[Film] Plaga Zombie: Zona Mutante, de Pablo Parés et Hernán Sáez (2001)

Une expérience portant sur un virus extraterrestre tourne au carnage lorsque celui-ci transforme les habitants d’une petite ville de l’Amérique du Sud en zombies cannibales. Alors que les contaminations se multiplient et que les rues ruissellent du sang et des tripes des infortunées victimes des morts-vivants, un groupe de rescapés part en guerre contre les monstres sanguinaires. Parviendront-ils à sauver l’humanité ou est-il déjà trop tard pour enrayer cette effroyable épidémie ?


Avis de John Roch :
Tourné pour un budget argent de poche estimé à 150 Dollars, Plaga Zombie devient un mini phénomène en Argentine, ou la presse écrite et télévisée s’intéresse à ce cinéma peu commun dans le pays. C’est aussi ce que l’on peut qualifier de succès commercial, le film cartonnant en vidéo-club et en vente par correspondance. Mais le film gagne aussi en notoriété grâce aux ventes sous le manteau, des petits malins ayant dupliqués des copies qu’il n’est pas rare de trouver sur les marchés spécialisés dans la vente de films et de disques. Pour les quatre têtes pensantes de Farza Producciones : Pablo Parés, Hernán Sáez, Berta Muniz et Walter Cornàs, l’argent récolté ne peut que servir à faire une suite au budget de 3000 Dollars, un blockbuster comparé au premier opus. Mais tout ne va pas se passer comme prévu et Plaga Zombie : Zona Mutante verra le jour après quatre ans de tournage. Plus que l’intervention incessante de la police appelée par le voisinage, ce qui stoppait net le tournage, le budget riquiqui et des scènes tournées le week-end uniquement, celui-ci s’est autant étiré pour cause humaine. La faute à des conflits internes entre la bande de potes dont l’amitié commence peu à peu à s’effriter. Entre la charge de travail déséquilibrée qui pèse sur certains d’entre eux, certains accusant d’autres d’avoir plus de couverture médiatique, la vision différente de ce que devait être le film, et Berta Muniz qui est devenu entre-temps présentateur vedette de MTV Argentine et qui n’avait donc plus de temps ni de motivation à tourner dans le métrage, le tournage de Plaga Zombie Zona Mutante a été une véritable épreuve psychologique qui s’est poursuivie bien après le clap de fin pour l’équipe. Équipe qui a tout de même réussi à boucler ce Plaga Zombie : Zona Mutante qui sera cette fois-ci distribué mondialement. Le début de la fin pour Farza Producciones mais ça, on se le garde pour le troisième opus.

Dans le fond, Plaga Zombie : Zona Mutante ne révolutionne en rien la formule établie avec le premier volet. Dans la forme, Cette suite est presque en tout point supérieure et se veut clairement plus ambitieuse. Ici tout est bigger and louder, même l’histoire se veut plus ample. Les aliens ne sont désormais plus des êtres qui veulent conquérir le monde en parasitant des Argentins, mais sont des extra-terrestres que le gouvernement autorise à tester un virus dans un périmètre défini (après avoir fait le même test à Kaihoro, vous avez la réf?). Le hic, c’est que ledit virus s’étend jusqu’à contaminer toute la ville et transforme tout le monde en zombies. Un postulat de base raccord avec la fin de Plaga zombie, ce que n’explique pas le film en revanche, c’est comment Max le nerd, John le lutteur et Bill le médecin sont à nouveau réunis, bien que seul ce dernier ait survécu. Ce n’est pas important au final, la question est même posée mais devient un genre de runing gag. En parlant de gags, bien que ce ne soit pas forcement obligatoire, il est recommandé d’avoir vu le premier opus pour tous les saisir, Plaga Zombie : Zona Mutante étant un genre de suite/reboot comme en son temps Evil Dead 2. Coté scénario, il y a du mieux dans les dialogues et l’acting, notamment lorsque le trio s’engueule dans ce qui est un écho à peine déguisé à ce que l’équipe vivait pendant le tournage. Le film est donc plus intéressant à suivre sur ce point mais pour le reste, il y a des idées mais pas forcément correctement exploitées. C’est une bonne chose de tenter d’approfondir les personnages, mais c’est un rien raté. Bill reste le même, Max gagne un peu en épaisseur en passant de nerd à psychopathe en puissance, et John est au centre d’une sous intrigue qui ne décollera finalement jamais. Ce qui occasionne un gros ventre mou en milieu de métrage. Là ou Plaga Zombie allait à l’essentiel, Zona Mutante dure 35 minutes de plus au rythme un rien déséquilibré.

Mais Plaga Zombie : Zona Mutante, tout comme son aîné, reste un film qui tient du miracle. On sentait une maîtrise dans le premier volet de la trilogie, elle est ici décuplée. La réalisation est toujours aussi frénétique, mais en encore plus folle. Pablo Parés et Hernán Sáez multiplient les idées de mise en scène, toujours sous influence de Sam Raimi, et trouvent toujours un moyen de surprendre en baladant leur caméscope dans un joyeux bordel ou des hordes de zombies tentent de croquer le trio de héros sans justement être bordélique. Le montage est également plus maitrisé et il y a un travail sur la photographie qui permet à Zona Mutante d’être plus regardable que Plaga Zombie pour qui n’a pas l’habitude de ce genre de métrages, même s’il faut reconnaître que le rendu reste tout de même très amateur. Plaga Zombie : Zona Mutante gagne également en gore. Les effets spéciaux sont toujours réalisés de manière artisanal, mais certains d’entre eux se révèlent fascinant pour un film du genre dès lors qu’il s’agit de séparer le haut du bas du corps, ou de planter un manche à balai dans le cul d’un zombie qui ressort par la bouche qui arrache la moitié de la tête. Les zombies justement, on reste en terrain connu par rapport au premier opus. Entendez par là qu’ils ont toujours une sorte d’intelligence, mais qu’ils s’avèrent être toujours aussi con. Mieux encore, ils gagnent en personnalité et on retrouve en vrac une bande de zombies prêts à négocier, ou ce mort-vivant qui tente d’expliquer quelque chose de justement incompréhensible en plein massacre de ses semblables. Bref, il y a à boire et à manger dans ce Plaga Zombie : Zona Mutante qui contentera à peu près tout le monde : ceux qui ont apprécier le premier volet ne pourront qu’aimer le second, ceux qui le trouvait trop amateur auront ici quelque chose de plus regardable. Et les autres ? C’est dommage pour vous, vous passez à côté d’un gros Z certes, mais un gros Z de qualité.

LES PLUS LES MOINS
♥ Une suite bigger and louder dans tout les sens du terme
♥ La mise en scène toujours plus frénétique et toujours aussi maitrisée
♥ Des scènes gores qui valent le coup
♥ Comparé à Plaga Zombie, on sent le progrès sur absolument tous les points
♥ un hommage appuyé à Sam Raimi et Peter Jackson
♥ Pour les plus fragiles, c’est plus regardable que le précédent
♥ Ça reste toujours aussi rythmé…
⊗ …malgré un gros ventre mou en milieu de métrage
⊗ Un scénario plein d’idées mais pas forcément exploitées
⊗ Un film bien plus maitrisé, mais au rendu toujours aussi amateur qui en rebutera plus d’un

Après un Plaga Zombie de bonne facture mais au rendu totalement amateur, Plaga Zombie : Zona Mutante voit les choses en grand. C’est tout aussi amateur, mais aussi plus fou, plus maitrisé, plus généreux, plus tout en fait. Cette suite s’avère être tout aussi recommandable que son ainé et démontre avec brio que manque de pognon complet ne rime pas avec manque de talent, de passion et de maitrise. C’est même tout le contraire.



Titre : Plaga Zombie: Zona Mutante
Année : 2001
Durée : 1h45
Origine : Argentine
Genre : Film fait à la maison, et un peu dans la rue
Réalisateur : Pablo Parés et Hernán Sáez
Scénario : Pablo Parés et Hernán Sáez

Acteurs : Berta Muñiz, Pablo Parés, Hernán Sáez, Walter Cornàs, Esteban Podetti, Andrés Perrone, Urco Urquiza, Daniel de la Vega, ALejandro Nagy

 Plaga zombie: Zona mutante(2001) on IMDb


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Auteur : John Roch

Amateur de cinéma de tous les horizons, de l'Asie aux États-Unis, du plus bourrin au plus intimiste. N'ayant appris de l'alphabet que les lettres B et Z, il a une nette préférence pour l'horreur, le trash et le gore, mais également la baston, les explosions, les monstres géants et les action heroes.
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