[Film] Paycheck, de John Woo (2003)


Michael Jennings est un ingénieur de génie que les entreprises s’arrachent. La plupart de ses missions, ponctuelles, sont menées dans le plus grand secret. Les enjeux sont même si grands que Michael Jennings voit régulièrement sa mémoire effacée, une fois la mission terminée. Malgré toutes les précautions d’usage, sa dernière mission en date, qui a duré trois ans, a mal tourné. L’énigmatique ingénieur apprend en effet, après l’effacement de sa mémoire, qu’il aurait sciemment refusé son salaire (mirobolant) contre une simple enveloppe. Ladite enveloppe contient vingt objets, d’une banalité confondante : Jennings se lance alors dans un jeu de piste qui pourrait rapidement devenir fatal.


Avis de Oli :
Avec PAYCHECK, John Woo ne signe pas un mauvais film. Certes, son long métrage n’en est pas bon pour autant, mais en ces temps de vaches maigres, un film de John Woo qui évite le naufrage artistique c’est déjà presque une bonne nouvelle. Car depuis FACE OFF (et même un peu avant, souvenez-vous : BROKEN ARROW), le célèbre réalisateur hongkongais cumule les échecs artistiques. D’un côté nous avons la version longue de WINDTALKERS presque acceptable mais qui ne peut faire oublier la catastrophe de sa version ciné, de l’autre nous avons un MI 2 d’une nullité absolue, un film d’une ringardise et d’un ridicule effarants. Alors oui, au final, PAYCHECK m’a rassuré : car même si John Woo ne semble plus capable de réaliser des œuvres profondes et euphorisantes, il prouve ici qu’il est maintenant un bon faiseur d’Hollywood, bien dans le rang comme il faut, accouchant de longs métrages certes très moyens mais qui savent se révéler un minimum divertissants.

Grâce à un matériau de base plutôt efficace (merci K. Dick, même si celui-ci a souvent été mieux adapté), John Woo tisse donc un thriller futuriste dans la veine d’un CYPHER, sans pour autant lui arriver à la cheville. La faute à une ambiance complètement manquée : l’univers de PAYCHECK n’est ainsi jamais suffisamment dépaysant ou assez crédible. C’est froid, sans aucune saveur, on a vraiment l’impression que Woo a peiné pour insuffler un souffle quelconque à son film. Et ce n’est pas l’hommage appuyé à Hitchcock (et plus particulièrement à LA MORT AUX TROUSSES) qui change la donne : le monde mis en images par John Woo est si mal fini, si peu inspiré, tellement quelconque si on le compare à d’autres films du genre bien plus réussis, que l’on assiste au déroulement de l’intrigue sans jamais vraiment s’investir, d’un œil parfois un peu trop distrait. La musique, complètement anonyme, vient enfoncer le clou.

John Woo a-t-il déjà tout dit, qu’il tourne ainsi en rond depuis tant d’années, se contentant aujourd’hui de livrer de simples produits de commandes à visionner durant un dimanche après-midi pluvieux ? Peut-être… Le constat est sans doute accablant, en tout état de cause la direction prise par la carrière du grand John Woo en aura attristé plus d’un, moi le premier. Quoi qu’il arrive d’ailleurs à présent (allez, on va y croire, oui une résurrection est toujours possible), Woo ne pourra plus gommer ces films vides et à moitié ratés de sa filmographie. Tout juste pourra-t-il se trouver une circonstance atténuante dans le poids des studios, que l’intéressé n’a jamais su très bien gérer.

Réalisé sans génie, mais sans être véritablement désagréable à voir (même si trop tiré par les cheveux), PAYCHECK est un produit de série qui devrait tourner en boucle sur le câble américain. Hélas, le film n’a visiblement rien pour lui, car il est porté par des acteurs en dessous de tout (Ben Affleck, eh bien c’est Ben Affleck, quant à Uma Thurman, la pauvre, visiblement elle ne croit pas en grand-chose, surtout pas à son personnage), de plus PAYCHECK frise parfois l’auto parodie qui fait mal. Nous avons ainsi droit à plusieurs mises en joue à bout portant (sorties de nulle part, elles sonnent faux), et même à une petite colombe blanche qui surgit vers la fin du film, comme pour achever les efforts du spectateur valeureux qui avait essayé de s’investir malgré tout dans l’intrigue. Sauf que ledit spectateur valeureux, eh bien quand il voit la colombe toute guillerette prendre son envol, il décroche, il n’est plus dans le film : il se gausse.

LES PLUS LES MOINS
♥ Mise en scène correcte
♥ Un minimum divertissant
⊗ Ambiance un peu ratée
⊗ La musique
PAYCHECK conte l’histoire d’un homme payé pour accomplir de brèves missions puis pour les oublier, via un dangereux processus d’effacement de la mémoire. Il ne s’agit pas de science-fiction, non, car le procédé existe déjà bel et bien. Faites l’expérience PAYCHECK et vous comprendrez par vous-même… puisque dès la fin du film, vous l’aurez effectivement oublié : « mais que diable ai-je fait durant mes deux dernières heures ? », vous demanderez-vous alors…



Titre : Paycheck
Année : 2003
Durée : 1h59
Origine : U.S.A
Genre : Thriller / SF
Réalisateur : John Woo
Scénario : Dean Georgaris, Philip K. Dick

Acteurs : Ben Affleck, Aaron Eckhart, Uma Thurman, Michael C. Hall, Paul Giamatti, Colm Feore, Joe Morton, Peter Friedman, Kathryn Morris, Ivana Milicevic

 Paycheck (2003) on IMDb


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Auteur : Oli

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