[Film] Hotel Artemis, de Drew Pearce (2018)


Dans un Los Angeles quasi post-apocalyptique de 2028, Miss Thomas dirige un hôtel d’un genre très particulier, spécialisé dans les soins en urgence pour criminels ayant payé leur cotisation annuelle. Les règles hyper-strictes y sont les garantes d’un refuge où l’on peut débouler en cas d’extrême urgence. Alors que L.A. est à feu et à sang suite à une révolte populaire contre la cupide compagnie privée en charge du fonctionnement de l’eau potable, qui vient d’être coupée dans la ville, l’hôtel et ses membres vont connaître une nuit… très agitée.


Avis de Cherycok :
Le nom de Drew Pearce ne vous dit sans doute rien et pour cause, Hotel Artemis est sa première réalisation. Jusque-là, il n’avait œuvré qu’en tant que scénariste sur quelques blockbusters tels que Iron Man 3 ou Mission Impossible 5, ou encore sur la série anglaise No Heroics (qu’il a également produit). Mais le bonhomme a plus d’un tour dans son sac puisque, pour son premier film, avec seulement 15M$US de budget. Il arrive à réunir un casting des plus prestigieux, et notamment Jodie Foster qu’on n’avait pas vue sur les écrans depuis 2013 dans le Elysium de Neill Blomkamp puisque cette dernière semble se concentrer sur sa carrière de réalisatrice. Le résultat est encourageant, sorte de thriller de SF en huis-clos, à défaut d’être marquant.

Hotel Artemis est ce qu’on appelle un « film de personnages », des personnages qu’il faut rendre attachants ou détestables dès les premiers instants afin que le spectateur puisse les aimer ou souhaiter leur mort à chaque plan. Pour se faire donc, Drew Peacer a réussi à réunir un excellent casting, même si tous les rôles ne se valent pas. Sterling K. Brown (Black Panther) incarne un braqueur de banque qui, suite à un casse qui tourne mal, vient se réfugier dans le fameux Hotel Artemis, sorte d’hôpital underground où sont soignés tous les gens qui sont en général refusés dans les hôpitaux qu’on qualifiera de plus « classiques ». Charly Day (Pacific Rim 2) joue le rôle d’un trafiquant d’arme roublard, misogyne et xénophobe, là pour se faire soigner de l’œil gauche. Sofia Boutella (Kingsman, Atomic Blonde) est une tueuse à gage de chic et de choc qui a pour mission de tuer un des patients de « l’hôpital ». Jeff Goldblum (La Mouche, Jurassic Park) incarne le grand mafieux du coin qui vient se faire soigner d’une vilaine blessure. Il est accompagné par son fils, joué par Zachary Quinto (Star Trek version 2009), une petite frappe un peu tête brulée. Tous sont très bons, même s’ils sont éclipsés par le duo Jodie Foster (Le Silence des Agneaux) / Dave Bautista (Les Gardiens de la Galaxie). Un duo absolument délectable tant dans le décalage de morphologie entre les deux acteurs que dans les relations presque mère / fils qu’ils entretiennent au sein de l’hôpital. Jodie Foster, grimée en petite vieille, électrise à chacun de ses plans par son jeu tout en justesse. Dave Bautista exploite, sans commune mesure, tout l’aspect comique qu’une telle carrure peut lui apporter.
Le problème, c’est que ces deux personnages vont provoquer un quasi désintérêt pour le spectateur envers les autres personnages qui du coup vont être relégués presque au second plan, même pour le « héros » interprété par Sterling K. Brown. C’est le risque à prendre lorsqu’on met un personnage trop fort.

Hotel Artemis nous présente un ambiance futuriste et dystopique au visuel très travaillé. L’ambiance est sombre, crasseuse, avec un côté très vintage rappelant certains films de SF des années 80/90 (vous avez dit Blade Runner ?), effleurant même le cyberpunk à certaines reprises (l’implant dans l’œil par exemple). Drew Pearce soigne son esthétique et maitrise clairement son sujet en termes de mise en scène. C’est visuellement léché, et malgré le budget de série B alloué au film, son univers reste crédible du début à la fin même si on ne fait qu’effleurer tout son potentiel (mais en 1h30, dur de faire plus). Le huis-clos est très bien géré, la tension monte crescendo. Le film souffre par contre d’un manque d’inventivité au niveau de son scénario dans le sens où il est relativement prévisible. On sait que cette tension assez lente dans toute sa première heure est là pour amener une explosion de violence pour le final et on attend patiemment que cela arrive. Ce déchainement de violence est lui aussi bien mis en boite. L’action y est lisible, la violence brute et sèche, le tout très bien chorégraphié et magnifiant la plastique de Sofia Boutella. Mais là aussi, ça manque clairement d’enjeu, tout comme d’une réelle fin, et on se rend compte au final que le film qu’on vient de voir est certes maitrisé, plutôt efficace, mais un peu creux. Un peu comme si on avait un gros potentiel mais qu’il n’avait pas été correctement exploité.

LES PLUS LES MOINS
♥ Le duo Foster / Bautista
♥ L’esthétique générale
♥ Décors bien exploités
⊗ Il manque une vraie fin
⊗ Pas vraiment d’enjeu
Sous ses airs de blockbuster mais sans en être un, Hotel Artemis est une série B plutôt sympathique, à la mise en scène soignée, au casting trois étoiles, mais qui manque clairement d’envergure.



Titre : Hotel Artemis
Année : 2018
Durée : 1h34
Origine : U.S.A / Angleterre
Genre : Je dis « Faut se taire »
Réalisateur : Drew Pearce
Scénario : Drew Pearce

Acteurs : Jodie Foster, Dave Bautista, Sterling K. Brown, Sofia Boutella, Jeff Goldblum, Zachary Quinto, Brian Tyree Henry, Jenny Slate, Charlie Day, Kenneth Choi

 Hotel Artemis (2018) on IMDb















0 0 votes
Article Rating

Auteur : Cherycok

Webmaster et homme à tout faire de DarkSideReviews. Fan de cinéma de manière générale, n'ayant que peu d'atomes crochus avec tous ces blockbusters ricains qui inondent les écrans, préférant se pencher sur le ciné US indé et le cinéma mondial. Aime parfois se détendre devant un bon gros nanar WTF ou un film de zombie parce que souvent, ça repose le cerveau.
S’abonner
Notifier de
guest

6 Commentaires
le plus ancien
le plus récent le plus populaire
Inline Feedbacks
View all comments