
Synopsis : Un jeune musicien chinois quitte Hong Kong pour le Mexique et va tomber amoureux d’une propriétaire de bar. Au même moment, un tueur à gages particulièrement dangereux s’échappe de la prison locale afin d‘éliminer le roi de la mafia latino-américaine, Carlos.
Avis de Cherycok :
Ce qui est bien avec le cinéma de Hong Kong des années 80/90, c’est qu’il est sorti tellement de films que même en bourlinguant dans ce cinéma depuis 30 ans, on apprend l’existence de certains films tous les jours. Vous saviez, vous, qu’il existait un remake hongkongais du film El Mariachi de Robert Rodriguez appelé « Run » ? Oui ? Ah… Eh bien pas moi. Et même si le film ne semble pas avoir une grande réputation si on en croit les quelques courts avis qu’on peut glaner ci et là sur la toile, j’avoue que El Mariachi version HK, moi ça m’intrigue puisque, quelque part, El Mariachi et son remake Desperado, lui aussi de Robert Rodriguez, sont clairement inspirés du cinéma de Hong Kong en termes d’action. Et donc Hong Kong qui remake un film qui s’inspire du cinéma de Hong Kong (oui, ça fait beaucoup de « Hong Kong »), je n’y peux rien, ça m’intrigue, même si on est dans un film de seconde zone qui n’a pas fait un score énorme au box-office local (environ 5M$HK) et qu’il est mis en scène par deux réalisateurs qui n’ont pas d’autres films à leur actif. Alors ça donne quoi ce Run ?
Il y a peu de chance que les droits pour remaker El Mariachi aient été achetés et il y a de fortes chances que ce remake ait été fait en toute illégalité parce que, à cette période à Hong Kong, on se foutait pas mal des copyrights. Après, même si certaines scènes, voire certains plans, sont repris à l’identique, ce Run se distingue parfois de l’original et des éléments ont été ajoutés à l’intrigue principale, bien qu’il n’y en avait pas toujours besoin. Il faut faire appel à la suspension d’incrédulité avec Run qui propose un divertissement souvent improbable avec parfois même des incohérences. Pourquoi et comment notre héros s’est rendu Mexique sans argent ? Ça reste un mystère. Pourquoi cette ville du Mexique semble peuplée de chinois ? Parce que fraise des bois. Leon Lai est dans sa période transparente (dans laquelle il restera pas mal d’années), un peu trop fade, avec en plus une voix assez monocorde la plupart du temps. Les moments où il taquine de la guitare sont pleine de niaiserie et ratent le coche comparé au reste du film. Certes, en dehors de sa carrière d’acteur, Lai est un chanteur de canto-pop reconnu, mais pour un film se passant au Mexique, on aurait préféré des sonorités plus en adéquation. Il va falloir en plus se fader les deux comiques de service, interprétés par les insupportables Eric Kot et Jan Lam, qui sortent des blagues souvent affligeantes de nullité, qu’on aime ou pas l‘humour cantonais, et qui devienne rapidement irritants. Celui qui tire vraiment son épingle du jeu, c’est sans conteste Chin Ho (The Sting, Lady Supercop) qui s’avère assez convaincant mais qui, malheureusement, ne sera présent que 15 à 20 minutes dans tout le film, comme si les réalisateurs avaient eu peur qu’il fasse de l’ombre au héros du film, Leon Lai. Veronica Yip s’en sort également très bien mais les réalisateurs ne lui laissent au final que peu de marge de manœuvre et son rôle se retrouve rapidement effacé par le reste.
Run comporte pas mal de dialogues interminables entre les personnages de Leon Lai et de Veronica Yip, surtout qu’ils parlent régulièrement de sujets qui n’ont pas grand-chose, voire rien à voir, avec l’intrigue. Il faut dire que le film préfère mettre l’accent sur la romance que sur l’action et c’est problématique car ce n’est pas ce qu’on est en droit d’attendre d’un remake de El Mariachi. Surtout que la romance en elle-même, bien qu’on ait vu bien pire à Hong Kong, n’est pas réellement réussie car elle n’est finalement pas crédible à cause d’un manque évident d’alchimie entre les deux acteurs. Les scènes d’action mises en scène par Tony Leung Siu-Hung (chorégraphe de Magic Crystal, réalisateur de Bloodmoon), situées en début et en fin de film, sont clairement ce qui sauve Run. Certes, elles ne sont pas toujours très bien mises en scène, mais cela reste assez solide avec certains gunfights qui valent le détour, agrémentés de cascades dont Hong Kong a le secret et d’une violence bien plus sanglante que dans l’original. La confrontation finale est sans doute la scène qui est la plus intéressante pour qui aime l’action et on regrette que le film n’en ai pas mis bien plus car, comme le film met plus l’accent sur la romance que l’action comme cité précédemment, il est donc assez avare en la matière pendant une grosse partie centrale du film et l’amateur de pan pan boum boum risque de regretter la façon dont le film a été conçu. C’est dommage car la mise en scène est plutôt honnête et arrive parfaitement à utiliser ces décors désertiques qu’on n’a pas forcément l’habitude de voir dans le cinéma de Hong Kong, et à proposer des scènes plutôt créatives.
LES PLUS | LES MOINS |
♥ Les scènes d’action ♥ Une bonne utilisation des décors ♥ La jolie Veronica Yip ♥ Un final intéressant |
⊗ Un 2ème acte soporifique ⊗ Un Leon Lai très fade ⊗ Une romance sans alchimie ⊗ La canto-pop hors de propos |
|
|
Run est le remake hongkongais de El Mariachi de Robert Rodriguez, mais c’est surtout un remake bien moins amusant et énergique que l’original. Certes, les quelques scènes d’action sont sympathiques, mais un gros ventre mou nous plonge dans un semi-coma. |
Titre : Run / 仙人掌
Année : 1994
Durée : 1h35
Origine : Hong Kong
Genre : Le mariachi hongkongais
Réalisateur : Derek Chang, Siu Chung-Hon
Scénario : Ku Wai-Nam, Au Pooi-Ying, Siu Chung-Hon
Acteurs : Leon Lai, Veronica Yip, Eric Kot, Jan Lam, Chin Ho, Peter Chan Lung, Daniel Jeremy, Wong Wai-Fai