[Film] New Dragon Gate Inn, de Huang Jian-Bo (2024)


Au milieu de la dynastie Ming, les eunuques détenaient le pouvoir et le peuple vivait dans la misère. En raison d’un mystérieux édit impérial, le général Zhou Huaian, commandant de la mer orientale, escorte la jeune orpheline Qu Ling jusqu’à l’auberge Dragon Gate Inn, sur l’île Dragon Gate, où il attend de la remettre conformément au décret du Festival des fantômes. À l’auberge, des personnages de tous horizons se rassemblent, créant un climat d’intrigues…


Avis de Cherycok :
Ceux qui s’intéressent un minimum aux moult films que sortent les plateformes de SVOD chinoises savent qu’ils aiment bien remettre au goût du jour des vieux classiques du cinéma de Hong Kong, soit par de simples remakes, soit en proposant des réinterprétations totales. Forcément, ils allaient toucher au film culte de King Hu Dragon Inn, sorti en 1967, que le duo Tsui Hark / Daniel Lee avait déjà remaké avec succès en 1992. Cette version 2024 propose une réinterprétation du récit original en essayant de l’enrichir avec de nouveaux éléments pour essayer de se différencier de ses modèles, quitte à prendre le risque de perdre un peu la tension narrative qui caractérisait les deux autres films cités précédemment. Et je vous le donne en mille, c’est ce qu’il va se passer et cette cuvée 2024 n’arrive pas à correctement exploiter les nouveautés qu’il tente.

Le classique de 1967 de King Hu est considéré comme un pilier du wu xia pian, comme une œuvre fondatrice, et se distinguait par une mise en scène élégante, une construction dramatique exploitant parfaitement l’espace confiné de l’auberge dans laquelle se situe la majorité de l’action, et une narration des plus claires. La version de 1992 réalisée par Daniel Lee et produite (et sans doute aussi très fortement réalisée) par Tsui Hark adoptait une énergie, un sens de l’action et le style visuel de la nouvelle vague de wu xia pian apparue au début des années 90. On était dans quelque chose de bien plus dynamique en termes d’action avec un Ching Siu-Tung (Duel to the Death, Histoire de Fantômes Chinois) à la barre, mais aussi avec une romance bien plus prononcée. Avec cette version 2024, le réalisateur Huang Jian-Bo (Battle of Wizardry) tente d’inscrire son film dans quelque chose de plus moderne, avec par exemple des enjeux plus complexes ou de nouveaux éléments narratifs, qui vont le faire un peu sortir du moule de ses modèles en allant même parfois lorgner du côté de la fantasy. Pourtant, dès les premières minutes, on sent que ce New Dragon Gate Inn veut rappeler les origines de la saga, en reprenant les fondamentaux en termes de scénario avec cette auberge qui va devenir le théâtre de confrontations physiques et psychologiques, tout en modernisant son aspect visuel pour coller aux codes actuels des plateformes de SVOD chinoises. On sent que les deux réalisateurs avaient envie de faire quelque chose d’ambitieux, aussi bien visuellement qu’en termes de narration, mais n’est pas King Hu ou Tsui Ha… euh Daniel Lee qui veut.

A absolument vouloir rajouter de nouveaux éléments ou nouvelles mécaniques pour amener de la richesse à leur métrage, le réalisateur nous propose un spectacle qui manque clairement de cohésion et de clarté. Il a du mal à relier toutes ces nouvelles idées au récit de départ et l’ensemble manque clairement de fluidité. On passe d’enjeux politiques à des motifs plus personnels sans grande cohérence et empêche réellement le spectateur de s’impliquer dans l’histoire qui nous est proposée. Cela déteint forcément sur les personnages et les interactions qu’ils ont entre eux. Certes, certains rôles principaux sont plutôt convaincants, à commencer par celui de Leni Lan Yan (The Grey Men 2, Life and Death Explosion) qui apporte une présence intéressante à l’écran dans les scènes dramatiques, d’autres manquent clairement de profondeur, empêchant une réelle connexion avec le spectateur, en plus de sembler parfois très peu investis, amoindrissant l’impact de certains arcs narratifs. C’est dommage car la mise en scène, bien qu’impersonnelle, s’en sort plutôt bien, avec une direction artistique assez plaisante. Les combats sont également honorables. Ils manquent certes de tension et les chorégraphies sont loin d’être mémorables, mais ils font ce qu’on leur demande et sont loin de faire autant tiquer que l’accumulation d’éléments qu’essaie de mettre en place le scénario. Il en résulte un film pas désagréable, mais au final assez moyen, n’ayant que peu d’intérêt pour quiconque a déjà œuvré un minimum dans le wu xia pian. Allez plutôt faire un tour du côté de Blade of Fury (2024), Eye for an Eye 2 (2024), Dead Silence (2023) ou encore The Wild Blade of Strangers (2024) pour vraiment en avoir pour votre argent.

LES PLUS LES MOINS
♥ Un duo principal impliqué
♥ Des combats corrects
♥ De très jolis plans
⊗ Un scénario qui s‘éparpille trop
⊗ De personnages secondaires superficiels
⊗ Très peu de tension

Cette réinterprétation du classique de King Hu à la sauce DTV chinois souffle le chaud et le froid. New Dragon Gate Inn offre certes un divertissement honnête, mais la tension et la cohérence narrative ont pris un coup dans l’aile. On reste clairement sur sa faim.

LE SAVIEZ VOUS ?
• Il existe deux autres films appelés New Dragon Gate Inn sortis en 2024, un sorti au cinéma et réalisé par Chen Jia-Wei, et un autre DTV réalisé par Guo Yu-Long et Wang Ji-Qing.



Titre : New Dragon Gate Inn / 新龙门客栈之英雄觉醒
Année : 2024
Durée : 1h25
Origine : Chine
Genre : Remake en demi-teinte
Réalisateur : Huang Jian-Bo
Scénario : Li Feng, Zhang Xiang, Ye Min, Xian Xiao-Min

Acteurs : Leni Lan Yan, Li Zi-Feng, Frankie Guo Xin, Lu Yan-Bei, Jiang Yu-Tao, Xu Yi-Long, Xing Yun-Jia, Li Yi-Cheng, Zhang Hui, Di Zeng-Guang, Yu Xin-Ling, Tsang Shao-Ji


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Auteur : Cherycok

Webmaster et homme à tout faire de DarkSideReviews. Fan de cinéma de manière générale, n'ayant que peu d'atomes crochus avec tous ces blockbusters ricains qui inondent les écrans, préférant se pencher sur le ciné US indé et le cinéma mondial. Aime parfois se détendre devant un bon gros nanar WTF ou un film de zombie parce que souvent, ça repose le cerveau.
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