[Film] Les Dents de la Nuit, de Vincent Lobelle et Stephen Cafiero (2008)


Sam, Prune et Alice sont trois amis squatteurs de soirées. Le jour où ils dénichent des invitations pour la très mystérieuse Nuit Médicis, ils pensent avoir décroché le gros lot… Ils déchanteront vite en découvrant que leurs hôtes sont des vampires et que tous les invités sont là pour leur servir de buffet.


Avis de Cherycok :
Même quand on s’intéresse au cinéma de genre français, force est de constater qu’il n’y a que peu d’incursions dans le cinéma fantastique. Alors oui, il y en a quelques-unes, et ce depuis tout temps, encore tout récemment avec Le Dernier Voyage (2021), mais ce n’est clairement pas le genre le plus prolifique. Par contre, des comédies, ça, on en a des caisses, trop même sans doute, au point qu’on a l’impression qu’elles finissent par toutes se ressembler. Parfois, et c’est encore plus rare, certains tentent de sortir du lot, en mélangeant comédie et fantastique, comme Vincent Lobelle et Stephen Cafiero, deux zigotos venus de la publicité qui pour leur premier film en 2008 se pointent avec une parodie de films de vampires intitulée Les Dents de la Nuit. Défoncé par une bonne majorité de critiques, boudé par le public (le film sort en plein été), Les Dents de la Nuit est une grosse pantalonnade qui, bien que pouvant en laisser certains complètement indifférents, ne se prend jamais au sérieux.

Réalisé avec 5.5M€ de budget, ce qui est plutôt honorable sans être extraordinaire, Les Dents de la Nuit est donc une comédie fantastique française qui va se vouloir un pastiche des films de vampires. Il va ici être question d’un groupe de fêtards qui va réussir à s’incruster à une soirée soi-disant prestigieuse, dans laquelle on ne rentre pas sans invitation. Une soirée luxueuse, où les invités sont conduits par hélicoptère dans un lieu tenu secret, mais qui est en fait organisée par des vampires qui ont envie de se faire un bien beau festin de frêles humains. Notre trio gagnant va donc essayer de survivre à cette soirée, aidé par d’autres fêtards rencontrés sur place, avec comme ligne de mire le fait de se barrer le plus vite possible de ce château de fous. Alors clairement, nous sommes loin du film du siècle. Sur bien des aspects, le film se rate. Mais Les Dents de la Nuit a un côté réjouissant car rares sont les comédies du genre qui tentent de proposer autre chose qu’un énième film sur les clichés raciaux, sur les clichés sociaux, sur les clichés régionaux. Ici, nous sommes dans une bonne grosse comédie bien crétine, bien potache, bien décalée, dans laquelle on aura rajouté un soupçon de gore. Point de grosses têtes d’affiches ici, mais pourtant bon nombre de têtes connues. Patrick Mille (Raid Dingue, la série Baron Noir), Julie Fournier (Nos Jours Heureux), Frédérique Bel (La Minute Blonde sur Canal), Vincent Desagnat (Les 11 Commandements, Babysitting), Hélène de Fougerolles (Le Péril Jeune, Assassins), Sam Karmann (La Cité de la Peur), Antoine Dulery (Mariages, Meilleur Espoir Féminin), Julien Boisselier (Le Convoyeur, Les Femmes de l’Ombre), Stéphane Freiss (Bienvenue chez les Ch’tis) ou encore Tchéky Karyo (Nikita, Dobermann). Ils cabotinent plus qu’ils ne jouent, pas très bien en plus, mais cela reste raccord avec la tonalité du film, un peu bordélique, foutraque, mais totalement jouasse.

S’il y a quelque chose qu’on ne peut pas reprocher à Les Dents de la Nuit, c’est son dynamisme. Passée la mise en place qui aurait mérité d’être raccourcie, quand le film est lancé, on ne l’arrête plus. Le film ne se prend jamais au sérieux, personne n’y a peur du ridicule, et on va assister à une avalanche de gags. Certaines scènes et/ou situations sont vraiment excellentes (Bloody Chantal, certains effets de style pour cacher les dents des vampires), d’autres sont vus et revus (la parodie du Titanic) ou juste complètement ratés (le coup du chien). L’aspect parodique, dont le film ne se cache jamais, ne marche pas non plus tout le temps. Les réalisateurs empruntent aux Nuls, aux Monty Python, à l’humour british plus récent parfois même (Shaun of the Dead est passé par là), sans jamais atteindre ses inspirations. C’est souvent bas du front, parfois pipi caca, souvent décalé, mais il y a un tel enthousiasme et une telle bonne humeur que pas mal de blagounettes font leur petit effet jusque dans les effets gores. Les réalisateurs y vont avec leurs gros sabots sur les blagues sur les blondes, sur les vampires, sur les références cinématographiques (Le Bal des Vampires, Blade, Une Nuit en Enfer, …), mais il y règne un tel joyeux bordel qu’il est clairement possible d’y passer un bon moment. Le côté absurde et déjanté est assumé jusqu’à la scène finale complètement WTF (le livre de sorts). Alors il est certain que pour avoir une très bonne blague, il faut s’en farcir 3 bien plus douteuses, voire complètement ratées, mais couplé à une réalisation plutôt réussie, aussi bien au niveau des décors, des SFX ou des maquillages, Les Dents de la Nuit n’est pas le film catastrophique annoncé. Il est même plutôt sympathique dans son genre.

LES PLUS LES MOINS
♥ Une avalanche de gags…
♥ Très rythmé…
♥ Bonne humeur communicative
⊗ … pas tous très heureux
⊗ … mais un début longuet
⊗ Acteurs souvent en roue libre
Note :
Les Dents de la Nuit est une comédie horrifique française qui nous balance tellement de gags à la gueule qu’il y en a forcément des réussis au milieu. Le résultat n’est certes pas mémorable, mais suffisant rythmé et enjoué pour passer un bon moment.

LE SAVIEZ VOUS ?
• Bien que très séduits par le scénario du film, les réalisateurs des Dents de la nuit, ont souhaité aller plus loin. « L’histoire de ce film est un concours de circonstances. L’histoire de base nous a intéressés et nous avons tout de suite été tentés de l’entraîner vers un ton plus délirant, plus absurde, sans pourtant rien perdre du réalisme. Nous avons commencé par réécrire une quinzaine de scènes dans le style que nous souhaitions donner au film. Ensuite, tout est allé très vite » explique Vincent Lobelle. Et David Gauquie, l’un des producteurs du film, d’ajouter : « Ils ont introduit un second degré tout en maintenant l’équilibre entre les éléments de comédie et le réalisme du film d’horreur. Leur humour fonctionne au mieux avec des moyens démesurés ».
• Pour la pose de son maquillage, Stéphane Freiss devait endurer à chaque fois une séance de 6 heures ! La raison principale de cette longueur étant que certains maquillages recouvraient les acteurs du buste au sommet de la tête. Stéphane Freiss n’est pas un cas isolé; Tchéky Karyo, qui incarne le grand maître des vampires, a dû subir le même supplice !
• Côtés influences cinéphilies, Vincent Lobelle et Stephen Cafiero reconnaissent avoir ratissé plus que large pour nourrir leur film et leur style visuel. Cela va ainsi du polar Little Odessa (James Gray, 1995) à la comédie Un jour sans fin d’Harold Ramis, la comédie déjantée Mary à tout prix des frères Farrelly, avec un soupçon de…Apocalypse Now ! Sans oublier enfin les influences d’Alain Chabat et de Mel Brooks !


Titre : Les Dents de la Nuit
Année : 2008
Durée : 1h25
Origine : France
Genre : Sang pour sang français
Réalisateur : Vincent Lobelle, Stephen Cafiero
Scénario : Vincent Lobelle, Stephen Cafiero

Acteurs : Patrick Mille, Julie Fournier, Frédérique Bel, Vincent Desagnat, Hélène de Fougerolles, Sam Karmann, Antoine Dulery, Tchéky Karyo, Julien Boisselier

 Les dents de la nuit (2008) on IMDb


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Auteur : Cherycok

Webmaster et homme à tout faire de DarkSideReviews. Fan de cinéma de manière générale, n'ayant que peu d'atomes crochus avec tous ces blockbusters ricains qui inondent les écrans, préférant se pencher sur le ciné US indé et le cinéma mondial. Aime parfois se détendre devant un bon gros nanar WTF ou un film de zombie parce que souvent, ça repose le cerveau.
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