[Film] My Heart is That Eternal Rose, de Patrick Tam (1989)


Retiré du milieu des triades, oncle Cheung (Kwan Hoi-San) vit une vie rangée en compagnie de sa fille Lap (Joey Wong) et de Rick (Kenny Bee), amoureux d’elle. Malgré son retrait des affaires, une ancienne connaissance va lui demander avec insistance un coup de main pour une petite affaire qui devrait être réglée rapidement. Mais on se doute fortement que ça ne va pas bien se passer…


Avis de Feroner :
Film de triades romantique parmi les meilleurs films HK que j’ai pu voir, et j’en ai vu un paquet, My Heart is That Eternal Rose n’est bizarrement jamais sorti en France (* il est finalement sorti chez Spectrum Films en juin 2021) et il n’est connu que des fans du genre alors qu’il est facile d’accès. Pas besoin de connaitre tous les codes pour apprécier. Il y a une histoire d’amour mais ce n’est jamais lourd, ça ne dégouline pas, et il y a aussi de l’action. Malgré ça, le film est un échec au box-office, comme pas mal de grands films locaux (Une Balle dans la Tête, Pedicab Driver, The Blade). Ils sont fous ces Hongkongais ! Ça a mis un terme à la carrière de Patrick Tam qui n’a plus rien réalisé jusqu’à After This Our Exile en 2006.

Sorti en 1989, la même année que The Killer, soit sur la fin de la période de l’heroic bloodshed, le film va prendre une direction très différente tout en racontant une histoire très classique. Alors que le genre est très masculin, Patrick Tam va faire le choix de donner le premier rôle à une femme, Joey Wong, plus belle que jamais, et pas une femme super forte à la Michelle Yeoh qui bastonne et flingue. Ici pas de boss de triade qui fume le cigare et rigole après chaque punchline. Non, le caïd est interprété par le charismatique Michael Chan, grand habitué des films de triades et même ancien gangster dans la vie réelle. Il va interpréter le rôle de manière sobre, attitude stoïque, économie de mots, regard glaçant. Il est parfait. Dommage que son bras droit, Gordon Liu, ne soit pas à la hauteur. Il est beaucoup moins convainquant, d’autant plus que, comme souvent, il est affublé d’une perruque à la con. Ça n’aide pas. Joey Wong s’en sort très bien, n’en fait pas trop et est touchante, très loin de ses rôles dans les Wu Xia Pian fantastiques dans lesquels on a l’habitude de la voir. Pareil pour Kenny Bee, habitué aux comédies, qui s’en sort un peu moins bien. On retient plus le tout jeune Tony Leung Chiu-Wai. A la place de Kenny Bee, le réalisateur voulait Chow Yun-Fat : dommage, le film aurait atteint des sommets.

La réalisation est très bonne. Le réalisateur nous fait comprendre des choses avec des effets de réalisation qui ne sont jamais gratuits. Par exemple, pour les deux premiers plans, on a un bouquet de roses blanches en gros plan avec de la canto pop en fond ; deuxième plan un bouquet de roses rouges qui brule. On comprend tout de suite qu’il ne va pas y avoir de happy end. L’image est belle, typique du cinéma HK des années 80. Il y a un soin particulier apporté à l’éclairage très coloré. D’ailleurs, Wong Kar-Wai s’est beaucoup inspiré de ce réalisateur. C’est un peu son maître. Le directeur de la photo Christopher Doyle travaillera d’ailleurs par la suite sur pas mal de films avec Wong Kar-Kai. La musique est trop présente à mon goût. Le seul effet too much du film. Qui dit film de triades dit action et il y en a. Mais ici, pas de délire à la John Woo, on est plus dans le réalisme. Chaque coup de feux fait mal, c’est sec, rapide et efficace. Le final ne dépasse pas une minute mais quelle minute ! A chaque fois il me met la chair de poule. Le réalisateur considère « qu’il ne sert à rien de jouer à cache-cache. Soit vous êtes plus malin que vos assaillants, soit vous vous faites tuer ». Le film est court, 1H26, rien à jeter, pas une scène inutile, des ellipses, … C’est d’une efficacité redoutable, pas un temps mort et ça fait réfléchir sur les films actuels qui font presque tous deux heures.

LES PLUS LES MOINS
♥ Point de vue original et réaliste sur les triades
♥ Les acteurs
♥ Dense
♥ L’action même s’il y en a peu
⊗ La musique
⊗ Gordon Liu
Au final, on a dans le contexte d’un film de triades un drame prenant et touchant, bien mis en images, le tout saupoudré de brèves scènes d’action supers efficaces. Un des meilleurs polars HK de l’âge d’or qui ne s’adresse pas qu’aux fans du genre.

LE SAVIEZ VOUS ?
• Le film a été nominé dans 3 catégories aux Hong Kong Films Awards de 1990 : Meilleur montage, meilleure photographie, et meilleur second rôle pour Tony Lung Chiu-Wai. Il remportera cette dernière.

My Heart is That Eternal Rose est sorti chez Spectrum Films en combo DVD / Blu-ray au prix de 25€. Il est disponible à l’achat ici : Spectrumfilms.fr

En plus du film, on y trouve : Présentation du film par Arnaud Lanuque, interview de John Shum, Rencontre avec Patrick Tam, Essai Video – L’impossible Échappée, In The Mood for Doyle – Documentaire de Yves Montmayeur, bande annonce du film.



Titre : My Heart is That Eternal Rose
Année : 1989
Durée : 1h30
Origine : Hong Kong
Genre : Putain de film
Réalisateur : Patrick Tam
Scénario : Tsang Kan-Cheung, Chan Koon-Chung

Acteurs : Kenny Bee, Joey Wong, Tony Leung Chiu-Wai, Michael Chan, Gordon Liu, Kwan Hao-San, Ng Man-Tat, Gam Lui, Wong Chi-Keung, Cheung Tat-Ming

 Sha shou hu die meng (1989) on IMDb


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Auteur : Feroner

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