[Film] La Guerre des Rose, de Jay Roach (2025)


Ivy et Theo forment un couple parfait à qui tout réussit : des carrières couronnées de succès, un mariage épanoui, des enfants formidables… Mais sous les apparences de cette vie idéale, une tempête se prépare… Alors que la carrière de Theo s’écroule et que celle d’Ivy décolle, leurs ressentiments et leur rivalité jusque-là étouffés vont bientôt exploser.


Avis de Cherycok :
On vit une époque pas forcément très reluisante en termes d’originalité au cinéma avec des remakes comme s’il en pleuvait. On a vraiment l’impression que les mecs se réunissent autour d’une table et que la première question qu’ils se posent, c’est « Qu’est-ce qu’on n’a pas encore remaké ? ». Et l’un d’eux semble avoir répondu « La Guerre des Rose ! On n’a pas remaké La guerre des Rose ! C’est une comédie cultes des années 80, à l’humour noir ravageur, il faut qu’on en fasse une nouvelle version ! ». Bon, ça n’en sans doute pas dû se passer comme ça, mais une chose est sûre, c’est qu’un nouveau film La Guerre des Rose a été mis en chantier et qu’il est arrivé il y a peu dans les salles obscures. A vrai dire, il ne s’agit techniquement pas d’un remake car de nombreux éléments de l’intrigue diffèrent du film de Danny DeVito de 1989, nous sommes plus dans une réinterprétation du roman de Warren Adler de 1981, The War of the Roses, bien que le réalisateur Jay Roach (Austin Powers) ait déclaré qu’il voulait malgré tout rendre hommage au film de 89. Le résultat est sans appel, cette cuvée 2025 est en tout point inférieure au film original, bien qu’elle ne soit pas dénuée d’intérêt.

La Guerre des Rose retrace l’ascension et l’implosion de Theo et Ivy rose, un couple parfait en apparence mais qui va péricliter, puis finir par exploser, lorsque la carrière de Theo va être stoppée nette alors que celle d’Ivy va décoller. A partir de là, une certaine distance émotionnelle va s’installer dans le couple, les petites rancœurs vont s’accumuler, la complicité va laisser place à l’égoïsme et leur quotidien va devenir une guerre silencieuse où l’envie va côtoyer l’orgueil, jusqu’à ce que le couple explose et que cette guerre soit bien plus directe. S’il y a bien quelque chose que La Guerre des Rose réussit, c’est ses dialogues plein de répliques acides et de fions tranchants. Le ping-pong de saloperies que les deux protagonistes s’envoient a quelque chose de réjouissant. Lorsque les manipulations mesquines arrivent et que leurs affrontements deviennent absurdes, on monte un cran au-dessus dans la cruauté jusqu’au point de non-retour où le duel vire au face à face absurde avec moult mobilier et autres ustensiles de cuisine qu’on s’envoie joyeusement dans la gueule jusqu’à ce que la maison conjugale devienne un champ de ruine, à l’instar de ce qu’est devenu leur couple. Si les répliques fonctionnent autant, c’est parce que le duo Olivia Colman / Benedict Cumberbatch s’implique à fond. Cumberbatch incarne parfaitement ce personnage à la rage contenue, mélange d’arrogance et de vulnérabilité. Colman est savoureuse entre douceur et cruauté sans jamais tomber dans l’insupportable. Ils sont la colonne vertébrale du film et la première partie du film, où on voit le couple tomber amoureux et construire sa vie ensemble, est tendre et réaliste. Là où le film est malin, c’est dans sa manière d’actualiser la guerre des sexes avec la carrière de la femme qui explose alors que celle de l’homme s’enlise, comme si le film s’interrogeait sur le rôle de l’homme dans un couple moderne, sans jamais tomber dans les clichés voire le manichéisme. On a d’un côté un homme qui va essayer de rebondir mais qui va se heurter au bonheur de réussite de sa femme. De l’autre, on a une femme qui a envie droit à son heure de gloire après des années à s’occuper de son foyer et qui ne veut pas qu’on lui enlève ce bonheur. Une idée des plus intéressantes mais qui ne concrétisera jamais réellement car La Guerre des Rose a quelque chose de frustrant.

Le film original était un petit bijou d’humour noir. Cette version 2025 essaie de jouer sur ce terrain-là mais n’y arrive pas tout à fait. Tout d’abord, il ne va clairement pas assez loin dans la méchanceté, ni dans la violence conjugale, ni dans la destruction morale, comme s’il fallait que le film ne contrarie personne. Et même lorsque sur le final tout s’accélère, il n’y a jamais de vrai choc émotionnel. On ne ressent jamais réellement cette gêne de rire de quelque chose d’affreux et lorsqu’on sent la tension monter dans le couple, ça n’explose jamais vraiment. Ensuite, c’est vraiment beaucoup trop long à démarrer. Il faut attendre les vingt dernières minutes pour qu’enfin on ait droit à l’humour noir, bien que trop poli, qu’on est venu chercher. Durant l’heure et quart qui précède, le film oscille entre comédie et tragédie mais sans jamais réellement choisir entre les deux, comme si La Guerre des Rose avait le cul entre deux chaises, ce qui empêche la satire que Jay Roach met en place de réellement fonctionner. Avec une durée plus resserrée, peut-être que cela aurait mieux fonctionné, mais en l’état, on ne peut s’empêcher de trouver parfois le temps un peu long. Alors oui, on sourit de temps en temps, on s’amuse à trouver les références au film original comme lorsque le gros lustre d’écrase au sol, mais on ne peut s’empêcher de ressentir une certaine frustration, voire carrément de se sentier un peu floué qu’une fois de plus, un film contemporain n’ose pas à aller à fond dans son sujet, surtout lorsqu’il est un semi-remake d’un film qui le faisait. D’autant plus que toute la promotion, et en particulier les bandes annonces, s’est faite sur ce côté une comédie noire déjantée avec ce couple se livrant une guerre de plus en plus absurde, mais au final, lorsque ça arrive sur les 20 dernières minutes, tout a déjà été montré dans lesdites bandes annonces. C’est réellement dommage que La Guerre des Rose ne soit pas plus équilibré dans sa structure narrative car le regard plutôt intelligent et cynique sur la façon dont le succès et l’amour peuvent voler en éclats lorsqu’ils sont laissés sans surveillance était intéressant, mais Jay Roach n’a pas réussi à gérer ça. Le film a été un semi-échec au box-office, 51M$US de recettes pour un budget de 30M$US hors promotion, il faut croire que le public a lui aussi été déçu que cette cuvée 2025 ne se rapproche pas plus de la version de 1989 bien plus méchante.

LES PLUS LES MOINS
♥ De bonnes idées…
♥ Les 20 dernières minutes du film
♥ Le duo Olivia Colman / Benedict Cumberbatch
♥ Des dialogues bien écrits
⊗ … pas toujours bien exploitées
⊗ Pas assez méchant
⊗ Une mise en scène un peu trop académique
Bien qu’il ne soit pas déshonorant, La Guerre des Rose version 2025 n’a clairement pas le mordant et la méchanceté de l’original de 1989 de Danny DeVito. En résulte un film sympathique, certes, mais un peu longuet et trop gentillet.

LE SAVIEZ VOUS ?
• Kathleen Turner, star de La Guerre des Rose (1989), a assisté à la première et a fait l’éloge de la performance d’Olivia Colman.

• Il était au départ prévu que la voix de l’ordinateur de maison HAL soit faite par Kathleen Turner, cette dernière avait même acceptée. Mais il n’en sera au final rien, les producteurs ayant peur que le public se focalise trop là-dessus au lieu du reste.



Titre : La Guerre des Rose / The Roses
Année : 2025
Durée : 1h45
Origine : Angleterre / U.S.A / Australie
Genre : Comédie pas assez noire
Réalisateur : Jay Roach
Scénario : Warren Adler, Tony McNamara

Acteurs : Olivia Colman, Benedict Cumberbatch, Kate McKinnon, Andy Samberg, Ncuti Gatwa, Sunita Mani, Zoë chao, Jamie Demetriou, Delaney Quinn, Ollie Robinson


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Auteur : Cherycok

Webmaster et homme à tout faire de DarkSideReviews. Fan de cinéma de manière générale, n'ayant que peu d'atomes crochus avec tous ces blockbusters ricains qui inondent les écrans, préférant se pencher sur le ciné US indé et le cinéma mondial. Aime parfois se détendre devant un bon gros nanar WTF ou un film de zombie parce que souvent, ça repose le cerveau.
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