[Film] La Princesse, de Le-Van Kiet (2022)


Lorsqu’une jolie princesse au caractère bien trempé refuse d’épouser le cruel sociopathe auquel elle est fiancée, son père, fou de rage, la fait enlever et enfermer dans une tour isolée du château. Face à un prétendant vindicatif et méprisé qui n’a de cesse de chercher à usurper le trône paternel, elle va devoir trouver des solutions radicales pour non seulement protéger sa famille et elle-même, mais aussi sauver tout le royaume…


Avis de Cherycok :
Je vous ai parlé y a peu de The Requin, étron atomique de 2022 dans lequel Alicia Silverstone, que tout le monde semblait avoir oubliée, nous montre l’étendue de son absence de talent, et où le réalisateur vietnamien Le-Van Kiet (Furie) nous fait comprendre qu’il est prêt à accepter tout et n’importe quoi comme projet afin de s’implanter aux États-Unis. Mais ce n’est pas son seul projet de 2022 puisque le bougre vient de réaliser pour la Fox… enfin, pour Disney+ (sur Hulu aux States) un film tout sobrement intitulé The Princess, La Princesse dans nos presque vertes contrées. Vous ne connaissez pas ce film ? C’est sans doute parce que depuis l’avènement de la SVOD et le fait que chaque plateforme sorte ses films dans son coin sans passer par la case Cinéma il est aujourd’hui difficile de savoir tout ce qui est disponible. Mais quelque part, ce n’est pas bien grave si vous ne connaissez pas The Princess, car c’est clairement pas terrible…

Avec The Princess, Disney continue de détricoter petit à petit le mythe de la princesse fragile et innocente qu’ils ont eux-mêmes aidé à construire des années durant. On est ici dans du wokisme pur et dur, avec une princesse badass qui n’a besoin de personne même sans Harley Davidson. Fini les princesses ressemblant à des poupées barbies, ici on choisit Joey King (The Kissing Booth, The Conjuring) et son charisme particulier. Fini les princesses qui attendent leur prince charmant, ici elle refuse le mariage forcé et en a rien à foutre des conséquences. Fini les princesses fragiles, ici elle va casser des gueules à grand coup de high kick dans les dents et autres clés de bras. Fini les princesses aseptisées, ici elle va trancher des gorges et transpercer des têtes à grand renfort de giclées de sang. Oui, voilà, une princesse badass 2.0 en mode féministe à fond les ballons où le girl power est le maitre mot, où, en plus donc d’essayer de donner une autre vision de la princesse, Disney semble nous dire : « Hey, venez chez nous, ce n’est pas que pour les enfants. Regardez, chez nous aussi y’a des mâchoires déboitées et des effets gores ! ». Même si bon, on reste Disney, donc on estampille la production 20 Century Fox… euh, 20 Century Studios. Bref.

Le scénario est très simple. On a un méchant bad guy, Julius, interprété par Dominic Cooper, qui rêve de pouvoir et il se dit que s’il pouvait se marier avec la fille du Roi (qui par manque de chance n’a pas eu de garçon), il pourrait régner en maitre sur le royaume mouahahahahaha (*rire diabolique*). Sauf que cette saleté de petite effrontée de princesse, bah elle ne veut pas et se barre du mariage en tortillant du derrière. La bougresse ! Ni une ni deux, Julius élabore un stratagème diabolique ! Comme il ne veut pas prendre le royaume par la force parce qu’il veut avoir le peuple de son côté, il se dit qu’il va enlever la princesse enfermée dans sa chambre tout en haut de la tour. Ensuite, grâce à son armée menaçante, il va martyriser tout le monde, roi, reine, suivants, population, afin qu’ils assistent sans moufter à un mariage forcé avec la princesse. Parce qu’apparemment, procéder ainsi ne choque pas trop le peuple. Bah oui, ils ont des lances sous la gorge, ils ne vont rien dire. Sauf que la Princesse, attachée dans son lit ou pas, bah elle n’est toujours pas d’accord. Parce qu’elle est libre comme l’air, elle fait ce qu’elle veut, et elle se mariera si elle a envie de se marier. A son réveil, elle se détache, défonce la gueule des mastodontes qui la surveillaient et va descendre étage par étage, dégommant un à un les dingos qui oseraient se mettre sur son chemin. Ah oui, je ne vous ai pas dit. Durant toute sa jeunesse, elle a suivi un entrainement de kung fu très poussé grâce à sa servante asiatique qui a dû se dire « Hey, si un jour on essaie de te marier de force, tu pourras en défenestrer quelques-uns grâce à ce que je vais t’apprendre ». Bon, et puis comme ça, après Mulan et Shang Chi, on continue de draguer la Chine avec des personnages asiatiques. Et donc une fois tout en bas de la tour, il faudra qu’elle fasse comprendre à Julius que non, elle n’est pas la princesse qu’il recherche.

The Princess… J’avoue, je n’attendais rien de ce film vu que j’ai appris son existence il y a quelques jours à peine et il ne m’a pas déçu : je n’en attendais rien, il ne m’a rien donné. Si on devait le définir en quelques mots, imaginez un The Raid premier du nom ou un Dredd version 2012, mais à l’envers. Ah, et en moins bien aussi, en beaucoup moins bien. Notre princesse est tout en haut d’une tour, et elle va devoir arriver tout en bas et rencontrer à chaque étage des culs à botter. C’est à peu près tout. Le principe a donné des bons films, les deux cités ci-dessus par exemple, mais Le-Van Kiet ne semble pas avoir les épaules pour ce genre de projet. Alors oui, The Princess est très rythmé. Il n’y a quasiment aucun temps mort, et les 1h34 passent très vite sans qu’on s’y ennuie. Certaines scènes d’action sont d’ailleurs plutôt correctes si on n’est pas trop regardant. Mais le film dans son ensemble est raté. Le jeu des acteurs est cataclysmique. Une fois de plus, Dominic Cooper fait un méchant risible (il n’y a guère que dans la série Preacher qu’il s’en sort). Olga Kurylenko semble se demander ce qu’elle peut bien foutre là et l’actrice principale, Joey King donc, semble plus à l’aise pour mettre des coups dans les roustons que pour faire passer des émotions. Visuellement, le film ne s’en sort guère mieux. Bien que la mise en scène soit plutôt honnête, les CGI sont souvent moches. Le sang numérique est, comme d’habitude, raté, et les fonds verts sont ultra visibles. Les décors font parfois très cheap et on sent que le maitre mot était « économie ». Le film a d’ailleurs été tourné en Roumanie, comme à la belle époque des DTV de Jean Claude Van Damme et autres Steven Seagal. Et enfin, l’autre gros problème du film, c’est qu’il se prend beaucoup trop au sérieux et certaines scènes sont bien risibles là où il aurait été bien plus intéressant de jouer la carte du 2ème, voire 3ème degré. Du coup, au lieu de se marrer comme des baleines AVEC le film, on se marre DU film (la scène avec le gros barbare par exemple). On n’est parfois pas bien loin du nanar involontaire (le vrai donc), sauf que je ne suis pas sûr que c’est ce qui était recherché.

LES PLUS LES MOINS
♥ Quelques combats sympathiques…
♥ C’est rythmé
⊗ … D’autres beaucoup moins
⊗ Un casting qui n’y croit pas
⊗ Une esthétique dégueulasse
⊗ Des scènes ridicules
⊗ Se prend trop au sérieux

Bien que l’idée de départ ne soit pas mauvaise et que, objectivement, on ne s’ennuie pas, The Princess est un bien beau ratage. Si c’est avec ça que Disney cherche à promouvoir le néo-féminisme, ils ne sont pas sortis du sable.

LE SAVIEZ VOUS ?
• Le film se déroule probablement autour de ce qui est aujourd’hui le Royaume-Uni. La Chine et le Japon n’y sont pas allés à l’époque médiévale.

• En plus de The Requin et The Princess qu’il a tourné pour les States, Le-Van Liet a sorti un 3ème film en 2022, dans son pays d’origine, le Vietnam. Il s’agit d’un film d’horreur qui s’appelle The Ancestral



Titre : La Princesse / The Princess
Année : 2022
Durée : 1h34
Origine : U.S.A
Genre : Badass
Réalisateur : Le-Van Kiet
Scénario : Ben Lustig, Jake Thornton

Acteurs : Joey King, Dominic Cooper, Olga Kurylenko, Veronica Ngo, Kristofer Kamiyasu, Antoni Davidov, Radoslav Parvanov, Ed Stoppard, Alex Reid

 La Princesse (2022) on IMDb


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Auteur : Cherycok

Webmaster et homme à tout faire de DarkSideReviews. Fan de cinéma de manière générale, n'ayant que peu d'atomes crochus avec tous ces blockbusters ricains qui inondent les écrans, préférant se pencher sur le ciné US indé et le cinéma mondial. Aime parfois se détendre devant un bon gros nanar WTF ou un film de zombie parce que souvent, ça repose le cerveau.
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