaire au métrage, loin d’être original certes mais qui amenait quelque chose à l’ensemble. Seulement, ledit concept et l’idée qui sert pourtant de base sont abandonnés à mi-chemin et The Blackening devient alors un film tout ce qu’il y a de plus conventionnel. Pensé comme une comédie horrifique, le film se plante sur les deux tableaux. Une poignée de vannes et de gags qui font rapidement rire mis à part, on ne peut pas parler de franche réussite sur le plan comique. Reste le sketch qui a servi de base mais celui-ci est déjà existant dans un format qui permet de s’affranchir de 1h33 qui tombent à plat la majeure partie du temps. Mais c’est surtout sur le plan horrifique que The Blackening est une déception. Débarrassé de son idée de base, le film devient un énième film d’horreur sans originalité aucune. D’autant plus qu’il reprend d’un peu partout ce qui s’est déjà fait par le passé, Saw et Scream en première ligne mais sans se donner la peine de s’en cacher, à un point ou on ne peut pas parler d’hommage, d’inspiration ou de clin d’œil sans pour autant crier au plagiat. The Blackening a tout d’un premier film d’ horreur sans inspiration et ça tombe bien puisque c’est bien le cas pour Tim Story, qui en fait le minimum avec une mise en scène pas désagréable mais également sans inspiration, et il ne faudra pas compter sur quelques jump scares foirés et qui n’ont rien à faire là, un twist moisi que l’on voit venir à des kilomètres ou sur des meurtres un tant soit peu originaux ou graphiques (le film est d’une radinerie sans nom sur ce point) pour espérer avoir un métrage qui tient la route horrifiquement parlant. The Blackening est au final un beau ratage. Pas assez drôle pour être satisfaisant du coté de la comédie, sans inspiration et déjà vu et revu sur le plan horrifique, le film n’a d’intérêt que pour son concept de base abandonné à mi-chemin, si toutefois vous ne l’avez pas déjà découvert sous sa forme d’origine.

LES PLUS LES MOINS
♥ L’idée de base…
♥ Le sketch d’origine, repris presque tel quel…
♥ Quelques vannes et gags qui font rire
⊗ … abandonnée en cours de route
⊗ … disponible sur youtube, histoire de vous faire économiser du temps
⊗ Une comédie horrifique ratée
⊗ Un film d’horreur sans inspiration, déjà vu et revu
⊗ Radin sur le plan horrifique
⊗ Le twist final sans surprise que l’on voit venir à des kilomètres

The Blackening est un beau ratage. Pas assez drôle pour être satisfaisant du coté de la comédie, sans inspiration et déjà vu et revu sur le plan horrifique, le film n’a d’intérêt que pour son concept de base au final inexploité et abandonné en cours de route, si toutefois vous ne l’avez pas déjà découvert sous sa forme d’origine. Si c’est le cas, vous pouvez circuler, il n’y a rien à voir.



Titre : The blackening
Année : 2022
Durée : 1h37
Origine : USA
Genre : Les plus courtes sont les meilleures
Réalisateur : Tim Story
Scénario : Tracy Oliver et Dewayne Perkins

Acteurs : Grace Byers, Jermaine Fowler, Melvin Gregg, X Mayo, Dewayne Perkins, Antoinette Robertson, Sinqua Walls, Jay Pharoah, Yvonne Orji, Diedrich Bader

The Blackening (2022) on IMDb


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Auteur : John Roch

Amateur de cinéma de tous les horizons, de l'Asie aux États-Unis, du plus bourrin au plus intimiste. N'ayant appris de l'alphabet que les lettres B et Z, il a une nette préférence pour l'horreur, le trash et le gore, mais également la baston, les explosions, les monstres géants et les action heroes.
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