[Film] Hantise, de Jan de Bont (1999)

Sous prétexte de les guérir de leurs insomnies, le docteur David Marrow a invité à « Hill House » trois de ses patients, Theo, jeune femme belle et élégante; Luke, cobaye professionnel qui est venu pour gagner un peu d’argent ; et Lili, fragile, sensible et vulnérable. En réalité, le docteur conduit une expérience sur les mécanismes de l’angoisse. Or, le château de « Hill House », lugubre résidence construite au XIXe siècle par le richissime industriel Hugh Crain, homme cruel et tourmenté, a la réputation d’être hanté.


Avis de Rick :
Hantise, ahlala Hantise, voilà bien un sujet épineux pour beaucoup de cinéphiles, et même pour les professionnels du milieu. Je l’avais découvert en location, un an après sa sortie cinéma, donc en 2000, le même jour où j’avais découvert, également en location, un autre remake du même genre de la même année, à savoir La Maison de l’Horreur, de William Malone. Si le film de Malone est loin d’être parfait, autant dire que le fait de l’avoir vu directement après Hantise a eu un effet assez spécial, qui fait que je lui voue une grande sympathie. Un remake peu subtil, bourrin, mais qui a au moins des idées, une bonne ambiance et un bon casting. Hantise de l’autre côté… Remake de La Maison du Diable de Robert Wise, film culte de chez culte, adaptant le roman de Shirley Jackson, le film avait déjà une très lourde responsabilité sur ses épaules. Car il n’est jamais facile de passer après un tel monument de cinéma, même si, avec pas mal de recul, le film de Wise a quelques défauts, mais souvent contrebalancés par une mise en scène et une tension plus que réussies. Et l’idée d’en faire un remake ne datait pas d’hier. Au départ produit par Spielberg lui-même, celui-ci demande à Stephen King d’en écrire un premier jet. Les deux hommes ne sont pas d’accord sur la direction, et King partira écrire Rose Red à la place. Puis c’est Wes Craven qui doit réaliser, avant de quitter le film aussi pour se préoccuper de Scream. Finalement, Jan de Bont, sortant de deux succès (Speed et Twister), arrive sur le projet, malgré l’échec de son précédent et troisième film, Speed 2. Il bénéficie d’un budget de 80 millions, d’un tournage en Angleterre, mais quelques soucis rendent le remake difficile. En fait, disons le de suite, il ne s’agît pas d’un remake, puisque la société n’avait pas les droits pour en faire un, et le film adapte donc de nouveau le roman, mais ne pouvait pas alors répliquer un seul plan du film de Wise. Et au vu du résultat catastrophique, c’est mieux ainsi. D’ailleurs, faisons simple, Steven Spielberg, producteur exécutif du film, fut dégouté du résultat final et retira son nom du générique, s’assurant que sa participation n’était mentionnée nul part.

Et on le comprend le petit Spielberg, car le résultat final de ce Hantise, ou The Haunting, signé par Jan De Bont, et bien il est vraiment catastrophique, sur quasiment toute la ligne. Pour l’anecdote, après ce Hantise, le monsieur devait réaliser Minority Report pour Spielberg, mais au vu du film et de la réaction de Spielberg, on comprend mieux pourquoi il aura préféré réaliser le film lui-même. On peut bien trouver un ou deux éléments éparpillés à sauver, comme par exemple le score musical de Jerry Goldsmith, ou encore les décors même du film, majestueux, énormes, mais rien de surprenant vu le budget de 80 millions, pour un film où finalement, il ne se passe pas grand-chose. Mais durant la première demi-heure, ça fonctionne d’ailleurs. On fait la connaissance du casting principal (un bon casting, de base), on voit d’ailleurs un petit rôle tenu par Virginia Madsen que j’ai toujours plaisir à voir à l’écran, puis on arrive directement dans la maison. On découvre les longs couloirs et l’architecture étrange du bâtiment en même temps que les personnages, et on se dit qu’avec un tel décor, Jan de Bont, s’il ne fait pas tout exploser comme à son habitude, a de bonnes cartes en main. Seulement passé cette longue introduction qui prend son temps, le reste s’écroule. Le film enchaîne alors, à un rythme pourtant assez mollasson, ce qu’il ne faut pas faire pour instaurer la peur. À savoir, enchaîner des idées ridicules d’un côté, et avoir un trop grand recours aux CGI de l’autre. À croire que pour viser un public actuel (actuel de 1999), lors d’une année où les gros films avaient recours aux nouvelles technologies (Matrix, La Momie, Star Wars Épisode 1), il fallait absolument y avoir recours, et donc en mettre plein la vue. L’ambiance fou le camp alors, et on enchaîne les situations improbables, les yeux médusés devant notre écran.

Notre fantôme se matérialise à l’écran, son visage apparaît dans des draps, dans les murs (Façon Les Griffes de la Nuit, mais en dégueulasse), au plafond, dans les reflets du miroir. Son background et sa motivation ? Il en a après les enfants… oui, les enfants, morts également, qui hantent également la maison… et qui nous feront rire de honte, lorsque les expressions des enfants sculptés dans le bois sur le lit vont changer suivant la situation. On se rend clairement compte du ratage lors d’une scène qui pouvait jouer habilement sur la tension et sur le décor, mais qu’il préfère alors rajouter des CGI hyper voyants, sans doute de peur que le public actuel ne comprenne pas Toute la subtilité, toute l’ambigüité fou alors le camp, tout doit être explicite, le spectateur doit tout se prend en pleine face et ne jamais douter de ce qu’il a devant lui. Le film perds alors tout son intérêt, et alors que l’on se demande ce que l’on fait encore là, on rira en se rendant compte que les acteurs semblent se poser la même question. Liam Neeson, Catherine Zeta-Jones, Lili Taylor, ils semblent tous en mode automatique. Mention à Lili Taylor, qui parfois semble en faire trop, avant de faire le minimum seulement un plan ensuite. Dur ! Et ne parlons pas du final, ridicule et oh combien raté. Le film flirte tellement souvent avec le ridicule que l’on en viendrait presque à se demander s’il ne s’agît pas d’une parodie, tellement certaines scènes auraient finalement plus eu leur place dans Scary Movie 2 que dans un film se voulant flippant et ambiancé. Quel gâchis, clairement. Gâchis d’un bon casting, gâchis d’un tel budget, d’un tel décor également. Un ratage qu’il est pour le coup difficile de défendre, tant la première demi-heure nous a fat croire à quelque chose que l’on n’aura jamais.

LES PLUS LES MOINS
♥ De beaux décors
♥ Le score de Jerry Goldsmith
⊗ Souvent ridicule
⊗ L’utilisation massive des CGI
⊗ Jamais flippant ou subtil
⊗ Des acteurs qui se demandent ce qu’ils font là
⊗ Mauvais remake/mauvaise adaptation
note2
Hantise a de quoi nous hanter, tellement c’est un ratage sur toute la ligne, malgré de base un bon casting et de superbes décors. Mais non, sa volonté d’être un film dans l’ère du temps se reposant sur une multitudes d’effets en fait un bon gros ratage, même pas amusant.



Titre : Hantise – The Haunting

Année : 1999
Durée :
1h51
Origine :
Etats Unis
Genre :
Fantastique
Réalisation : 
Jan de Bont
Scénario : 
David Self et Michael Tolkin
Avec :
Liam Neeson, Catherine Zeta-Jones, Owen Wilson, Lili Taylor, Marian Seldes, Bruce Dern, Charles Gunning et Virginia Madsen

 The Haunting (1999) on IMDb


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Auteur : Rick

Grand fan de cinéma depuis son plus jeune âge et également réalisateur à ses heures perdues, Rick aime particulièrement le cinéma qui ose des choses, sort des sentiers battus, et se refuse la facilité. Gros fan de David Lynch, John Carpenter, David Cronenberg, Tsukamoto Shinya, Sono Sion, Nicolas Winding Refn, Denis Villeneuve, Shiraishi Kôji et tant d'autres. Est toujours hanté par la fin de Twin Peaks The Return.
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