
C’est la nuit… Rip Berner, un jeune vétérinaire travaillant dans le zoo d’une ville d’Europe du Nord, reçoit un appel téléphonique urgent de son ami Nat Werner, un inspecteur de police, pour l’informer que des milliers de rats se sont échappés des égouts et ont attaqué un couple de jeunes gens dans leur voiture. Mais à son retour au zoo, quelle n’est pas sa stupeur de découvrir que les cages sont ouvertes et vides… Panthères, léopards, ours, éléphants se sont échappés et envahissent la ville.
Avis de Cherycok :
Crazy Bear et son ours qui s’enfile de la cocaïne n’a pas inventé grand-chose et dès les années 70, on a eu des films avec des animaux qui pètent un plomb, parfois après avoir ingéré des substances qu’elles n’auraient pas dû. Dans le genre, il y a Wild Beasts, Les Bêtes Féroces Attaquent dans la langue de Molière, une bobine assez marquante, pas toujours pour les bonnes raisons, qui en 1984 a été nominé pour le Grand Prix au Festival du Film Fantastique d’Avoriaz. Les Bêtes Féroces Attaquent est réalisé par Franco Prosperi, pas le réalisateur rital le plus connu mais pourtant un réalisateur important car son premier film, Mondo Cane (1962), a donné naissance à un nouveau genre cinématographique, le mondo. On lui doit néanmoins les réussites Adieu Afrique (1966), Les Négriers (1971), ou encore Mondo Candido (1975). Les Bêtes Féroces Attaquent est son dernier film, après quoi il abandonne le cinéma pour reprendre ses activités ethnologiques et naturalistes en Afrique
Les tournages avec des animaux ne sont jamais simples, les tournages avec des animaux sauvages le sont encore moins et il a fallu ici prendre toutes les précautions. Trois soigneurs d’animaux étaient constamment présents sur le plateau avec des pistolets tranquillisants mais, malgré ça, ça n’a pas été de tout repos. Par exemple, lors de la séquence avec le tigre dans le tunnel du métro, la bête a réussi à s’échapper et à se cacher, empêchant pendant plusieurs heures les employés de venir travailler. Un éléphant a marché sur le pied du réalisateur lors de la scène à l’aéroport. L’acteur Antonio Di Leo a failli être décapité par un ours polaire lors de la scène finale (c’est visible dans le film). Clairement, ça n’a pas dû être de tout repos… Le scénario est simple. Dans un zoo, alors que les animaux sont anormalement agités, un incident fait que toutes les portes des cages s’ouvrent, en plus des éléphants qui, avec leur force naturelle, se mettent à défoncer murs et autres portails. Les animaux vont semer la zizanie en ville. Comment ont-ils été contaminés ? Par l’eau qu’on leur donne à boire. Qu’est-ce qui les a contaminés ? Une substance chimique. Le film va se centrer sur le vent de panique que génère ce genre de situation et sur la gestion de crise qui va suivre, tout en étant très généreux sur les différentes attaques, arrivant à renouveler le type d’animal qui attaque pour éviter toute redondance. Le final est par contre assez étrange, semblant presque sortir d’un autre film et fait un peu artificiel comparé au reste, comme s’ils n’avaient pas su comment mettre un terme à ce scénario et qu’ils étaient partis sur autre chose. Le jeu d’acteur est en demi-teinte, tout comme les dialogues qu’on leur fait jouer, mais ils n’ont de toutes façons pas la place de s’installer car le film fait trop la part belle aux attaques d’animaux. Les maquillages et effets gores parfois craspecs, comme ce cadavre en partie grignoté suite à une attaque de centaines de rats, sont d’ailleurs du plus bel effet.
Les Bêtes Féroces Attaquent se déroulant de nuit, on regrettera que de nombreuses scènes soient très sombres. Certes, cela permet de cacher un peu les choses pour la réalisation, car non, les acteurs ne se font pas réellement découper par les bêtes féroces qui attaquent, mais pour le spectateur, ça gâche clairement la visibilité. On remarque vite que ce n’est pas ce qui intéressait le plus le réalisateur. Il voulait montrer des bêtes sauvages qui s’en prenaient à des humains, c’est ce qu’il a fait, mais sans trop se soucier de la manière dont cela serait mis en scène. On est plus dans du voyeurisme (à cause de son passé dans le Mondo ?) que dans de la vraie mise en scène réfléchie. Certaines des attaques sont assez impressionnantes et sauvages, surtout lorsqu’on voit bien que c’est un vrai animal qui est filmé en train d’attaquer un acteur/cascadeur. Sur certains plans serrés, on comprend vite que ce sont des têtes empaillées qui sont utilisées, histoire qu’il n’arrive rien aux acteurs, tout comme certains animaux s’attaquent clairement à des humains en carton / caoutchouc, mais l’effet escompté et bien là et à l’écran, on reste parfois ébahi par le résultat vraiment réaliste de la chose et certains moments sont tout simplement marquants. Et parfois, ils ne sont pas marquants pour les bonnes raisons car, comme ça se faisait parfois dans les films années 80 en Italie, mais aussi en Asie (je vous renvoie à ma chronique de Red Spell Spells Red), certaines scènes de cruauté envers les animaux sont tout bonnement inacceptables. Certains rats sont noyés, brulés ou piétinés vivants ; une hyène est jetée dans un enclos à cochons et s’attaque à ceux-ci ; même chose avec cette lionne au milieu d’un troupeau de vaches. Et que dire de ce chat qui semble avoir été collé au sol afin qu’il ne puisse pas s’échapper pendant qu’il se fait manger vivant par des dizaines de rats… on peut clairement voir la détresse dans son regard. Je me souviens aujourd’hui pourquoi je m’étais juré de ne plus voir de films du genre Mondo, et même si Les Bêtes Féroces Attaquent n’en fait pas réellement partie, il en est quelque part un héritier.
LES PLUS | LES MOINS |
♥ Les attaques animales impressionnantes ♥ Des maquillages gores sympathiques ♥ Des scènes marquantes ♥ La bande originale |
⊗ La cruauté envers les animaux ⊗ Un jeu d’acteur en demi-teinte ⊗ Des dialogues moyens |
Note : |
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Les Bêtes Féroces Attaquent est une sympathique curiosité qui comporte son lot de scènes marquantes. Mais elles ne marquent pas toujours pour les bonnes raisons et les scènes de cruauté envers les animaux sont tout bonnement inacceptables. |
LE SAVIEZ VOUS ?
• La bande originale du film s’est avérée inutilisable, ayant été enregistrée sur ce que l’acteur Dan Grimaldi a qualifié « d’équipement peu moderne ». La bande sonore, dans son intégralité, a dû être réenregistrée et doublée.
• La maison utilisée dans ce film est aujourd’hui le siège du musée de l’Atlantic Highlands Historical Society dans le New Jersey. Elle tombait en ruine au moment du tournage et, peu après, en 1980, la ville l’a condamnée et l’a vouée à la démolition. C’est alors que la société historique locale s’est mobilisée et a acheté la propriété. Elle s’appelle aujourd’hui le Strauss Mansion Museum, du nom d’Adolph Strauss, qui a fait construire la maison en 1893.
LES BÊTES FEROCES ATTAQUENT est disponible chez The Ecstasy of Films blu-ray (10€) et en DVD (5€). Il est disponible à l’achat ici : https://the-ecstasy-of-films.com/ En plus du film, on y trouve : Entretien avec le réalisateur Franco Prosperi (28min), Rencontre avec Stanislas Choko qui nous parle de sa boutique et de l’histoire de l’affiche de cinéma (23min), Entretien avec Maurizio Trani (16min), Dissection du film par Sébastien Gayraud (Auteur et historien « Joe d’Amato, le réalisateur fantôme », « Mondo Movies et les films de cannibales – Reflets dans un oeil mort »), Entretien avec l’acteur Tony Di Leo, Entretien avec le dompteur d’animaux, fils de Roberto Tiberti, Carlo Tiberti, Bande annonce VOSTFR, Galerie Photos, Catalogue Editeur. |
Titre : Les Bêtes Féroces Attaquent / Wild Beasts – Belve Feroci
Année : 1984
Durée : 1h32
Origine : Italie
Genre : Ça croque sous la dent
Réalisateur : Franco Prosperi
Scénario : Franco Prosperi
Acteurs : Lorraine De Selle, Antonio Di Leo, Ugo Bologna, Louisa Lloyd, John Stacy, Enzo Pezzu, Monica Nickel, Stefania Pinna, Simonetta Pinna, Alessandra Svampa