[Film] Madalena, de Emily Chan (2021)


Mada est chauffeur de taxi la nuit à Macao. Abandonné par sa femme, il noie son chagrin dans l’alcool et erre en état d’ébriété dans les rues de la ville après son travail. Un soir, il rencontre Lena, une jeune immigrée clandestine chinoise qui travaille comme hôtesse d’accueil dans un bar la nuit et serveuse dans un restaurant le jour. Lena est elle aussi tourmentée par un douloureux passé. Ils vont entamer une relation complexe.


Avis de Nasserjones :
Quand on lit le synopsis de Madalena, je vous accorde qu’il n’y a vraiment rien d’excitant et de bien original là-dedans. Un homme et une femme qui trainent chacun des grosses casseroles et qui se lancent dans une relation compliquée, ce n’est effectivement pas l’histoire la plus démente que vous verrez au cinéma cette année (ou plutôt sur votre télé ou PC si vous souhaitez tenter l’aventure parce-que celui-là vous avez 0.01 % de chances de le voir au cinéma en France). Je serai même tenté de dire que c’est l’histoire de ma vie et l’histoire de centaines de millions de gens à travers le monde. Et pourtant c’est un des plus beaux films que j’ai vus en 2022 pour l’instant, car Madalena est un film aussi simple que touchant.

Madalena n’est pas un film hongkongais mais Macanais. J’ai trouvé très peu d’informations sur sa réalisatrice Emily Chan mais il semble qu’elle soit elle-même originaire de Macao, qu’elle soit très jeune et que ce soit son premier film. Il s’inscrit en tout cas pleinement dans la lignée de cette nouvelle vague hongkongaise, de films dramatiques très réalistes à caractère social, qui a commencé à émerger il y a quelques années avec des œuvres comme Still Human, Beyond the Dream, Drifting ou I’m Livin It. C’est un film noir, très dur, qui suit le parcours de personnages très pauvres luttant comme ils peuvent pour survivre. Alors que le personnage de Lena partage une chambre avec trois autres immigrées clandestines, lave son linge dans le lavabo de la cuisine et alterne travail de jour et de nuit, mettant sa santé en danger en consommant plus d’alcool que de raison afin d’appâter les clients de son bar, Mada lui vit dans une chambre insalubre ressemblant plus à une cellule de prison. D’ailleurs le film commence comme un vrai film noir, il s’ouvre sur le personnage de Mada conduisant son taxi la nuit avec les néons des pancartes lumineuses de la ville se reflétant sur son pare-brise à la façon d’un bon vieux polar HK. Si l’ami Jonathan-Asia regrettait sur sa chaîne le fait que la ville de Macao ne soit pas assez exploitée, j’ai trouvé au contraire que Macao et ses lumières de nuit étaient très bien filmées et que la ville était un personnage à elle toute seule dans ce métrage.

Pour un premier film, j’ai trouvé la réalisation de Emily Chan irréprochable, que ce soit dans sa photographie, ses cadrages, son montage, c’est un sans-faute, le tout sublimé par une magnifique bande son mélancolique qui reste en tête longtemps après le visionnage. Et puis il y a son magnifique duo d’acteurs Chrissie Chau/Louis Cheung. Ils crèvent tous les deux l’écran. Elle est belle, lui plutôt moche, elle est jeune, lui plus âgé mais pourtant il y a une vraie alchimie entre eux, on y croit totalement en leur histoire. Une grosse partie de la réussite de ce film repose sur les prestations respectives des deux acteurs hongkongais. Le choix des acteurs a été très bien pensé d’ailleurs car Madalena est avant une histoire d’amour entre deux âmes perdues que le destin rapproche et l’attirance des deux personnages est avant tout une attirance humaine avant d’être une attirance physique. Un acteur plus beau ou plus jeune pour donner la réplique à Chrissie Chau aurait sans doute enlevé au film une part d’humanité et de cette simplicité si touchante qui fait mouche dans cette histoire.

D’habitude quand j’écris une critique, même si j’ai adoré le film, j’essaie d’être un minimum objectif et de souligner quand même les défauts qui m’ont semblé apparents lors de mon visionnage. Je procède généralement en rédigeant une thèse et une antithèse, c’est un des seuls trucs qui m’est resté de mes cours de français en troisième (oui j’ai arrêté l’école très jeune). Mais cette fois-ci, eh bien il n’y aura pas d’antithèse. C’est simple, dans son genre petit drame humain, je trouve ce film parfait. Je ne lui ai trouvé aucun défaut notable ou alors le plaisir que m’a procuré cette petite histoire d’amour dramatique, si simple et si touchante, m’a fait perdre tout esprit critique. Sans doute d’autres en trouveront plus d’un défaut à ce Madalena, mais moi je n’ai tout bonnement pas envie de le faire. Emily Chan, merci beaucoup pour cet instant de bonheur et j’espère à bientôt ma grande.

LES PLUS LES MOINS
♥ Le duo d’acteur Chrissie Chau/Louis Cheung
♥ La réalisation
♥ La photographie
♥ L’écriture des personnages
♥ La bande son
⊗ …

Madalena est une très belle histoire d’amour dramatique, tournée dans la ville de Macao qui brille de mille lumières la nuit venue. Avec une belle photographie, une belle réalisation, une belle bande son et un duo d’acteurs Chrissie Chau/ Louis Cheung qui crèvent l’écran. Un premier film remarquable de la jeune Emily Chan.

LE SAVIEZ VOUS ?
• Chrissie Chau a été nominée aux Hong Kong Awards dans la catégorie meilleur actrice mais a perdu face à Cya Liu nominée pour sa prestation dans Limbo.

• Madalena a été tourné en cantonais mais est à ce jour uniquement disponible sur une chaine de streaming chinoise dans sa version doublée en mandarin.



Titre : Madalena / 馬達·蓮娜
Année : 2021
Durée : 1h35
Origine : Macao / Hong Kong
Genre : Drame
Réalisateur : Emily Chan
Scénario : Emily Chan

Acteurs : Louis Cheung, Chrissie Chau, Marina De Senna Fernandes, Peng Shiteng, Chan Sai-Ping, Em Moi, Emily Yau, Beth Lum, Lao U-Hang, Leong Lok-Chi, Im Lok-Wa

 Ma Daat Lin Na (2021) on IMDb


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Auteur : Nasserjones

Fan névrosé de cinéma HK, élevé aux girls with guns et heroic bloodsheed, j'essaye depuis quelques années de me soigner comme je peux en m'ouvrant un peu plus à des films plus intimistes et différents. Des Philippines au Kazakhstan, de la Corée à l'Indonésie, je poursuis tant bien que mal mon auto-thérapie.
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