[Film] Le Baltringue (2010)


Mr Guy, aussi populaire que loufoque, est un animateur à succès d’une émission de télé-achat. Et comme la nature fait quelques fois bien les choses, Mr Guy se trouve malencontreusement et pour son plus grand plaisir embarqué dans une sombre histoire mêlant les services secrets de la république à un réseau de dangereux trafiquants venus de l’Est. Sa rencontre explosive avec Sam, le mystérieux agent secret missionné pour démanteler le réseau va permettre à Mr Guy de se glisser enfin dans la peau d’un véritable héros.


Avis de Cherycok :
Alors que je me baladais tranquillement sur la toile, j’aperçus dans un coin de site un lien vers un article au doux titre « Les 10 plus mauvais films français de tous les temps ». Il était évident que, en tant que grand amateur de mauvais films sympathiques, ma souris se dirige d’un mouvement élancé vers ledit article car, comme beaucoup le savent ici, ‘a pas peur moi ! Et puis je suis curieux, c’est comme ça. 10ème position, 9ème, 8ème… le podium se rapproche à chacun de mes coups de molette pour laisser apparaitre le champion de ce top, le dénommé Le Baltringue, film de 2010 écrit et interprété par Vincent Lagaf’, celui-là même qui présentait Le Bigdil ou, plus proche de nous pour les plus jeunes, Le Juste Prix. J’ignorais l’existence même d’un tel film (oui, car sinon, il aurait déjà été chroniqué bien entendu). Ni une ni deux, me voilà parti à sa recherche car oui, je trépigne déjà d’avance de voir ce soi-disant plus mauvais film français de tous les temps. Une fois procuré, je le rentre dans mon petit logiciel de gestion de filmothèque. Et là, surprise ! Lorsque j’active un tri permettant de classer les films du moins bien au mieux noté sur IMDB, il arrive premier ! Sur environ 1000 films ! Oui, ce film est encore plus mal noté que mes navets The Asylum de requins à moult têtes, que mes Jim Wynorski d’heroic fantasy lowost des années 80, ou encore que mes post-nuke philippins fauchés ! C’est beau. Sur le moment, j’en ai même eu le kiki tout dur. Je me devais de le voir. Vite. Je voulais subir cette expérience. Mais seul, sans témoin, pour ne pas qu’on se moque de mes rires nerveux. Car oui, rire nerveux il y a eu devant un tel « spectacle ». Car pour vous donner un ordre d’idée, à coté de Le Baltringue, Les Bronzés 3, Cinéman, Camping 2 et 3, Taxi 5, Coursier et autres Asterix aux Jeux Olympiques, sont des putains de chefs d’œuvres du 7ème art.

Replaçons les choses dans leur contexte car cela est nécessaire même si tout le monde s’en fout. Vincent Lagaf’, présentateur vedette cabotin et grimaçant de TF1 de longue date, arrive vers sa production avec un scénario de son cru qu’on devine, connaissant un minimum le bonhomme, bien crétin. Contre toute attente, TF1 l’envoie bien bouler. Oui, TF1 n’a même pas voulu produire ça. C’est déjà un premier signe… Il se tourne donc vers Canal+ et là, victoire ! Enfin pas tout à fait. On impose une réécriture du scénario pour en faire un buddy movie, on y donne un budget bien en dessous de ce qu’il serait nécessaire pour le genre, et on colle à la barre Cyril Sebas, réalisateur de Gomez vs Tavarès, suite absolument dégueulasse du pourtant regardable Gomez et Tavarès. Deuxième indice… Le film est tourné en 2008 mais, sans doute à la vue du résultat catastrophique qu’ils ont dû découvrir les yeux écarquillés, Canal le sort tout discrètement deux ans plus tard, dans un nombre restreint de salles, en prenant soin de ne le laisser pas plus d’une semaine. Troisième indice… Résultat des courses, à peine 40000 spectateurs au box-office, et un film se situant au-delà du nanar et du navet, pas même utilisé pour combler de longues nuits sur les chaines de la TNT entre une énième rediffusion des Bidasses en Folie et de Mon Curé chez les Thaïlandaises. Un « véritable test de résistance nerveuse » comme j’ai pu lire sur la toile. Un peu comme si Max Pécas était revenu d‘entre les morts, qu’il avait été voir Philippe Clair, et qu’il lui avait dit « Hey Philou, ça te dit qu’on fasse une bonne grosse croute débile comme il y a 30 ans ? ». Oui, je suis sûr que ça aurait pu donner cette chose.

Nous sommes donc ici dans un buddy movie à la française, façon La Chèvre, L’Emmerdeur, Les Fugitifs, Le Boulet ou encore Opération Corned Beef, avec deux personnages que tout oppose, où l’un devient rapidement un fardeau pour l’autre. Original n’est-ce pas ? Et au milieu de tout ça, Vincent Lagaf’. Il était déjà énervant, voire irritant à la télévision. Ici c’est encore pire. Une espèce de show 100% Vincent Lagaf’ parfaitement consternant, où ça grimace, ça gesticule, ça danse, ça cabotine… Le kiki tout droit d’excitation du début laisse place aux poils hérissés sur les bras et aux dents qui grincent. C’est tout bonnement insupportable, consternant. Tellement consternant qu’on est pris de fous rires de désespoir. Vous savez, ce genre de fou rire nerveux quand une situation est complètement désespérée… Et au final, on rigole. On rigole beaucoup même. Pas pour les bonnes raisons certes. Mais n’est-ce point-là le principe même d’un nanar ? J’oserais dire oui ! Mais là, non. Le Baltringue est au-delà du nanar. Le Baltringue provoque des rires de gêne, des rires de tristesse même, mais pas réellement de la sympathie. Car l’humour y est affligeant, gras, vulgaire, débile. Ah, je me souviendrai longtemps de ces fameux « Plus concentré que moi, y’a le lait », « – ça va niquer ma couverture ! / La prochaine fois, t’as qu’à prendre une couette ! », ou encore un magnifique « Compote de culs ». Oui, « Compote de culs ». Tout est dit. Amen.
Mais d’ailleurs, y’avait-il un dialoguiste ? La question se pose vraiment, car on a réellement l’impression qu’on a mis Lagaf’ dans des scènes et qu’il lui a dit « Vas-y, fais du Lagaf’, mais surtout, fais en des tonnes ! ». Mais le pire dans tout ça, c’est qu’on a du mal à lui en vouloir à ce pauvre Vincent. Lui il fait ce qu’il a toujours fait. Quelqu’un lui a dit « oui » pour faire ça dans un film. Ils n’étaient pas obligés. Pourquoi nous voulaient-ils du mal comme ça !?!

Ah là là, si ce n’était que ça. Ah bah oui, parce que ce n’est pas tout hein. Il y a Lagaf’, certes, mais il y a le reste. TOUT LE RESTE. Vous vous doutez bien que si j’emploie le tout majuscule dans la phrase précédente, en le mettant en gras, c’est que même si Vincent Lagaf’ prend une place considérable dans cet étron subatomique, c’est que le reste est du même niveau. Ben c’est vrai quoi, à quoi ça sert d’avoir une mise en scène de compétition, une photographie somptueuse, des seconds rôles intéressés, une bande son intense si c’est pour tout pourrir avec un petit chauve un peu gras du bide tentant vainement de gesticuler comme un Louis de Funès sous ecstasy. Déjà, une comédie d’espionnage sans budget, c’est chaud. Y rajouter un humour de merde en prime, c’est suicidaire. Mais saloper absolument tout ce qui est salopable (Page 348, ligne 25 du « Petit dictionnaire des mots inventés), ça tient presque du génie. Le casting ? Il a l’air de se demander ce qu’il fait là, avec des acteurs et actrices aux abonnés absents, complètement désintéressés. Petit exemple : le grand méchant russe qui dans la majorité de ses scènes semble avoir oublié qu’il doit parler avec un accent sentant bon la vodka. Ou à l’inverse, encore plus hystérique que le présentateur de TF1, à l’instar du comédien belge Jean-Luc Couchard qui arrive à être encore plus hystérique que Bernard Farcy dans les Taxi (Z’avez vu ces références haut de gamme ?). Et le pire, c’est qu’on se pose sincèrement la question si Vincent Lagaf’ n’est au final pas celui qui joue le mieux. Les dialogues ? Moisis du derch, mais on en a déjà parlé… Ah c’est sûr, n’est pas Michel Audiard qui veut hein… La mise en scène ? Cadrages ratés, aspect fauché de tous les instants (ah ces casinos pour riches avec 4 figurants), montage étrange, scènes qui s’enchainent étrangement, comme s’il en manquait, … Les scènes d’action ? A partir du moment où la scène d’action la plus épique est une course de voiturette de golf, je pense qu’il n’y a pas besoin de s’étendre plus. Le scénario ? Quel scénario ? Ah oui, le scénario…
En fait, plus le film avance et plus on se demande comment c’est possible de s’être dit « Le héros il va dire ça, ça va être trop marrant » ou « Après, il va faire ça et le public va être mort de rire ! ». Et je ne vous parle même pas des clichés car ça serait repartir sur un paragraphe supplémentaire (ah ces gays qui sont forcément efféminés) et je pense qu’il ne doit plus rester un seul lecteur sur cette chronique.

LES PLUS LES MOINS
♥ C’est court ! ⊗ La mise en scène
Les gags
Les dialogues
Les acteurs
Les scènes d’action
Le Baltringue n’est pas un nanar. Le Baltringue n’est pas un navet non plus. Le Baltringue est bien au-delà de tout ça, dans les hauteurs stratosphériques des films qu’on regarde les yeux écarquillés, pris de fous rires nerveux ou de détresse, c’est selon. Ce genre de film pour lequel on se dit une fois que le générique de fin retentit « Mais qu’est-ce que je viens de voir… ».



Titre : Le Baltringue
Année : 2010
Durée : 1h19
Origine : France
Genre : Pourry Movie
Réalisateur : Cyril Sebas
Scénario : Bibi Naceri, Vincent Lagaf’

Acteurs : Vincent Lagaf’, Philippe Cura, Frédéric Vilches, Jean-Luc Couchard, Thaïs Kirby, Ken Samuels, Jo Prestia, Noom Diawara, Albert Sounigo

 Le baltringue (2010) on IMDb


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Auteur : Cherycok

Webmaster et homme à tout faire de DarkSideReviews. Fan de cinéma de manière générale, n'ayant que peu d'atomes crochus avec tous ces blockbusters ricains qui inondent les écrans, préférant se pencher sur le ciné US indé et le cinéma mondial. Aime parfois se détendre devant un bon gros nanar WTF ou un film de zombie parce que souvent, ça repose le cerveau.
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