[Film] Street Fighter 2: Le Film, de Gisaburô Sugii (1994)

Dans un futur proche, les assassinats d’hommes politiques se multiplient. Derrière ces attentats se cache un plan machiavélique monté par Bison, le chef suprême du plus grand syndicat du crime. Son but : trouver et capturer les plus grands experts en arts martiaux afin de les transformer en machines à tuer. Avec une armée de guerriers invincibles, rien ne pourra empêcher sa conquête du monde ! Mais des combattants légendaires vont se dresser sur sa route.


Avis de John Roch :
Est-il encore nécessaire de présenter Street Fighter 2 ? Pionnier du versus fighting (passons sous silence Street Fighter premier du nom), le soft de Capcom a converti des millions de joueurs, sur arcade d’abord puis sur consoles, aux joies de la castagne virtuelle, au point de devenir un phénomène mondial et de rester le jeu de baston le plus vendu au monde pendant plus de vingt-cinq ans. Il faut dire que de cumuler les ventes des nombreuses versions (jusqu’à la récente compilation sur ps4/Xbox one/switch) a de quoi donner le tournis en terme de chiffres. Un phénomène pareil ne reste pas sans produits dérivés et bien entendu sans adaptations cinématographiques plus ou moins officielles : citons le délirant Future Cops et la scène mythique de la salle d’ arcade de Nicky Larson pour Hong Kong. Puis il y a eu Street Fighter : L’Ultime Combat, nanar pour les uns, navet pour les autres (dont je fais partie). Le film ne vaut au final le coup que pour un Jean-Claude Van Damme aux narines pleines de cocaïne qui semblait être le seul à y croire, et pour Raul Julia dont ce fut le dernier rôle avant son décès. Pendant que nous les occidentaux allions en cette année 1994 au cinéma subir cette adaptation calamiteuse du jeu de Capcom, la même année le Japon balance également sa version, animée celle-ci de Street Fighter 2, sobrement nommée Street Fighter 2: Le Film. Et si il y a bien une adaptation de Street Fighter à voir, c’est bien celle-ci tant elle est, que ce soit en terme d’histoire, de personnages, de combats, de design, bref de tout, la plus fidèle.

Comparer Street Fighter 2: Le Film et Street Fighter: L’Ultime Combat n’a pas vraiment lieu d’être, ce serait même tirer sur l’ambulance du second qui n’en a plus vraiment besoin. Il y a un gouffre entre les deux. Car pendant que les Américains adaptaient tant bien que mal un jeu dont on se demande si il y ont vraiment joué, Gisaburô Sugii (également réalisateur de la chose) et Kenichi Imai ont quant à eux réussi à parfaitement transposer l’univers de Street Fighter. Coté scénario, le script se concentre sur Ryu et Ken, mais aussi sur Guile et Chun-Li qui ont dans le jeu un lien direct avec M. Bison (ou Vega dans le version Japonaise, Vega qui s’y appelle Balrog, ce dernier ce nommant M. Bison…je sais pas quand, comment, ni pourquoi ça a commencé à merder à l’international au niveau des noms mais c’est très fort). Guile cherche à venger la mort de son meilleur ami, Chun-li celle de son père, tout deux assassinés par M. Bison. Ce dernier est à la recherche des meilleurs guerriers du monde afin de leur laver leurs cerveaux pour commettre des attentats et ainsi dominer le monde. Un guerrier en particulier attire son attention : Ryu, qui parcourt le monde pour parfaire sa maîtrise des arts martiaux pendant que Ken, lassé de combattre sans aucune défaite, ne souhaite qu’une chose : affronter Ryu avec qui il a appris l’art martial du Ansatsuken auprès de leur maître Gouken. Si il s’agit là des personnages principaux de Street Fighter 2: Le Film, les autres ne sont pas oubliés et l’intégralité du roster du jeu est bel et bien présent dans cette adaptation, même Akuma au détour d’un plan. Mieux encore, certains éléments scénaristiques renvoient à d’autres jeux de la saga, déjà parus ou à venir. Ainsi, l’introduction qui voit Ryu et Sagat s’affronter n’est ni plus ni moins que la fin de Street Fighter premier du nom (pour ceux qui l’ignorent, le boss final de ce jeu moisi était Sagat, à qui Ryu infligeait le coup final qui allait donner la cicatrice indissociable du combattant Thaïlandais), et les flashback sur l’entraînement de Ryu et Ken serviront de base au design des personnages de la saga Street Fighter Alpha, on retrouve même ici la première apparition de Evil Ken. Quand au fameux Gouken, ne le cherchez pas car vous ne le verrez pas, son intégration au scénario semble plus être un petit pied de nez au joueurs Américains obsédés par l’idée de débloquer ce personnage caché qui n’a jamais existé à coup de trucs et astuces inventées de toute pièce par les magazines de jeux vidéo de l’époque.

Ce qui est en revanche dommage, c’est que la présence des autres personnages est pour la plupart anecdotique. Si l’on omet les sbires de M. Bison: Sagat, Vega et Balrog, et Honda qui devient sur la fin un personnage secondaire, les autres personnages ne sont présents que pour au pire un combat, au mieux quelques lignes de dialogues. Difficile de faire tenir sur 1h42 l’intégralité des background de tous les personnages du jeu, mais le moteur même de leur présence est là, à savoir leur surveillance, voire l’embrigadement de force pour certains, par Shadaloo, l’organisation criminelle de M. Bison. Ceci dit, il vaut mieux ça que de faire n’importe quoi comme dans Street Fighter: L’Ultime Combat, que ce soit en terme de scénario ou de design, qui sont ici tous réussis et fidèles au jeu. Vous me direz, il est bien plus simple de respecter le design de personnages issus de jeux vidéo dans une adaptation animée que dans un film live mais ce serait oublier que Mortal Kombat, tout aussi techno-kitchos soit-il aujourd’hui, avait réussi à respecter les costumes et les personnages avec un certain brio quand on regarde dans le rétroviseur. L’autre tare inacceptable du film de Steven E. De Souza (oui, j’ai dit plus haut que la comparaison n’avait pas lieux d’être mais pardonnez moi, c’est juste pour une histoire de transition) c’était son manque de baston, ce qui la fout mal quand on adapte un jeu de combat. Erreur que ne commet pas Street Fighter 2: Le Film. Le métrage est rempli de bastons, du 1v1 comme au bon vieux temps de l’arcade et des consoles. De plus, tout les coups spéciaux emblématiques des personnages sont présents, l’animation et la mise en scène sont de qualité et certains combats sont parfois d’une brutalité surprenante (Vega VS. Chun-Li, un grand moment). Niveau adaptation, on frise donc la perfection, si ce n’est un détail d’ordre auditif. Déjà les musiques du jeu sont absentes, ce qui est fort dommage mais ce n’est pas là le nœud du problème. En effet, Street Fighter 2: Le Film possède deux bandes son. La version originale japonaise et une seconde Anglophone. Cette dernière est nettement supérieure à la première. Plus rock, plus pêchue, présente à des moments où c’est le calme plat en version originale ce qui amène un plus au niveau de l’ambiance sonore, c’est cette bande son qui est présente sur la VF du métrage et c’est là le léger problème. Pour pouvoir profiter d’une bande son et d’une ambiance sonore convenable, il faudra ce coltiner le film en version Française. Pour voir la version originale, il faudra donc passer outre lesdites bandes son et ambiance sonore de moins bonne qualité voire parfois absentes. Dans les deux cas, ne passez pas à coté de Street Fighter 2: Le Film, excellente adaptation du jeu éponyme qui ravira les fans, les amateurs d’animés ou simplement ceux qui recherchent un film de baston.

LES PLUS LES MOINS
♥ Une adaptation fidèle du jeu éponyme
♥ Tout le roster du jeu est là…
♥ Les coups spéciaux aussi
♥ Des combats qui ont de la gueule
⊗ … pour des apparitions anecdotiques pour certains
⊗ La bande son et l’ambiance sonore qui force à choisir entre la VF et la VO

Ne cherchez pas, s’il y a bien une adaptation de la saga Street Fighter à voir, c’est bel et bien ce Street Fighter 2: Le Film qui met à l’amende non seulement la version Américaine sortie la même année, mais aussi les suivantes. Un métrage qui ravira les fans du jeu, d’animés, et de films de baston.



Titre : Street fighter 2: le film / Sutorîto faitâ II gekijô-ban
Année : 1994
Durée : 1h42
Origine : Japon
Genre : Super street fighter 2 ultra turbo championship edition: le film
Réalisateur : Gisaburô Sugii
Scénario : Gisaburô Sugii et Kenichi Imai

Acteurs : Kôjiro Shimizu, Kôjiro Shimizu, Miki Fujitani, Masane Tsukayama, Masakatsu Funaki, Ginzô Matsuo, Shôzô Îzuka, Yôko Sasaki, Daisuke Gôri
Street Fighter II: The Animated Movie (1994) on IMDb


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Auteur : John Roch

Amateur de cinéma de tous les horizons, de l'Asie aux États-Unis, du plus bourrin au plus intimiste. N'ayant appris de l'alphabet que les lettres B et Z, il a une nette préférence pour l'horreur, le trash et le gore, mais également la baston, les explosions, les monstres géants et les action heroes.
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